Cela a pris du temps, mais finalement, les communiqués de presse sont revenus dans nos vies. Après une période de choc face aux événements du 7 octobre, une routine a commencé à s'installer dans la réalité quotidienne, et avec elle, ces publications marketing, bien formulées par les agences de relations publiques et avides de publicité. Les messages tentent de naviguer entre les gouttes de sensibilité et de révéler les dimensions de l'innovation qui semble ne cesser de surgir même en cette période terrible. Entre autres choses, il y a eu des annonces concernant un chatbot conçu pour prodiguer les premiers soins aux victimes post-traumatiques, une entreprise qui développe des « yeux » pour les drones suicidaires, des lunettes de réalité virtuelle pour pratiquer les premiers secours médicaux complexes lors de « combats dans une ruelle », ou encore un développement destiné à « optimiser la diffusion des messages sur les réseaux sociaux » dans le cadre des efforts de plaidoyer israéliens.
Lorsqu’on parle du secteur technologique au cours de cette période, la majorité s’accorde sur le fait que, inévitablement, la mobilisation civile des premiers jours de la guerre devrait donner naissance à de futures entreprises innovantes qui prospéreront. Ils racontent comment, dans les quartiers généraux militaires et civils mis en place, que ce soit pour aider à localiser les disparus ou pour prendre en charge les évacués, des technologues se sont réunis – parfois sans connaissance préalable – pour tenter de trouver des idées nouvelles et inédites susceptibles d'apporter des réponses. à certains des problèmes urgents du temps de guerre. Comment ces étrangers talentueux sont devenus de nouveaux amis, des équipes et des partenaires sont nés et de nouvelles idées et projets sont forgés. C’est Israël : l’innovation d’une société endommagée.
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Guerre et innovation
(Illustration : Yonatan Popper)
1. Usine de production d'entrepreneurs
L’État d’Israël est un espace national où existe l’un des foyers les plus productifs d’entreprises innovantes. Le cas israélien unique est bien documenté : Tel Aviv compte le plus grand nombre de start-ups par habitant, le plus grand investissement mondial en recherche et développement, et abrite environ 270 sociétés multinationales, dont Google, Apple, Facebook et Microsoft. , qui ont créé plus de 350 centres de R&D. Israël abrite également des centaines de fonds de capital-risque et attire régulièrement des investissements sans cesse croissants qui ont atteint un sommet de 27 milliards de dollars en 2021, au sommet de la bulle mondiale de la haute technologie. À l’époque, Israël comptait environ 100 licornes, l’un des leaders mondiaux en nombre de licornes par habitant. Tel Aviv est connue depuis longtemps comme une « usine de fondateurs et d'entrepreneurs », qui les produit en masse, et le lieu où tout le monde se presse pour recruter du personnel de qualité.
Ces chiffres inhabituels sont considérés comme particulièrement extraordinaires en raison de la petite taille et du jeune âge du pays. Israël est donc devenu un modèle et un sujet de discussion pour tenter d’expliquer d’où vient l’abondance d’innovation qui nous a apporté la « Startup Nation ». Les spéculations abondent : insolence israélienne ; le caractère unique du pays qui le transforme en une sorte de « laboratoire » et guide les entrepreneurs à toujours « regarder vers l'extérieur » ; éducation à l'entrepreneuriat; l'hétérogénéité sociale fondée sur l'immigration du monde entier ; et l'exposition des soldats à des technologies de pointe. Certains parlent d’une culture locale qui tolère l’échec et encourage les gens à essayer encore et encore. D’autres décrivent la politique fiscale bénéfique au secteur, diverses subventions et avantages pour les investisseurs étrangers, ou mettent l’accent sur les programmes gouvernementaux destinés à encourager l’entrepreneuriat apparus en Israël dès le début des années 90 du siècle dernier.
Il semble que, dans une certaine mesure, tout soit vrai, et qu’une réponse complète doit inclure une très grande variété d’explications et de conditions contributives. Aucune personne ni explication ne peut à elle seule revendiquer la propriété du sujet (peu importe à quel point elle le prétend). Pour compléter le tableau, nous devons nous demander non seulement ce qui rend Israël unique, mais aussi ce qui rend les entreprises innovantes, en général, uniques. Pour ce faire, il faut s’intéresser à un foyer d’innovation plus vaste et bien plus connu : la Silicon Valley en Californie, aux États-Unis. Il existe également des conditions uniques ou un certain type d’exception, mais tant en Israël qu’aux États-Unis, il existe un facteur déterminant similaire : une sorte de situation existentielle biblique déprimante du « et par ton épée, tu vivras ».
