Tout sauf le fruit du hasard, la victoire sans partage des États-Unis en finale de la Billie Jean King Cup Juniors est le résultat d'un long travail de détection et de formation savamment orchestré par la fédération de tennis du pays qui suit avec attention l'évolution de ses jeunes championnes, de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, même si la machine peut parfois connaître quelques ratés lors de la difficile transition vers le professionnalisme. Alors que Coco Gauff et Jessica Pegula sont en train de tirer le pays vers le haut grâce à leurs résultats sur le circuit WTA, l'avenir se prépare du côté des jeunes avec l'émergence d'une génération prête à conquérir le monde. Intéressons-nous à ces joueuses dont il va falloir retenir le nom.
Iva Jovic, 15 ans :
Faut-il encore présenter la jeune californienne ? Pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents, voici un résumé de ce qui s'est passé pour elle depuis le début de l'année. Sur le circuit Juniors d'abord, Jovic a connu un hiver et un printemps très prolifiques avec des succès coup sur coup à San José (Costa Rica) et Salinas (Équateur), suivis d'une finale à Barranquilla (Colombie), une demi-finale à Indian Wells puis, une autre finale à San Diego. On l'a ensuite retrouvée à l'automne où elle triomphait récemment en équipe en phase finale de la Billie Jean King Cup Juniors (voir article dédié), avant d'atteindre en individuel le dernier carré du prestigieux Eddie Herr à Bradenton. Chez les professionnelles, c'est dans sa Californie natale qu'elle a surtout brillé en atteignant d'abord la finale à Los Angeles (W15) en juillet, puis en gagnant le tournoi de Redding (W25) en octobre, son premier titre en simple dans cette catégorie. Ce n'est peut-être pas terminé puisqu'elle est alignée cette semaine à l'Orange Bowl (J500) dont elle est l'une des grandissimes favorites.
Tyra Caterina Grant, 15 ans :
Déjà très puissante malgré son jeune âge (son coup droit dévastateur peut rapidement laisser l'adversaire à deux mètres de la balle), Tyra Grant a franchi un cap important cette année en gagnant son premier tournoi J300 à Santa Crocce Sull'Arno, en Italie, avant de devenir championne du monde Junior avec les États-Unis en Billie Jean King Cup. Avant cela , elle avait atteint la finale des Championnats Pan-américains à Houston (J300), tandis que la semaine dernière, elle se hissait dans le dernier carré du Eddie Herr à Bradenton. Ses résultats chez les professionnelles ont été très encourageants avec deux demi-finales en automne à Redding et Florence (Californie). Va-t-elle finir l'année en s'emparant de la couronne à l'Orange Bowl ? Au vu des progrès spectaculaires qu'elle a enregistrés, elle en serait bien capable.
Alanis Hamilton, 16 ans :
Victorieuse l'année dernière de son premier tournoi Junior à Daytona Beach, Alanis Hamilton a honoré cette année sa première sélection en équipe des États-Unis de la plus belle des manières en gagnant les deux matches qu'elle a disputés sans perdre un set, permettant ainsi à son pays de progresser en phase finale de Billie Jean King Cup Juniors. Elle a fini par obtenir la plus magnifique des récompenses aux côtés de Jovic et Grant en devenant championne du monde. Si la suite fut moins sympathique pour elle en individuel avec une défaite au troisième tour à Bradenton contre la tchèque Laura Samsonova, elle aura sans doute à cœur de bien faire les choses à l'Orange Bowl même si un premier tour délicat l'attend contre la béninoise Gloriana Nahum. Signalons enfin qu'elle a déjà côtoyé le milieu professionnel en y faisant ses débuts en octobre 2022.
Kaitlin Quevedo, 17 ans :
La persévérance de Kaitlin Quevedo a fini par payer cette année avec un succès d'envergure sur le circuit Juniors à Milan lors du Trofeo Bonfiglio (J500) alors qu'elle s'était auparavant heurtée à un mur en perdant trois finales en hiver à Salinas, Lima et Asuncion. Des résultats qui lui ont permis de participer aux Juniors Masters de Chengdu où elle a terminé cinquième. La semaine dernière à Mérida, lors de la Copa Yucatan, elle a quasiment survolé le tournoi sans perdre un set jusqu'en finale où elle a subi la loi d'une souveraine Laura Samsonova. Elle va donc arriver en Floride, à l'Orange Bowl, avec un statut de favorite, d'autant plus qu'en parallèle, elle a déjà acquis de l'expérience chez les professionnelles en gagnant trois tournois ITF en 2022. En mai dernier, elle atteignait les quarts de finales à Bonita Springs (W100) après être passée par les qualifications.
