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Afghanistan

Publié le 20 août 2008 par Jfa

Certes, on n’a jamais vu une guerre sans morts mais, dix d’un coup en Afghanistan, qui plus est à l’issue d’une bataille de 6 à 8 heures dans laquelle il semble que tout ne soit pas passé comme cela aurait dû (Le Monde ), mérite qu’on s’y attarde.

Sur cette affaire, comme le dit l’UMP Poniatowski: “La France, en acceptant d’aller remplacer les deux bataillons américains dans la région de la Kapisa, savait que ses soldats s’exposaient beaucoup plus : c’est une des régions les plus dangereuses. Les militaires français le savaient”. Reste que, comme le fait remarquer Le Monde , cet aspect des choses a été soigneusement tu lors du débat à l’Assemblée Nationale. 

“Le loup d’Afghanistan se chasse avec un lévrier afghan”. Cette citation retranscrite de mémoire (de R. Kipling  me semble-t-il), m’apparaît particulièrement adaptée à cet épisode tragique qui, outre les 10 morts compte 21 blessés parmi les parachutistes français.

Historiquement, les afghans ont toujours fait payer de très lourds tributs à ceux qu’ils considèrent, à tort ou à raison, comme des envahisseurs. Les structures tribales, les lois du talion ont forgé des moeurs rudes et la géographie du pays est du côté des guerillas. L’invasion soviétique a cassé tous les corps intermédiaires qui existaient alors et, comme en Somalie, c’est sinon l’anomie, au moins une incessante bataille de clans changeant de camps à la moindre occasion. Mais allez demander à un inculte notoire comme GW Bush de sortir de la logique simpliste du combat militaire du bien contre le mal qui, dans une telle situation, est voué à l’échec. Le drame étant que notre Président, dans son zèle atlantiste, s’est empressé de s’aligner sur ces positions.

Les talibans ne seraient pas grand chose s’ils ne trouvaient dans les zones tribales du Pakistan  des zones de replis et de soutien logistique. Ils ne pourraient pas grand chose s’ils n’avaient l’appui d’une partie importante de la population afghanne. En outre, dans ce pays hyper-pauvre, l’arrachage des plans de pavot n’a certainement pas contribué à la popularité du gouvernement en place,  corrompu, installé par Washington et tenu à bout de bras par les puissances occidentales. Je pense qu’il faut avoir tout cela à l’esprit avant de, au nom du respect dû aux morts français, applaudir la martiale parole présidentielle. Diminuer au moins de moitié la présence militaire et et augmenter d’autant les investissements dans les infrastructures et le développement serait peut-être une des moins mauvaises solutions.

En outre, soyons sérieux: l’argument spécieux selon lequel nous défendons là-bas les droits de l’homme est grotesque dans la mesure où nous laissons ces mêmes droits bafoués en Arabie Saoudite et dans un certain nombre d’autres pays traditionnellement alliés des USA. 

Alors ? La solution de long terme passe peut-être par les débats des Rencontres de Pétrarque dont vous pouvez voir un compte-rendu sur le blog “Qui parle?“ et écouter sur France Culture.

En attendant, malgré les autosatisfecit dont il se gorge et rengorge (cf Le Canard Enchaîné d’hier), d’Afghanistan en Georgie, les déboires sarkoziens se multiplient dans le domaine de la politique étrangère. A la mesure de sa calamiteuse politique économique intérieure..!


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