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Vers un avenir radieux de Nanni Moretti

Par Etcetera
Vers un avenir radieux de Nanni MorettiAffiche du film

J’ai vu ce film en salle vers la mi-juillet et j’ai été très favorablement impressionnée.

Note technique sur le Film

Date de sortie en salle : juillet 2023
Nationalité : Italien
Couleur, version italienne sous-titrée
Avec : Margherita Buy, Nanni Moretti, Silvio Orlando
Durée : 1h36

Synopsis

Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à débuter le tournage d’une fresque politique. Mais entre son couple en crise, son coproducteur au bord de la faillite et le monde du cinéma qui change, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.
(Source : site de Pathé)

Mon Avis

C’est un film qui parle beaucoup de cinéma puisque le héros est un cinéaste en train de tourner un film et ce Giovanni nous donne à plusieurs reprises des leçons de cinéma : il cite des œuvres de réalisateurs qu’il aime (« Lola » de Jacques Demy, Cassavetes, Fellini, le « Décalogue » de Kieslowski, Scorsese ) soit explicitement soit par des séquences inspirées de leur style, telles les scènes de cirque, la scène finale ou encore des scènes musicales et dansantes.
Une longue scène centrale est un vibrant plaidoyer contre la violence à l’écran, avec une allusion assez claire aux films de Tarantino, mais Giovanni ne réussit pas à convaincre l’équipe de tournage de ne pas faire cette scène, il ne peut rien changer au cours des choses – signe d’une fatalité contre laquelle on ne peut lutter. 
Bien qu’il y ait beaucoup de situations et de répliques très drôles dans ce film, et que l’on rit énormément, le sens profond de cette histoire m’a paru grinçant, pessimiste et presque désespéré : un désespoir qui a encore suffisamment d’énergie et de recul sur soi-même pour faire des plaisanteries et pratiquer le second degré.
Nanni Moretti semble vouloir nous montrer qu’il n’aime pas du tout notre époque : les Netflix et autres plateformes le dégoûtent, de même que les producteurs cupides qui le poussent à se compromettre avec un système qu’il réprouve, le film qu’il aurait envie de tourner se passe en 1956 et fait référence au Parti Communiste Italien et à ses luttes idéologiques – qui n’ont vraiment plus cours de nos jours.
Le titre « Vers un avenir radieux » est une référence à l’idéal communiste, tel qu’il pouvait exister dans les années 50 chez certains militants inconditionnels et fanatiques, mais nous comprenons bien que dans l’esprit de Moretti ce titre est une antiphrase pleine de nostalgie et d’amertume – il nous prévient d’ailleurs assez tôt dans le film que le héros va se suicider à la fin et ce n’est que par une surprenante et acrobatique pirouette que la fin esquive la prédiction que nous redoutions logiquement.
Nous sommes souvent à la frontière entre le comique et le drame, basculant de l’un vers l’autre en l’espace d’un instant, par exemple au moment où Véra rend sa carte du parti communiste à Ennio en lui expliquant son indignation et son découragement, Nanni Moretti surgit brusquement devant nous pour nous dire que cette scène ne sert à rien et qu’elle est nulle – nous prenant ainsi à contre-pied et réduisant notre émotion à néant, tout en suscitant l’hilarité. 

Un film très remarquable, brillant et émouvant, qui, à mon sens, s’adresse peut-être davantage aux plus de cinquante ans qu’aux jeunes générations. 


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