Alors que l’affaire du journaliste Martinez Zogo défraie la chronique au Cameroun depuis bientôt une année, le ministre Samuel Mvondo Ayolo, directeur du Cabinet civil de la Présidence, reste muet face aux multiples sollicitations de la presse pour s’exprimer sur le sujet. Un silence qui en dit long sur les tensions que cette rocambolesque affaire judiciaire provoque au sommet de l’État.
Des allégations embarrassantes pour le pouvoir
Pour mémoire, le corps calciné de notre confrère Martinez Zogo avait été retrouvé le 22 janvier 2022 sur un site isolé, quelques jours après son enlèvement par des hommes armés non identifiés. Le journaliste menait alors des investigations sur un vaste trafic présumé de bois illégal au Cameroun.
L’affaire a connu de multiples rebondissements, avec l’interpellation puis la mise en détention de plusieurs suspects, dont le magnat des médias Jean Pierre Amougou Belinga et le patron des renseignements camerounais Maxime Eko Eko. Seulement, certains médias camerounais ont émis des doutes sur l’impartialité de l’enquête, pointant des liens supposés entre M. Belinga et le directeur du Cabinet Civil de Paul Biya, M. Samuel Mvondo Ayolo.
D’où les nombreuses sollicitations adressées à ce dernier pour qu’il s’exprime publiquement sur ce dossier ultra-sensible, et dissipent les soupçons. En vain…
Un silence embarrassé ?
Interpellé une nouvelle fois ce 2 décembre par notre confrère Jacques Blaise Mvie, directeur de la publication du journal « La Nouvelle », Samuel Mvondo Ayolo a préféré botter en touche, faisant justement… du silence sa principale réponse.
Lire aussiCameroun : Assassinat brutal d'un enseignant par des soldats du BIR à KaéléUn silence éloquent ? Difficile à interpréter avec certitude. Traduit-il un embarras du pouvoir face aux allégations le visant dans cette affaire ? Ou au contraire une volonté de ne pas interférer avec une procédure judiciaire en cours ?
Quoi qu’il en soit, le communiqué laconique publié par le Cabinet Civil à cette occasion ne fait que maintenir le flou. On retiendra simplement cette phrase sibylline, écartant fermement tout lien avec « des officines mafieuses » propagand des « allégations mensongères » sur cette affaire.
La justice attendue au tournant
Au final, l’atmosphère reste donc pesante autour de ce dossier qui a profondément marqué l’opinion publique camerounaise. Si le silence du ministre Mvondo Ayolo ne clarifie en rien la position des autorités, tous les projecteurs restent braqués sur la justice de notre pays.
L’ensemble de la nation attend en effet qu’elle fasse toute la lumière sur l’assassinat odieux de notre confrère Martinez Zogo. Et que les commanditaires et auteurs de ce crime crapuleux soient identifiés et sanctionnés avec la plus grande sévérité. Une exigence élémentaire pour éviter toute suspicion de deux poids deux mesures…