Après avoir rappelé qu’en 2014 la même institution avait remis plusieurs pièces au peuple Maori de Nouvelle-Zélande qui les réclamait, elle précise "Et ce qui est recherché ici au-delà de la restitution c'est bien la réparation éthique". Quant à Sami Kanaan, conseiller administratif de la ville de Genève, chargé de la Culture, il indique que "Genève, ville de paix et de dialogue, siège d'organisations internationales, doit donner l'exemple".
Les caisses contenant les momies ont été restituées à Sabina Orellana Cruzla, ministre bolivienne des Cultures, de la Décolonisation et de la Dépatriarchalisation. Elle a déclaré ,"Aujourd'hui, nous retrouvons nos racines. Pour nous, la restitution est synonyme de décolonisation. Retrouver nos ancêtres est très important parce que nous sommes sur la voie de la décolonisation". Elle salue ainsi les pays européens qui soutiennent la restitution d'objets. Les autorités boliviennes avaient demandé la restitution des momies en décembre 2022 car le musée les avait informées de cette présence dans sa collection. Ceci dans le cadre d'un programme chargé de "décoloniser les collections". Le musée indique que les trois corps rappellent les coutumes funéraires précolombiennes, avant l'arrivée des conquistadores espagnols, dans la région de l'altiplano proche du lac Titicaca. La ministre a précisé que les momies étaient des Pacajes d'origine aymara, civilisation "qui s'est établie de l'an 1.100 à 1.400". Les structures funéraires, appelées "chullpas, qui conservent ce type de momies, sont en forme de tours qui peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur. Ces tours ont attiré les pilleurs de tombes et les collectionneurs.
Lors de cette cérémonie de restitution les trois momies, deux adultes et un enfant, n'étaient pas visibles, elles étaient enfermées en position accroupie dans des fourreaux en fibre végétale tressée et installées dans trois grandes boîtes. Ces boîtes ont ensuite été placées dans de vastes caisses en bois, sur lesquelles le consul bolivien en Suisse a apposé des scellés pour qu'elles bénéficient des services de la "valise diplomatique" à bord d'un avion.
C’est Gustave Ferrière, consul d'Allemagne à La Paz en Bolivie, qui avait envoyé ces corps momifiés en 1893 à la Société de géographie de Genève. Ce transfert avait été effectué naturellement sans le consentement des propriétaires traditionnels ni l'autorisation des autorités locales. Les momies ont ensuite été données en 1895 au Musée archéologique, avant de l’être en 1901 à l'ancien musée ethnographique genevois. Le nouveau Musée ethnographique de Genève, MEG, a été inauguré le 31 octobre 2014.
Certains soutiennent que tout ce qui rentre dans un musée doit y rester, mais ces dernières années, le MEG s'est engagé à faciliter "le retour inconditionnel" à leurs propriétaires légitimes des restes humains, des biens funéraires et des objets sacrés. En 2022, il a décidé de ne plus exposer d'objets constitués de restes humains, ceci à moins d'avoir obtenu le consentement de l'État ou de la communauté concernée. La directrice du musée regrette que "les restes humains conservés dans les musées sont juridiquement assimilés à des objets alors que les communautés exigent qu'un processus actif de réhumanisation soit entamé".
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