Claire An, 16 ans :
Toute proche de faire son entrée dans le top 100 au classement Juniors depuis qu'elle s'est distinguée à Indian Wells en gagnant l'Easter Bowl dans la catégorie des 16 ans et moins, aux dépens d'Alanis Hamilton, titre auquel on peut ajouter celui acquis à Santo Domingo (J100) en mai (où elle dominait sa compatriote Aspen Schuman en finale), Claire An est dans une phase de progression qui pourrait lui ouvrir beaucoup de portes pour l'année prochaine. Son ascension pourrait d'ailleurs se poursuivre dès cette semaine puisqu'elle participe à l'Orange Bowl. Même si elle ne figure pas parmi les favorites, elle peut éventuellement y faire des dégâts.
Annika et Kristina Penickova, 14 ans :
Difficile de parler de l'une sans parler de l'autre, Annika et Kristina Penickova étant des sœurs jumelles suivant exactement la même trajectoire, à peu de choses près. Pour la petite histoire, lorsqu'Annika a gagné son premier tournoi Junior en octobre dernier à Accra (J100), au Ghana, elle a battu en finale sa jumelle Kristina... qui l'avait elle-même battue une semaine plus tôt dans le même tournoi. Annika vient néanmoins de franchir un cap supplémentaire par rapport à sa sœur en remportant le tournoi Eddie Herr en catégorie 16 ans et moins à Bradenton. Par la même occasion, elle a aussi gagné l'épreuve en double avec comme partenaire... Kristina bien sûr, en infligeant un cuisant 6-0 6-0 à la paire composée d'Ava Rodriguez et Ishika Ashar (ça va, vous suivez bien jusque là ?). Ce n'est pas tout. Les jumelles de quatorze ans ont également effectué leurs grands débuts en professionnel il y a quelques semaines à peine. Annika a atteint les demi-finales à Champaign (W15) en passant par les qualifications, tandis que Kristina est parvenue à s'extirper des qualfis au tournoi de Norman (W15) avant de réussir à passer un tour dans le tableau principal. Attention, on risque de voir double dans quelques années sur le circuit WTA.
Thea Frodin, 14 ans :
En mai dernier, Thea Frodin débutait à quatorze ans chez les professionnelles au tournoi W15 de Rancho Santa Fe, en Californie. Si son aventure s'arrêta dès le premier tour, elle put néanmoins se frotter pour la première fois de sa jeune carrière au niveau supérieur et ainsi franchir un cap important dans son apprentissage du haut niveau. La route va être longue et semée d'embûches, bien sûr mais, déjà, l'on sent qu'il y a un très gros potentiel. En témoignent ces derniers succès sur le circuit Juniors avec quatre tournois glanés cette année dont trois J100. 2024, année de l'éclosion pour Thea Frodin ? Cela se pourrait bien.
Clervie Ngounoue, 17 ans :
2024 sera une année décisive pour l'américaine. Ce sera l'année de ses dix-huit ans, par conséquent, l'année de sa véritable transition vers le milieu professionnel qu'elle côtoie déjà, avec plus ou moins de réussite. Deux finales en 2022 à Marrakech (W15) et Austin (W25), une demi-finale à Orlando (W25) en mai de cette année, des débuts encourageants en WTA avec un quart de finales à Washington (WTA 500) où elle battait la russe Anna Blinkova, tandis qu'elle manquait ses débuts en Grand Chelem à l'US Open quelques semaines plus tard en se faisant donner la leçon au premier tour par l'australienne Daria Saville. Elle fut bien plus heureuse sur le circuit Juniors avec un monument à son actif à Wimbledon, précédé d'un chef-d'œuvre à Indian Wells lors de l'Easter Bowl où elle écrasa tout sans la moindre pitié. Celle que certains considèrent comme la future Serena Williams n'a plus qu'à trouver sa place sur l'exigeant circuit professionnel, une tâche qui s'annonce difficile mais, pas impossible.