Préambule: désolé de ne pouvoir répondre à vos comm mais je n'ai pas accès à mon blog mais uniquement à sa partie administrateur. D'ailleurs, comme je ne vois pas non plus les photos que je télécharge et que je n'ai pas de rendu, il peut peut-être y avoir quelques bugs. Désolé.
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Après plusieurs jours de grand beau temps, Pékin est sous la flotte. Mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de profiter de ces Jeux. Au programme de ce jeudi, un petit tour ce soir à l'athlé pour la finale de Doucouré puis retour express au centre de presse pour suivre à distance la finale du saut d'obstacles à Hongkong (je ne retourne finalement pas là-bas, l'investissement étant trop important au regard de la place que je devrais avoir dans le journal). Conséquence, je ne pourrai pas assister à la finale féminine de foot où j'espère bien que les Brésiliennes vont battre les Américaines (même finale qu'il y a quatre ans à Athènes). Mais bon, encore une fois, on ne peut pas être partout. Auparavant, je vais sans doute aller faire un tour au pentathlon pour l'épreuve masculine (Amélie Cazé, notre double championne du monde entre en scène vendredi).
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- Comment êtes-vous passé de la natation au triathlon ?
- Après les Jeux olympiques de 1996, j’avais décidé de prendre ma retraite. Mais après quelques années et quelques kilos superflus, j’ai voulu reprendre le sport pour rester fit. J’ai recommencé à nager et puis à courir. A l’été 1998, j’ai participé à une course en eau libre. Et à l’arrivée, j’ai vu qu’il y avait un trail l’après-midi alors je l’ai fait. (note de son entraîneur : Sheila a battu tout le monde en natation y compris des nageurs universitaires et a battu toutes les femmes en course à pied). Après la course, l’organisateur (Lew Kidder) est venu me voir, m’a parlé d’un triathlon qu’il organisait trois semaines plus tard. Il m’a proposée de venir essayer. J’ai trouvé ça fun, j’ai acheté mon premier vélo, suis montée trois fois de suite et me suis lancée sur la course. Je me suis sentie bien (sur 400, elle a mis 6 minutes à toutes les féminines et a fini 6e au scratch) et quelques mois après Lew m’a appelée. Il m’a dit que je pourrais être bonne dans ce sport. Après quelques tests, il m’a dit que même si ça pouvait sembler insensé, j’avais une chance de faire les sélections américaines pour la première apparition du triathlon aux Jeux olympiques, en 2000, à Sydney. J’ai tendance à prendre des risques et l’idée de me présenter aux sélections dix-huit mois plus tard me tentait bien. J’ai dit oui. C’était en décembre 1998. Et en mai 2000, je remportais les sélections américaines. On ne connaît jamais ses limites avant d’avoir cherché à les atteindre.
- Non vraiment pas. Au départ, c’était juste un challenge personnel. J’avais déjà participé à des Jeux olympiques et je savais que les athlètes qui vont aux Jeux ne sont pas des surhommes. Ils sont étonnants bien sûr mais ils ne viennent pas d’une autre planète. Si Dieu vous a donné des talents athlétiques et que vous travaillez vraiment dur et intelligemment, vous pouvez réussir. Je savais que j’étais capable de travailler dur et Lew m’a dit qu’il allait essayer de m’apporter la part "d’intelligence". J’ai juste décidé de suivre la route et de voir ce qu’il adviendrait. Bien sûr, après avoir terminé 6e des Jeux, je savais que je pouvais rivaliser avec les meilleures. Mais ça m’a encore pris quatre ans et beaucoup de frustrations avant de finalement atteindre le top.
- Comment vous est venue l’idée du pentathlon moderne ?
- Quelques athlètes ont réussi à atteindre le top mondial dans deux disciplines différentes. Mais personne n’a jamais atteint le top niveau mondial dans trois disciplines. Alors, c’était mon challenge. Et comme je venais d’avoir 35 ans, si je ne le tentais pas maintenant, la fenêtre de l’âge se serait refermée. Mon premier choix n’était pas le pentathlon. Juste avant l’hiver 2004, je me suis dit : pourquoi ne pas essayer le ski de fond pour les Jeux de Turin. Bien sûr, je n’avais qu’un an devant moi et je n’étais jamais montée sur des skis de ma vie… Mais qu’est-ce que la vie sans challenge ?
