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Circuit WTA : les bizarreries du calendrier 2024 des tournois
Publié le 10 décembre 2023 par Francky
Dévoilé il y a quelques jours dans une version loin d'être définitive, le calendrier des tournois de la WTA pour l'année 2024 montre de flagrantes incohérences qui ont fait notamment réagir la numéro une mondiale Iga Swiatek qui ne s'est pas privée d'égratigner l'institution cinquantenaire. La WTA est-elle en train de foncer irrémédiablement droit dans le mur alors qu'elle sort à peine d'une saison 2023 houleuse ?Le tacle a le mérite d'être sans équivoque. Dans une interview accordée le 8 décembre à la chaîne Eurosport, Iga Swiatek, numéro une mondiale et récente lauréate du Masters féminin à Cancun, n'hésite pas à interpeller directement les instances de la WTA à propos du calendrier 2024 des tournois. "Le calendrier nous oblige à dépenser encore plus d'énergie que nous devrons consacrer à la participation aux tournois, parce que les tournois deviennent également plus longs", déclare la polonaise qui ajoute : "Ce n'est tout simplement pas propice à ce que la WTA promeut dans d'autres aspects, la santé mentale, l'équilibre de vie dans tous les sens, la santé physique". Swiatek frappe fort et de façon parfaitement justifiée. Quand on y regarde de plus près, on constate que la saison 2024 va être plus longue de deux semaines par rapport à la saison 2023, avec notamment un Masters organisé du 3 au 10 novembre. De plus, dix tournois WTA 1000 seront programmés, sachant que celui de Pékin durera deux semaines, comme c'est déjà le cas pour Indian Wells, Miami, Rome et Madrid. Enfin, le nombre de tournois WTA 500 devrait passer à dix-sept pour un total de cinquante-huit tournois en ajoutant les WTA 1000, 250 et 125, plus le Masters (dont on ne connait toujours pas le lieu, c'est la surprise du chef). Enfin, n'oublions surtout pas que 2024 est une année olympique, sachant que le tournoi de tennis des JO de Paris a été placé du 27 juillet au 4 août, seulement treize jours après Wimbledon et en plein dans le tournoi WTA 500 de Washington qui risque du coup de se retrouver sous-côté. Autre élément à prendre en considération, les phases finales de la Billie Jean King Cup qui auront lieu à Séville à compter du 12 novembre, soit deux petits jours seulement après la finale du Masters.Ce ne sont là que les grandes lignes d'un calendrier complètement fou. Ainsi, dans sa volonté d'organiser plus de tournois WTA 500, l'instance du tennis féminin persiste à placer plusieurs de ces tournois juste avant ou juste après les tournois du Grand Chelem. L'hiver promet d'ailleurs d'être rude avec le tournoi d'Adélaïde placé une semaine avant l'Open d'Australie qui sera suivi du tournoi de Linz qui prend du galon en passant de WTA 250 à WTA 500. Quelle est cette étrange idée, de surcroît, de placer Linz si tôt dans la saison pour un tournoi indoor alors que la grande majorité des compétitions qui ont lieu durant l'été austral sont en extérieur ? On peut aussi se poser la même question pour l'Open de Transylvanie (WTA 250) avancé à début février à Cluj et qui se retrouve dans l'ombre du tournoi d'Abu Dhabi (WTA 500) alors qu'il était organisé jusqu'à maintenant en fin de saison.La saison printanière sur terre battue révèle aussi des étrangetés. Le tournoi WTA 500 de Charleston doit avoir lieu du 1er au 7 avril et serait suivi d'une coupure d'une semaine sans le moindre tournoi, à moins que la WTA comble ce vide par des WTA 125 ou 250, avant une succession infernale jusqu'à Roland-Garros : Stuttgart (WTA 500), Madrid (WTA 1000, deux semaines de durée), Rome (WTA 1000, deux semaines de durée) et enfin Strasbourg qui monte en WTA 500, seulement une semaine avant la deuxième levée du Grand Chelem. Après la saison sur herbe, qui ne sera pas de tout repos avant le tournoi olympique, le mois d'août est tout aussi diabolique avec l'enchaînement Toronto (WTA 1000), Cincinnati (WTA 1000) et Monterrey (promu en WTA 500). Que vient donc faire le tournoi de Monterrey dans cette case, une semaine avant l'US Open, on se le demande, d'autant plus qu'il faudra retourner deux fois au Mexique par la suite, d'abord à Guadalajara (rétrogradé de WTA 1000 à WTA 500) du 9 au 15 septembre (deux jours après la finale dames de l'US Open, c'est magnifique), ensuite à Mérida (WTA 250) le 28 octobre, alors que cela aurait sans doute été plus simple de rapprocher Guadalajara et Mérida pour éviter les trop longs déplacements. Oh, et cerise sur le gâteau, nous avons une tournée asiatique tout aussi formidable qui s'annonce avec, dans la foulée du tournoi de Guadalajara, ceux de Séoul (promu en WTA 500), Pékin (WTA 1000), Wuhan (WTA 1000), Zhengzhou (WTA 500) et Tokyo (WTA 500), tout ça d'une traite entre le 16 septembre et le 27 octobre.Pourtant si désireuse de choyer ses joueuses en se préoccupant de leur équilibre mental dans des spots publicitaires qui coûtent des millions, la WTA ne serait-elle pas en train, au contraire, de prendre les gens pour des idiots ? Espérons que la colère de la meilleure joueuse du monde soit entendue, relayée et qu'elle soit le point de départ d'une révolution prête à fissurer les murs, même si j'en doute...