Richard Evans - Dream of the World EP

Publié le 09 décembre 2023 par Concerts-Review

Richard Evans ( Manchester) dispose d'un arc à plusieurs cordes, il écrit, compose de la musique et officie comme artiste numérique.

Ses différents projets l'ont amené à approfondir des domaines tels que la biotechnologie, l'intelligence artificielle ou la crise climatique.

Ses travaux lui ont permis de collectionner une belle série d'awards attribués, notamment, par l' Arts Council England ( the national development agency for creativity and culture) ou le Manchester Science Festival.

Musicalement, il a tenu les claviers pour un morceau de l'album 'Strip-Mine' ( 1988) de l'indie band, raffiné, James, il est mentionné comme guitariste sur 'The Survivor' de St Vitus Dancers, un obscur post punk band ayant sévi dans les eighties.

Il faut attendre 2022 pour que son nom ressurgisse dans la scène musicale, un premier album solo' Sentinel' paraît .

A cool slice of electro-pop' écrit Dave Franklin pour Thre Big Takeover, il n'est pas le seul critique à encenser l'album.

Automne 2023, Richard Evans présente l'EP 'Dream of the World'.

Music & lyrics: Richard Evans

La pochette futuriste représente un globe terrestre numérique fluorescent, une image qui correspond au contenu sonore.

'Dream of the World' démarre sur un son de violon grinçant, conçu au synthé, très vite la plage opte pour un caractère synthwave harmonieux et dansant, à rapprocher des pionniers du genre, les Pet Shop Boys, Kraftwerk, Propaganda, Yello, voire New Order. Pour les nostalgiques du genre il existe Synthwave Dreams: Retro-Futuristic Music for Nostalgic Vibes sur YouTube.

Si le fonds sonore est séduisant, le propos est moins folichon, .... Prophets say that things won't change The die is cast, no one's to blame Ocean laps at the city walls, watch as empires fall... le monde court à sa perte, les dirigeants restent indifférents, ou, pire, se réunissent pour discuter le coup et prévoir des mesures dans un état dont l'empreinte carbone frôle l'indécence, alors oui, on peut toujours s'éveiller après avoir fait de beaux rêves...dream of the world as it should be..

1949, George Orwell conçoit le roman dystopique ' 1984' ( selon certains une inversion de 1948, année où Orwell achève le manuscrit) , ' Brave New World' d'Aldous Huxley, tout aussi prémonitoire, avait été écrit au début des années 30, la seconde plage de l'extended-play a été baptisée ' 2084', comme le roman de Boualem Sansal, inspiré de 1984, qui prédit la fin du monde en 2084.

2084, ira t-on si loin, les menaces relevées dans la fiction sont bien présentes en 2023, terrorisme religieux, guerres aux quatre coins du globe, génocides, totalitarisme, fichier biométrique, intimidation et répression exercées par le pouvoir,...la liste s'allonge chaque jour!

Le propos du premier titre est approfondi sur ' 2084' , Richard Evans dénonce les climatosceptiques de tout poil refusant de voir l'évidence.... As the ice flows and the seas rise, hear the priests lie that black is white..

Progression d'accords sophistiqués en arpèges et mélodies subtiles, le Mancunian utilise sa panoplie de synthés analogiques, de boîtes à rythme et d'échantillons sonores, tout en trafiquant sa voix pour la rendre tamisée et insubstantielle à la manière de Kraftwerk dans 'Trans Europa Express'.

Le thème de 'Motherlode', qui n'avait pas trouvé place sur l'album ' Sentinel', s' il n'aborde pas le dérèglement climatique, effleure d'autres inquiétudes contemporaines: l'intelligence artificielle ou la robotisation à outrance.

La journaliste Aurélie Jean pose la question: l'homme bientôt obsolète face aux machines?

'Motherlode' offre un support sonore énergique: gros beats et basslines vibrantes accompagnent les nappés de synthés aériens pour créer un environnement pouvant servir de soundtrack à un sci-fi movie en 3 D.

La voix blanche contribue à la création de climats high-tech justifiant le titre du morceau.

En 12 minutes, Richard Evans accrédite la pertinence de la synthwave, vingt ans après ses débuts, certains n'hésitent pas à le placer sur un piédestal sur lequel trônent Vangelis, Jean-Michel Jarre ou Tangerine Dream.