Non seulement les États-Unis sont dans un état de « guerre sans fin » dans le cadre de la campagne sans fin contre le terrorisme dans le monde, qu'ils mènent depuis les attentats du 11 septembre, mais même avant cela, ils ont été impliqués dans une longue et continue lutte contre le terrorisme. guerres à travers le monde dans le cadre de la guerre froide. Ces événements, combinés aux guerres mondiales, ont motivé certains des développements les plus importants au monde, la base de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Silicon Valley. Qu’il s’agisse de l’énergie atomique ou de l’ordinateur, du cryptage ou d’Internet.
Ces dernières années, les États-Unis se sont de plus en plus accordés, au niveau diplomatique, l’autorité nécessaire pour poursuivre la guerre sans limitation de temps ni d’espace, tout en concevant des cadres juridiques officiels autorisant des assassinats ciblés. Le principal exécutant de cette politique était l’ancien président Barack Obama, sous la direction duquel l’armée américaine a lancé la campagne d’assassinat par drones. Il a été qualifié de « chasseur de terroristes le plus titré de l'histoire » lorsqu'il a établi les États-Unis non pas comme un pays engagé en faveur de la paix, mais comme un pays qui ne se limite pas dans sa guerre contre le terrorisme. Les drones ont été utilisés dix fois plus que leurs prédécesseurs à ce poste et ont tué des milliers de personnes. Son engagement dans la mission était si grand qu’aujourd’hui l’US Air Force forme plus d’opérateurs de drones que de pilotes. Obama a remporté le prix Nobel de la paix peu après son élection.
Dans ce contexte, la lutte des ingénieurs de Google ou d’Amazon contre les développements militaires et autres contrats gouvernementaux est parfois considérée comme socialement et historiquement sourde. Après tout, les guerres qui ont duré des décennies et partout dans le monde ont été et sont toujours la principale motivation des produits qu'ils développent. Les mêmes besoins militaires sont également directement responsables de l’architecture technologique qui régit notre existence. Qu'il s'agisse du réseau ouvert et décentralisé ou des assistants autonomes au service des machines de combat.
2. Une meilleure discussion autour de la bière
La thèse selon laquelle la guerre et les innovations technologiques qui l’accompagnent déterminent en grande partie l’histoire n’est bien sûr pas nouvelle. Il a été conceptualisé de manière assez convaincante par des théoriciens de droite et de gauche, parfois de manière plus déterministe et parfois moins, mais de la même manière, selon l’idée que le progrès humain est motivé par des guerres constantes et que ces guerres tirent parti de l’innovation technologique. Cette innovation technologique perpétue malheureusement cet état de guerre éternel entre les sociétés, les nations, les États ou les classes, selon à qui vous le demandez.
Si tel est le cas, il convient également de s'attarder sur la glorification de la puissance d'Israël en tant que nation startup et de se demander si l'existence des résidents de l'État d'Israël en tant que terrain fertile pour le développement de la technologie et de l'entrepreneuriat est bien le Saint Graal que nous devraient tous s'efforcer d'atteindre. Il est possible que l’innovation qui nous entoure tous signale non seulement notre unicité mais aussi les éléments brisés de notre société et peut-être – juste peut-être – il est préférable d’aspirer à un état d’existence lent et endormi d’une société heureuse et pacifique, où la détresse n'est pas grande et où il n'y a pas d'urgence à localiser les personnes enlevées avec des moyens technologiques avancés qui n'ont pas encore été développés. Peut-être préférons-nous la médiocrité européenne ou la préoccupation australienne persistante concernant le prix de la bière locale. Ce serait peut-être une existence plus agréable, avec un peu moins de licornes et des laboratoires d'intelligence artificielle essayant de développer un chatbot pour gérer les post-traumatismes des soldats, conçu pour les rééduquer rapidement sur le champ de bataille.
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