Le moment où John Lennon a compris qu’il était un “génie”.

Dans le domaine des arts, le mot “génie” est souvent utilisé à tort et à travers. Au-delà de la métrique noire et blanche des tests de QI et des diplômes de premier ordre, un génie, que ce soit dans le domaine des arts ou de l’astrophysique, doit posséder un esprit extraordinaire. Cependant, même pour les experts les plus conservateurs, le terme “génie” semble approprié pour décrire Paul McCartney et John Lennon, les principaux auteurs-compositeurs des Beatles.

Le génie collectif du duo d’auteurs-compositeurs Lennon-McCartney – le plus réussi que le monde ait jamais connu – s’est nourri de la dissonance harmonieuse de ces deux-là. Vous avez peut-être remarqué mon oxymore et seriez en droit d’exiger des explications supplémentaires. Alors que Lennon et McCartney écrivaient ensemble de manière quasi télépathique et symbiotique, leur succès reposait sur une disparité créative.

Alors que McCartney était généralement responsable des concepts les plus tièdes et utopiques, l’écriture de Lennon s’accommodait souvent de l’étrange et du dystopique. Après l’ère psychédélique des Beatles, les paroles abstraites de Lennon, inspirées des Beatles, ont commencé à faire place à des thèmes plus sombres en abordant la politique mondiale et les démons personnels.

Le talent d’écriture de Lennon et McCartney a évolué tout au long des années 1960 et a atteint son apogée dans la seconde moitié de la décennie, mais le génie est un attribut latent prédisposé par la génétique. Comme pour toute chose, l’éducation et les choix de vie prennent le pas sur le reste.

Dans le cas de Lennon, son éducation était loin d’être conventionnelle. Comme le montre sa chanson solo de 1970 “Mother”, le Beatle a souffert d’un abandon maternel dès l’âge de cinq ans, lorsque sa mère, Julia, a été contrainte de le confier à sa sévère tante, Mimi Smith. Lennon ne rendra que rarement visite à sa mère au cours des douze années qui suivront, jusqu’à la mort tragique de celle-ci en 1958.

Lennon était prédisposé à la grandeur, mais son enfance non conventionnelle et sa fascination pour la musique ont créé la tempête parfaite. “Les gens comme moi sont conscients de leur soi-disant génie à dix, huit ou neuf ans”, explique Lennon dans une interview accordée en 1971 à Jann Wenner de Rolling Stone. Je me suis toujours demandé : “Pourquoi personne ne m’a découvert ?” À l’école, ils n’ont pas vu que j’étais plus intelligent que n’importe qui d’autre dans cette école ? Que les professeurs sont stupides, eux aussi ? Qu’ils n’avaient que des informations dont je n’avais pas besoin.”

“C’était évident pour moi”, poursuit-il. “Pourquoi ne m’ont-ils pas mis dans une école d’art ? Pourquoi m’ont-ils forcé à être un putain de cow-boy comme les autres ? J’étais différent. J’ai toujours été différent.”

Cette déclaration rappelle celle d’Oscar Wilde lors de son passage à la douane américaine en 1882. Aussi arrogant que cela puisse paraître, Lennon a parlé franchement et conclura plus tard que le génie est une forme de folie et qu’il rend en fait la vie plus difficile à son détenteur. Le génie peut remplir les poches, mais un esprit hyperactif ne peut trouver que très peu de paix.

Dans le livre de Jeff Burger paru en 2016, Lennon On Lennon : Conversations With John Lennon, le défunt Beatle est cité en train de rappeler que son génie était au cœur d’une relation houleuse avec tante Mimi. “Je me suis perdu au lycée”, a-t-il déclaré. Je disais à ma tante : “Jette ma putain de poésie, tu le regretteras quand je serai célèbre”, et elle a jeté cette saloperie. Je ne lui ai jamais pardonné de ne pas m’avoir traité comme un putain de génie ou quoi que ce soit d’autre quand j’étais enfant”.

Écoutez le single “Mother” de John Lennon ci-dessous.