Le 30 novembre 1989 s’éteignait à Dakar au Sénégal Ahmadou Babatoura Ahidjo, figure historique ayant conduit le Cameroun à son indépendance avant de présider à ses destinées durant 22 ans. 34 ans après sa mort, retour sur l’héritage contrasté de ce père fondateur de la nation camerounaise.
Le fils de garde de cercle devenu père de l’indépendance
Né en 1924 au sein d’une famille modeste du nord Cameroun, le jeune Ahmadou grandit sous domination coloniale française. Orienté vers des études religieuses, il s’engage finalement en politique au sein de l’Union camerounaise, sous l’aile d’un vétéran politique.
Rapidement, Ahidjo s’impose comme un leader charismatique et ambitieux, capable de rassembler au-delà des clivages traditionnels. Elu député puis Premier ministre, il mène avec habileté la marche vers l’indépendance du pays en 1960, avant d’en prendre logiquement les rênes.
22 années de règne sans partage marquées par la stabilité
Une fois son pouvoir assis, Ahidjo va régner d’une main de fer sur un Cameroun fragilisé par des tensions sécessionnistes. S’appuyant sur un parti unique ultra-dominant et des services de renseignements redoutés, il pacifie tant bien que mal le pays.
Si les libertés individuelles sont rognées par un régime autoritaire, le président camerounais assure au moins la stabilité économique et politique durant son règne. Son style paternaliste lui vaut une certaine popularité, même si les voix dissonantes se font parfois entendre, vite réprimées.
Une fin de règne tragique loin de son pays
Après un coup d’éclat en démissionnant en 1982, Ahidjo est contraint à un amère exil au Sénégal. Malgré quelques tentatives de retour manqué, il ne revoit jamais son Cameroun natal. Rongé par la maladie et abattu politiquement, il meurt à Dakar 7 ans plus tard dans une forme d’oubli.
Malgré ce crépuscule difficile loin des siens, Ahmadou Ahidjo reste gravé dans toutes les mémoires comme le principal artisan de l’indépendance du pays. 34 ans après sa mort, son empreinte demeure immense même si son héritage politique reste controversé.