Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

Publié le 12 décembre 2023 par Concerts-Review

Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

michel

Arnaud passe du four, Le Barbe, samedi, au moulin, le Chaland qui Passe, dimanche.

Bidouillage sonore pour whoman à Plouha, re-belote pour Blue Tone Stompers à Binic.

Quoi?

Blue Tone, une guitare de chez Höfner?

Peut-être, et stompers, des gens qui pratiquent le swing, mais pas la savate, ni l'uppercut.

Les Blue Tone Stompers sont originaires du Doubs, d'une ville qui a vu naître Victor Hugo, ils ne sont pas misérables, ils ont économisé pour s'offrir des instruments de musique et pratiquer un ska/rocksteady , franc, au goût de comté, sans piano du pauvre , l'outil traditionnel des bardes, qui n'ont pas voulu travailler à la chaîne chez Peugeot.

Ils sont quatre: Corentin Lallouet : saxophone, choeurs/ Victor Prost : batterie/ Claudio Ibarra / contrebasse, choeurs et Rudy Delage : chant, guitare.

Leur bio, inexistante, mentionne un premier 45 t en mai 2021, suivi par l'album ἐπώνυμος en 2023.

Le temps d'écluser un ou deux godets et la formation prend place, alors que le bistrot est généreusement peuplé, en cette fin d'après-midi.

'Come down' de Lord Tanamo ( un gars étant passé par les Skatalites), qui sent bon les productions du label Trojan Records, ouvre les débats.

Premières impressions, ça balance pas mal, le timbre du shouter présente de curieuses similitudes avec la voix grasse de Louis Armstrong ou avec les effets opératiques, produits par l'organe vocal de Screamin' Jay Hawkins.

Un roulement de batterie jamaïcain amorce ' King of kings' de Jimmy Cliff, le sax, d'abord en saccades, place une digression languide, la contrebasse électrique, la guitare et les drums servant de background aux rugissements du lion pas encore mort, ce soir.

Marie-Jeanne et Bernadette, sa copine, chaloupent comme les Hollywood Bananas de Lou, tu ne quittes pas le tabouret déniché près du bar, c'est ta bière qui sautille sur le comptoir.

Le midtempo gluant, 'Come back Jeannie' de Laurel Aitken nous renvoie vers les pionniers du ska, bizarrement, le morceau adopte la même rythmique que 'Just a Gigolo' de Louis Prima.

Une nouvelle vieillerie, dépoussiérée, ' (Went to) The Hop' de Derrick Morgan, groove généreusement et réjouit le bon peuple.

Si la guitare se contente du rôle de comparse, tout comme la basse, la batterie solidifie le tout et le sax, fluide, vagabonde librement, alors que le chant, en growls édulcorés, dégage une chaleur moite, toute caribéenne.

C'est sympa, te souffle une voisine, connaissez-vous le nom du groupe?

The Ethiopians, madame.

Suis pas certain qu'elle ait avalé ce poisson!

Dans le catalogue Blue Beat, une des stars se nommait Prince Buster, le Doubs propose son ' Fake King' , une plage qui remue gentiment, entre ska, reggae et calypso.

Le rythme nonchalant de 'Jacky' est tout à coup brisé par une éclaboussure aux drums, avant de mourir en jazz décontracté.

Pour suivre 'Jacky', présent sur leur LP, on retrouve un classique, au répertoire des Upsetters, le mento ' Ten Penny Nail' , selon Rudy, une recette, basses calories, de tête de veau .

Si tu tiens à l'essayer.... Any time you goine to cook an ole cow-head, Get hammer, tie yo head wid coolie red, for it mek a poor man nearly lose 'im life, lef 'im house an' picanin nearly lose 'im life.... la suite dans Marmiton de novembre 1956.

Tu dis, Marie- Agnès?

Le morceau sonne comme 'Scandale dans la famille' de Sacha Distel. Sans doute, il s'agit d'une adaptation du calypso 'Shame and Scandal in the Family' de Lord Melody.

'Dracula' n'est pas un comte/vampire vivant en Transylvanie, c'est un morceau de Desmond Dekker, un brave gars qui n'était pas assoiffé de sang.

Il n'y a pas que Diana Ross à chanter ' Upside down' , pas mal d'artistes jamaïcains ont intitulé un de leurs titres 'Upside down', notamment Michael Prophet, Tony Tuff ou Joe Higgs , seulement on n'a pas mis le doigt sur l'original, repris par les gens de Besançon.

L'instrumental 'One like that' se retrouve sur leur album .

Du rocksteady pur jus permettant la mise en évidence du baryton, bien râpeux.

Rudy: ' Black dressed man' a été composé en hommage à un ami disparu, les hommes noirs étaient dans le cortège funèbre.

La complainte démarre en guitare/voix, style Tom Waits, avant l'insertion d'un sax Stan Getz et l'arrivée du reste du cortège, un excellent morceau, tout en émotion, qui clôture le premier set.

"On boit un coup et on revient."

Comme ils n'ont pas indiqué à quelle heure et qu'ils avaient l'air d'avoir très soif, après dix minutes, tu te dis qu'il fallait rejoindre madame, si tu voulais être autorisé à consommer un Bourbon tassé.

D'après le patron du bar: les Blue Tone Stompers étaient fatigués... on n'a fini qu'à 4h., ce matin!