Les médecins motivés par l’évolution vers les soins « virtuels » et qui se sont autodéterminés à la téléconsultation, sont aussi ceux dont les besoins psychologiques au cabinet sont les plus satisfaits et ceux qui déclarent un meilleur niveau de bien-être dans cette nouvelle ère des soins numériques. En d’autres termes, « y aller à reculons », face à une tendance qui s’impose et ne pourra être contournée, entraîne une frustration dans l’exercice médical au quotidien, conclut cette équipe de l’Université de Calgary, dans les The Annals of Family Medicine.
Les chercheurs canadiens ont examiné l’impact sur le bien-être et la qualité de vie professionnelle des médecins, du passage rapide aux soins virtuels pendant la pandémie de COVID-19. A l’époque, les professionnels de la santé ont tous été contraints d’adopter la télésanté afin de répondre aux besoins des patients, tout en les protégeant du virus. Les chercheurs sont partis de la théorie de l’autodétermination qui suggère qu’une motivation autonome (par opposition à « imposée ») à aller vers un changement entraîne un meilleur bien-être psychologique. Ils apportent avec cette étude, une nouvelle photographie des effets de ce changement de pratique sur le bien-être des médecins.
La théorie de l’autodétermination se vérifie aussi chez les « médecins de famille »
lors du passage obligé aux soins virtuels, imposé lors de la pandémie, mais pratiqué plus librement depuis. Ainsi, même durant la période imposée, l’étude confirme que les médecins de soins primaires qui ont le plus volontairement évoluer vers ce nouveau mode d’exercice, sont aussi ceux qui en en tiré le plus de bénéfices psychologiques.
Cette satisfaction -par opposition à la frustration – des besoins psychologiques fondamentaux au travail lors de l’exercice médical quotidien a médiatisé cette relation entre une pratique obligatoirement élargie de la téléconsultation et la satisfaction et le bien-être au travail.
L’étude, qui consolide les données qualitatives de 156 médecins généralistes, concernant leurs niveaux de motivation, d’autodétermination, de satisfaction des besoins psychologiques au travail et de bien-être subjectif, conclut que :
- les médecins de soins primaires qui ont estimé ne pas avoir le choix ou peu de choix dans cette transformation des soins, accusent une forte diminution du bien-être, éprouvent une frustration de leurs besoins psychologiques aux niveaux de leur autonomie, de leur compétence et de leur appartenance à la profession et au système de santé ;
- à l’inverse, la satisfaction des besoins psychologiques fondamentaux associée à un plus grand bien-être apparaît associée à l’autodétermination de devoir évoluer vers ce nouveau mode de dispensation des soins de santé.
Plus largement, et bien au-delà de l’essor de la télésanté, l’étude réaffirme le lien indispensable entre la satisfaction des besoins psychologiques, le bien-être des médecins et la qualité des soins.
Source: The Annals of Family 28 Nov, 2023 DOI : 10.1370/afm.3031 Medicine Family Physician Motivation and Well-Being in the Digital Era
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Équipe de rédaction SantélogNov 29, 2023Équipe de rédaction Santélog