Qui est Timothée Leclabart : l’un des lauréats du Rising Talent Awards 2023 ?

Par Vincent Espritdesign @espritdesign

Le designer Timothée Leclabart, s’est formé auprès d’antiquaires renommés, notamment au sein de la galerie James. Il a lancé son studio en 2018 et a depuis exposé au PAD Paris et à l’Atelier Jespers, à Bruxelles. En septembre 2023, le jeune homme à fait forte impression lors de la dernière édition du Rising Talent Awards 2023. A l’entrée du Hall 6, Timothée y avait présenté ses Boo, petits fantômes fonctionnel qui lui ont valu les félicitations du jury et des visiteurs.

Intrigué, le Blog Esprit Design a souhaité en savoir plus sur l’univers de ce jeune designer à l’avenir plus que prometteur.

BED : Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir designer ?

Timothée Leclabart : J’ai toujours ressenti cette volonté de créer. Pendant une longue période, j’ai lutté contre mon sentiment d’illégitimité dans le domaine artistique, en raison de ma proximité avec de nombreux artistes talentueux. En les défendant lorsque j’étais galeriste mais aussi agent, je me suis retrouvé à soutenir largement leurs efforts comme mon ami peintre Paul de Flers – aujourd’hui représenté par la galerie Almine Rech.

Mon exploration s’étend à différents supports artistiques tels que la peinture, le design et la photographie, et c’est à travers eux que j’ai découvert ma voix. Le concept de volume est apparu plus tard. Malgré mes prouesses limitées en dessin, ma force réside dans ma capacité à conceptualiser et à visualiser en trois dimensions. Mon processus créatif commence généralement par un cube vide qui sert de base à mes pièces de mobilier. C’est mon amour profond pour les matériaux et les formes qui m’a finalement poussé à poursuivre une carrière dans le design.

Comment abordez-vous vos créations ?

Tout commence dans mon esprit où je visualise mentalement un cube sur un plan à trois axes. Ensuite, sur ma tablette, je sculpte et façonne méticuleusement ce cube virtuel en 3D à l’aide d’un logiciel de modélisation 3D. Un peu comme un sculpteur cisèle un bloc de pierre. En surmontant mes difficultés de longue date avec la perspective, j’ai découvert que la maîtrise de ces outils numériques simplifiait considérablement l’ensemble de mon processus. 

Vous avez vécu au Brésil durant un long moment. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Je suis littéralement tombé amoureux du Brésil. C’est lors de mon voyage que j’ai développé une profonde affection pour le design. J’ai eu l’occasion de collaborer avec le studio de Zanini de Zanine Caldas, fondé par le fils du célèbre designer Jose Zanine Caldas. Cet homme est, selon moi, un précurseur en matière de design sculptural. Il a même été reconnu comme pionnier en matière de réutilisation de matériaux. Son approche innovante est devenue une grande source d’inspiration dans mon travail.

Comment l’inspiration vous vient ?

Au cours des quatre dernières années, j’ai adopté diverses approches pour créer mes pièces. La table Curved s’inspire de la résidence Casa das Canoas de l’architecte Oscar Niemeyer. Le luminaire Totem, quant à lui, est un dialogue entre l’univers de Constantin Brâncu?i et Ettore Sottsass. Mes créations sont le reflet même de mes inspirations personnelles. Pour terminer, le fauteuil Canné a marqué un tournant dans mon travail car il souligne ma volonté de mettre en valeur le savoir-faire artisanal. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rapport à l’artisanat ?

Je m’intéresse en permanence à la conception de mon mobilier. Cette implication a été particulièrement importante pour la réalisation du fauteuil Canné, pour lequel j’ai personnellement fabriqué le prototype initial de cannage. Je collabore également avec un ébéniste situé à Rennes, connu pour sa précision et son savoir-faire exceptionnel.

Il réalise principalement toutes mes pièces en bois comme les luminaires qui ont été présentés lors de mon exposition New Space en collaboration avec la galerie Mouvements Modernes. Pour chacune de mes créations, j’essaie au maximum de travailler avec des artisans français, italiens et portugais.

La plupart de vos pièces de mobilier sont en bois. Quel est votre rapport à cette matière ?

Premièrement, c’est une matière qui est assez vivante, elle dispose de beaucoup de possibilités en matière de finition et de maniabilité. La plupart des pièces qui m’ont fait vibrer étaient en bois que ce soit celui de George Nakashima ou de Joaquim Tenreiro.

Lors des Rising Talent Awards 2023 de Maison & Objet, vous avez fait grande impression avec vos Boo. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Depuis longtemps, j’avais en tête les formes de mes Boo qui répondait parfaitement au thème de cette édition qui était « Enjoy ». J’ai donc présenté cette collection qui a surpris tout le monde de par ses formes et ses couleurs pop. C’est un mobilier qui s’inscrit dans un autre registre que mes créations précédentes. Le fait que cette chaise ait deux yeux, cela lui donne une âme supplémentaire. Un peu comme un confident. Je n’ai pas voulu lui donner une fonction particulière, le Boo peut être une table d’appoint, une chaise, une sculpture… 

En ce moment, je réfléchis à une manière de rendre ces assises accessibles au plus grand nombre. Mais aussi de créer des modèles singuliers issus de cette collection, disponibles en édition limitée. Avec Monde Singulier, nous allons présenter deux assises Boo avec des matériaux exclusifs sur leur plateforme, afin de prolonger cette thématique de l’enfance. C’est ma fille qui m’a tout simplement inspirée ces Boo.

Des projets pour la suite ?

Début décembre, je pars à Séoul pour y présenter mes Boo suite à une invitation du salon Home Table Deco. Il y a une exposition avec le Mobilier national et The Invisible Collection qui sera présentée en janvier 2024 chez Féau Boiserie et pleins de projets avec des éditeurs, mais encore confidentiels.

Plus d’information sur le studio Timothée Leclabart

By Blog Esprit Design