Réalisatrice, entre autres, de Entre ses mains, Anne Fontaine revient avec un film estival qui marque les débuts au cinéma de la miss Météo du Grand Journal de Canal +, Louise Bourgoin. Une révélation ?
La critique
Un divertissement estival qui révèle Louise Bourgoin comme une actrice à suivre
Bertrand (Fabrice Luchini), avocat d’assises, est à Monaco pour défendre une septuagénaire riche accusée de meurtre. Souvent entouré de femmes, il préfère les préliminaires, la discussion plutôt que de passer directement aux plaisirs de la chair. A peine arrivé à Monaco, il fait la connaissance de Christophe (Roschdy Zem) qui n’est autre que son agent de sécurité. Taciturne, forcément collant, ce dernier n’a pas grand-chose à faire de ses journées. Les deux hommes apprennent progressivement à se connaitre jusqu’à ce qu’Audrey (Louise Bourgoin), l’ex de Christophe et présentatrice météo sur une chaine locale, débarque. Très spontanée, un poil vulgaire, diablement sexy, elle ne manque pas de taper dans l’œil de notre avocat. Bertrand va ainsi vouloir la connaître davantage et progressivement se laisser guider par ses désirs. Plongé dans une passion dont il peine à définir les limites, il s’éloigne des raisons initiales de sa venue dans le coin (l’affaire de meurtre) et ne se doute pas de jusqu’où les évènements vont le conduire…
Photographie léchée, décors luxueux, « Coquillages et Crustacés » en fond musical… La fille de Monaco nous amène en plein soleil et on se dit qu’on tient là un des petits bonheurs de cet été 2008. Le casting est alléchant : Luchini égal à lui-même, c'est-à-dire souvent remarquable, Roschdy Zem complètement en retenue et puis Louise Bourgoin. Disons le franchement : tout le film ne vaut que pour son personnage, que pour elle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le film, initialement prévu pour s’appeler Monaco est devenu La fille de Monaco. Louise Bourgoin est une apparition, une révélation. Dans mon fauteuil en la voyant apparaître à l’écran, je n’ai pu m’empêcher de penser à Bardot dans Et Dieu créa la femme. Ok, j’y vais peut être un peu fort mais il faut avouer que sa prestation suscite l’enthousiasme.
Connue du grand public comme présentatrice météo, la jeune actrice trouve là un premier rôle en or avec un personnage incontrôlable et rapidement fascinant. Audrey est une caricature. Elle s’habille de façon très suggestive, n’a jamais sa langue dans la poche, drague ouvertement et sans complexe. Caricature de la blonde un peu bêbête ? Oui : Audrey a dans la tête des idées révolutionnaires comme créer une émission baptisée « Les bêtes des peoples ». Caricature de la femme fatale ? Oui : elle « pue le sexe » à des kilomètres et parvient à cultiver le mystère. Caricature de la croqueuse de diamant ? Oui, assurément : on sent bien qu’elle ne compte pas faire la météo toute sa vie et qu’elle est prête à beaucoup de choses pour arriver à ses fins.
Personnage amusant, dont on se moque souvent, Audrey est aussi une femme qui trouble de par sa sexualité très libérée et une sensibilité qui de temps en temps apparaît sans prévenir. La jeunesse, la beauté…autant de pièges pour un homme comme Bertrand, avocat habitué aux relations très platoniques. Tsunami émotionnel en vue …
La réalisation est sobre, le casting impeccable. Qu’en est-il du scénario ? On regrettera un peu que le procès dans lequel est engagé Bertrand ne retienne guère notre attention. Les passages au tribunal sont en effet assez rasoirs et on attend qu’une chose : que Anne Fontaine retourne à ce bizarroïde et improbable triangle amoureux qui fonctionne comme par magie. On comprend bien que cette affaire de meurtre est un avertissement sur les dangers de la passion amoureuse qui guette nos protagonistes mais cela manque un peu d’intérêt et de subtilité. On pourra d’ailleurs dire la même chose pour un dénouement un peu précipité. Mais peu importe, cette Fille de Monaco nous captive la plupart du temps. Un habile mélange de comédie romantique, comédie tout court et drame sentimental. Louise Bourgoin est désormais une actrice à suivre. On peut penser que ce rôle était « taillé sur mesure », on demande maintenant à voir ce que la miss a dans le ventre. Il se pourrait qu’elle puisse aller très loin…