J’ai contacté la fédération américaine de ski mais ils m’ont jetée. Vu que dans toute l’histoire, les Etats-Unis n’ont remporté qu’une seule médaille en ski de fond, et au regard de mon passé sportif, j’étais un peu surprise qu’ils se moquent. Je me suis dit : je vais leur montrer! J’ai acheté mon propre équipement. Et je suis partie à la recherche de la neige. J’ai débarqué à Marquette dans le Michigan, j’ai vécu dans un motel et j’ai skié entièrement seule. En janvier, j’ai participé à quelques courses avec des athlètes aux aspirations olympiques. Elles m’ont battue mais essentiellement sur les parties techniques. En revanche, je les rattrapais dans les montées. Je n’étais pas si loin. Mais j’étais trop éloignée de mes bases, de ma famille, de mes amis et avec aucun support de la fédération. Je ne parvenais plus à supporter la solitude et je suis retournée chez moi en Floride.
L’idée d’un troisième sport me titillait toujours. Et je me suis souvenue que Eli Bremer avait autrefois essayé de me recruter pour le pentathlon. En février 2005, j’ai repris contact. La fédération ne voulait pas trop m’offrir un support tangible mais ils m’ont quand même encouragée. J’ai acheté un pistolet, une épée et j’ai pris mes premières leçons. Trois ans plus tard, je suis là !
- C’était un mélange. Certains m’encourageaient pendant que d’autres me considéraient comme une menace. Et quand j’ai déménagé dans le Colorado pour m’installer au Centre olympique, lui et sa femme m’ont ouvert leur maison pour moi… et mes trois chats. Et bien sûr le Centre olympique m’offrait des facilités d’entraînement, de soins etc. C’était exactement ce dont j’avais besoin pour progresser. A mes débuts en triathlon, il y en a aussi eu qui ont tout fait pour ériger des barrières à ma progression. Si Lew ne s’était alors pas battu pour moi, ils auraient sans doute été capables de me bloquer. Ce ne fut pas vraiment le cas dans le pentathlon. Mais je sentais bien que certains avaient du mal à accepter l’idée que je puisse prendre une qualification qu’ils estimaient revenir à quelqu’un présent depuis plus longtemps dans la discipline. Je comprends, c’est humain. Je n’aime pas, mais je comprends.
- Ce fut l’une de mes principales sources de motivation. J’entendais que j’allais être ridicule, que cela nécessitait "au moins dix ans pour être compétent dans ce sport". J’ai compris le besoin de parfaire mon projet et d’acquérir les bases mais j’ai pensé que si je voulais vraiment faire en trois ans ce qu’un athlète normal réalisait en dix ans, peut-être que c’était possible. J’allais peut-être me ramasser, mais j’allais au moins essayer.
- Comment avez-vous vécu vos premières expériences dans vos trois nouveaux sports ?
- Je suis montée sur un cheval pour la première fois en 2005, dans un centre d’équitation près de chez moi en Floride. Je n’avais jamais approché un cheval et j’étais super excitée à cette idée… et un peu intimidée aussi. Ils m’ont posée sur leur cheval le plus docile, mais j’étais si haute que j’avais l’impression que je pouvais apercevoir le comté voisin. On n’a rien fait, juste tourné dans le manège, mais j’étais complètement " stone ". Le même mois, la fédé américaine basée à San Antonio m’a invitée à venir passer des tests. L’entraîneur en chef, Viktor Svitenko m’a donné les premières leçons de tir et d’escrime. Je n’avais pas non plus d’expérience avec les armes à feu. J’étais nerveuse, super vigilante à ne pas pointer l’arme dans la mauvaise direction.
Pour mes débuts en escrime, Viktor m’a mise en face Dennis Bowsher (pentathlète américain). Je rebondissais sur lui comme quand on fait un pogo, dans une attitude super offensive. Je ne savais pas trop ce que je faisais, mais j’étais complètement à l’attaque. Le pauvre Dennis avait en face de lui cette pile électrique et ne pouvait marquer que s’il me touchait au poignet.
