Johnny par Catherine Soullard - ISBN 978 2 268 06619 6 - 13 €
Un conseil ? Plongez vous dans Johnny Guitar, le western de Nicholas Ray (1954), puis entrez dans ce roman baigné des personnages du film. Vous goûterez ainsi plus complètement la belle écriture de Catherine Soullard qui nous raconte, par le biais de figures universelles, une histoire d'amour de jeunesse, perdue puis retrouvée, de son enfance et de sa mère. Ecrit comme une balade, un peu triste, ce récit dresse avant tout un portrait de femme, ayant peut-être les traits de Vienna, devenue dure et adulte, hantée par le souvenir d'une silhouette d'homme.
Un extrait...
"là où tu es parti, comment est-il le ciel, y a-t-il du vent aussi, est-ce qu'il souffle plus fort qu'au camp de la Gineste, est-ce que tu m'as aimée ou as-tu fait semblant et en ai-je été dupe, savais-tu que tu ne resterais pas, le savais-tu déjà au début de l'été, qu'étais-je vraiment pour toi, comment fais-tu sans moi, ai-je rêvé tout cela, ai-je tout inventé, cet amour, mon amour et cette vie à deux, je t'attends, je te hais et je t'aime, je te guette, je te cherche, je n'ai que toi en tête et je m'en veux de ça, je m'applique, je m'active, je fais semblant aussi, j'adopte des attitudes et ça marche parfois et je suis convaincue, je travaille tout le jour et j'ai de grands projets, oui je veux oublier, c'est ce que je proclame, ce que j'essaie de croire, je fais de gros efforts, rien n'est plus difficile que de cesser d'aimer, l'amour a la vie dure, et je rêve à ce jour où tu ne seras ni Claude, ni Johnny, où j'entendrai ces noms sans être blessée, où tu auras perdu ce pouvoir monstrueux que je t'ai laissé prendre, où tu pourras tout faire, où je ne souffrirai plus et plus jamais par toi, je n'aspire qu'à ça, je serai libre enfin, je n'étoufferai plus, tu m'as donné les clés, t'en es-tu rendu compte, je suis ce que je suis, c'est toi qui m'as armée."
Quelques images du film en chanson...
Note de lecture : 3/5Un grand merci à Mélanie Fouqué pour l'envoi !! La fiche éditeur
La fausse veuve par Florence Ben Sadoum
ISBN 978 2 20726073 9 - 13 €
Comment l'amour survit-il à l'absence ? Une femme, dix ans après le drame, raconte comment elle a aimé un homme, l'a accompagné pendant son coma, à l'hôpital après un grave accident cérébral, comment ils se sont parlés entre battements de paupières et frôlements. Elle est celle qu'il a choisi, quelques semaines avant l'accident, pour qui il a quitté femme et enfants. Pourtant, au seuil de la mort elle n'est plus rien face à celle, légitime, qui reste la "seule et unique" veuve de l'homme dont elle connaît si intensément chaque creux de peau.
Ce roman est une belle surprise, malgré le pathos évident du thème. La narratrice conte avec beaucoup de délicatesse, de force et de pudeur cet amour inachevé qui s'accroche et se perd dans la maladie puis la mort mais ne meurt jamais réellement dans les souvenirs. Entre religion, vie sociale, passé et présent, Florence Ben Sadoum nous raconte ici l'histoire d'une femme d'aujourd'hui, ni plus forte ni meilleure qu'une autre, mais seule et digne face au deuil et à la douleur.
Un extrait...
"C'est quoi le coma ? Je l'ai appris au cinéma. Un corps nu et immobile envahi de tuyaux reliés à des machines. Autour, plein de gens qui s'affairent dans un calme qui rassure. Un décrochage, une parenthèse. Koma, c'est une virgule en allemand, une virgule dans le temps de vie des autres et dans la vôtre surtout. Vous êtes soudain là sans être là. Le temps se dilate étrangement autour de ce corps qui monte et qui descend, qui respire presque tout seul. Il s'installe, s'étire et se partage. Le temps avec toi est minuté par l'équipe soignante qui n'octroie qu'une heure par jour à deux personnes dans ton blox. Comme un cheval. Et encore deux personnes récurées au savon bactéricide qui doivent enfiler une blouse, un bonnet et des chaussons bleus en papier tissé. Avec cette tenue ridicule, on ressemble plutôt à des spermatozoïdes sortis d'un film de Woody Allen."
Un grand merci, pour ce livre, à Violaine et au site Chez-les-filles.com
D'autres blogueuses se sont penchées avec plus ou moins de bonheur sur ce titre : Lily, Loutarwen, Cathulu...