- Travaillez-vous vos points faibles ou développez-vous vos points forts ?
- La devise de Lew est "travaille tes points faibles" ce qui dans mon cas signifie travailler dans les trois sports. Mais je suis une nageuse et une coureuse et si ces disciplines s’érodent, cela va perturber toute ma vision de la vie. Alors je m’entraîne dur dans les cinq sports. Dans la théorie ce n’est peut-être pas l’approche idéale mais c’est ce qui fonctionne le mieux pour moi.
- Quelle est votre motivation ?
- Au début, j’avais de nombreuses motivations. Découvrir de nouveaux sports était très excitant. Je suis finalement devenu fan de chaque. Aujourd’hui j’ai appris à aimer les chevaux, le sentiment d’avoir un partenaire animal. Et je plaisante souvent en disant que mon quatrième sport sera l’équitation.. Mais promis, cette fois, ce n’est qu’une plaisanterie. Peut-être que je deviendrai un personnage de Dick Francis. Mais récemment l’ascension de la montagne est devenue difficile et ma seule motivation n’est que la destination. Je vois le sommet et je dois essayer de l’atteindre.
- Le sport de haut niveau nécessite beaucoup de sacrifices. Ne préfèreriez-vous pas être tranquille chez vous ?
- Oh oui. C’est souvent ce dont je rêve. Là, en ce moment, je me languis d’une " vie simple " mais les gens disent que j’ai une nature à ne pas rester en place. Et je crois qu’ils ont raison… Alors je ne suis pas sûr que ce type de vie me conviendrait.
- Etes-vous accro au sport de haut niveau ?
- C’est une très bonne question. Je me dis qu’après Pékin, je vais reprendre une vie "normale". Je vais me lever à des heures normales, boire mon café, avoir un job "normal", tondre ma pelouse, passer plus de temps avec ma famille et prendre du plaisir avec mes amis. Mais je m’étais déjà dit ça à chaque fois et ça n’est pas encore arrivé. Alors on verra…
- Le pentathlon moderne est un petit sport. Aimez-vous ça ?
- Est-ce que j’aime être un poisson de taille moyenne dans un petit bassin ? Cela a ses avantages notamment pour une novice comme moi de progresser rapidement. Mais le revers de la médaille c’est l’argent… ou plutôt son absence. En triathlon, on peut bien vivre quand on a de bons résultats. Pas autant qu’un footballeur ou un cycliste mais avoir une bonne vie. Si vous êtes pentathlètes, mieux vaut avoir un mari riche ou alors une vie de Spartiate… Ma carrière de nageuse s’est arrêtée en 1996 à une époque où l’argent par les sponsors n’était pas encore aussi important. Mais l’université m’a permis d’avoir mon BA et mon MBA. Cela équivaut sans doute à 100 000 euros ce qui était vraiment bien pour une fille d’une famille d’ouvriers de huit enfants.
- Comment considérez-vous votre " chemin " ?
J’ai commencé ma carrière de nageuse en 1975, à six ans. Le chemin que j’ai suivi fut de travailler aussi dur que je le pouvais. Ne pas lésiner, ne pas te " gâcher ", donne tout ce dont tu es capable et sois heureuse des résultats, quels qu’ils soient. Tu gagnes, sois une gagnante heureuse. Tu ne gagnes pas, sois heureuse pour celle qui a gagné. Et si tu fais une course affreuse, souris et dis toi que ça devait être ainsi. Et ensuite, retourne t’entraîner encore plus dur pour que ça n’arrive plus.
- Etes-vous fière de votre carrière ?
- Oui je le suis. J’ai ma petite place dans l’histoire et cela me fait avoir beaucoup de respect pour ceux dont j’essaie de suivre les traces, pour ceux qui ont essayé d’aller où personne n’était encore allé.
- Avez-vous une préférence entre les trois sports ?
- Non. Ils sont tous autant excitants et tous m’ont apporté la possibilité de voyager et de concourir dans plus de 50 pays. Dans les trois cas, la recherche de l’excellence amène forcément à des périodes de frustration et même d’exaspération. Je les aime tous… même si, pour les trois, j’ai eu des moments où j’aurais rêvé ne plus jamais avoir à en entendre parler.
- Pensez-vous déjà à un quatrième sport pour Londres 2012 ?
- J’aurai 43 ans et l’âge ne pardonne pas dans le sport de haut niveau . Je crois que je regarderai les Jeux à la télé, en buvant une bière avec mes amis.
- Quels souvenirs avez-vous d’Atlanta, Sydney et Athènes ?
- La chose en commun, c’est la famille. A chaque fois, j’ai réussi à récupérer l’argent pour faire venir toute ma famille. Ma mère, mon père, mes six frères et sœurs, les épouses, les enfants et même les chiens. 22 personne en tout ! Atlanta, c’était comme si je courais à domicile vu que j’avais fait mes études à l’Université de Georgia. Je me souviens des cris de la foule qui scandait : U-S-A ! U-S-A ! Pendant mes relais, je pouvais encore les entendre. Ça me donnait la chair de poule. Sydney accueillait pour la première fois le triathlon. Et en plus c’était le premier événement des Jeux. Plonger dans la mer devant l’Opéra juste dans le port, traverser sept ponts entre le vélo et la course à pied, c’était vraiment très excitant. Enfin, à Athènes, la Grèce avait fait un travail énorme. Mais le site était à une heure des autres sites olympiques et nous vivions dans une maison éloignée. Pour être honnête, je ne me suis pas vraiment sentie aux Jeux. C’était plus comme une Coupe du monde que j’avais faite quelques années avant à Nice. Joli, fun mais pas vraiment " olympique ".
- Quel est pour vous la définition de " l’esprit olympique " ?
- C’est la rencontre d’athlètes venus du monde entier, qui deviennent de nouveaux amis et avec qui vous partagez plein de choses. Et avec qui vous réalisez que vous avez tant de choses en commun.
Programme d’entraînement
Lundi
Course : 10km tôt le matin à un rythme modéré (4’/km). J’essaie de rester sur des surfaces souples afin de limiter mes problèmes.
Equitation : 1 heure de leçon. Vu que je n’avais jamais monté avant 2005, j’essaie de condenser l’expérience d’une vie en trois ans !
Natation : à 13 h 30, 6000 m avec le club local dont la plupart des nageurs participeront aux sélections US… Ce qui fait que je suis souvent poussée au cul…
Tir : Une heure dans mon garage pour automatiser tout le processus.
45’ d’étirements le soir et au lit à 20h30
Mardi
Séance de fractionné sur la piste. 3’ d’échauffement à 4’/km, étirements puis 5x1000 avec 3’30’’ de récup. Séries de 200m à 43, 42, 41, 40 et 38. 3km cool
1 heure en fin de matinée avec un kiné. Mon vieux corps de 39 ans ne peut pas s’en passer.
A 13 h 30, 6000m de natation.
Escrime avec le club local. Leçon à 19 heures, assauts de 19h30 à 21 heures
Retour maison et je tombe dans mon lit à 22 heures.
Mercredi
Tôt le matin 10km à 4’/km
Fin de matinée : 1 h de leçon d’équitation.
Milieu d’après-midi, 45’ de musculation et 45’ d’étirements
Jeudi
15km de course vallonnée avec 5km à un rythme très élevé notamment dans les montées.
6000m de natation
19 heures : escrime
Vendredi
Une heure de tir
Fin de matinée : leçon d’équitation
13h30 : retour à la piscine pour 3000m
19h30 : escrime avec un autre club à 1h de chez moi
Retour tardif à la maison où je saute dans mon lit
Samedi
Course : 8km à 3’40’’/km précédés par 3km d’échauffement et suivis par 3km cool.
Tir
Muscu et étirements
Party avec mes amis. Beaucoup de tacos et trop de Tequila.
Dimanche
Repos ! ! ! ! !
Total : Tir : 3x ; Escrime 3x ; Natation : 4x (21000m) ; Equitation : 3x ; Course : 5x (60km) ; Etirements et musculation 2x ; Party : 1x ; Trop de Tequila : 1x.