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Publié le 20 août 2008 par Zelast

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Manuel pour une lecture critique des médias

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"Techniques de désinformation, manuel pour une lecture critique des médias", est un texte élaboré par le Groupe d’Apprentissage Collectif de communication populaire, de l’Ecole populaire de Madrid, un centre de culture pour personnes adultes. Ecrit de façon directe et facilement compréhensible, il aide à comprendre comment est manipulée l’information dans les médias dominants.
Nous vous donnons à lire l’introduction ; le texte complet est téléchargeable en bas de page.

L’opinion publique constitue un élément fondamental pour la stabilité ou l’instabilité du système. Et dans une société médiatique, l’opinion publique se forme jour après jour par le biais du bombardement continu des moyens de communication. La vérité est ce qu’ils proposent comme vérité. Ce qui n’est pas reporté par la presse n’existe pas, et ce qui existe n’est que dans la forme selon laquelle elle apparaît.

L’importance des médias donne lieu d’une part, à un fort contrôle de ceux-ci de la part de qui a le pouvoir, et d’autre part, à la nécessité que ce contrôle passe inaperçu pour préserver l’apparence de liberté d’information, préalable indispensable à la définition d’une société qui s’affiche comme étant démocratique. Un troisième aspect est que la plus grande partie des médias sont des entreprises desquelles dérivent des impératifs commerciaux qui influent eux-aussi sur la ligne d’information. Le résultat de l’union de ces trois facteurs est la configuration d’un système de manipulation ample et subtil, parfois contradictoire, mais qui généralement, plutôt que d’informer, prétend imposer une réalité par le moyen d’opinions et valorisations présentées comme vérités indiscutables.

La récolte de ces techniques de désinformation est le fruit de trois années de travail du Groupe d’Apprentissage Collectif (GAC) de Communication Populaire, dans le cadre du projet éducatif et social de l’école populaire de "Prosperidad". Trois ans à analyser de manière critique de nombreux articles de presse tirés des principaux quotidiens nationaux espagnols de façon à, jour après jour, définir et élaborer critères et conclusions que nous vous présentons sous la forme de ces techniques.

Elles sont en effet toutes apparues de manière claire et répétitive, isolées ou combinées entre elles. Nombres d’entre elles peuvent être appliquées à d’autres médias, télévision ou radio, même si de façon différente car chaque moyen de communication possède ses méthodes de désinformation dues à ses propres caractéristiques.
La subjectivité est inévitable dans toute production intellectuelle [culturelle], c’est pourquoi, même en prétendant donner une vision neutre et impartiale de la réalité, on ne pourra jamais être totalement objectif. La meilleure manière de s’approcher de l’objectivité est de montrer la réalité vue par différents points de vue, recueillant ainsi des informations sur un même thème à travers des sources distinctes et des positions différentes.

Donc c’est justement sur ce point que réside un élément fondamental de la manipulation des médias : sous prétexte d’objectivité, l’illusion de nous offrir leur vision de la réalité comme s’il s’agissait de la réalité elle-même, en cachant toujours les intérêts qu’ils défendent. Pour faire une lecture critique de l’information, potentiellement objective, il est fondamental de connaître les intérêts auxquels répondent ceux qui t’offrent cette information.

La "réalité virtuelle" construite par les médias est donc partielle et biaisée. En général, ils donnent couverture et priorité aux points de vue de ceux qui tiennent les pouvoirs politiques et économiques (groupes commerciaux, grands partis politiques, gouvernements, grands syndicats...) quand les valorisations des opinions et des intérêts des jeunes, des personnes âgées, des travailleurs, des malades, des étudiants, des immigrés, des employés, des organisations populaires... sont presque toujours passées sous silence, ou reléguées, ou déformées.

La désinformation n’est pas toujours systématique, préparée et dessinée de manière consciente et contrôlée. La complexité des processus d’élaboration de l’information, et le vaste champ de recueil de celle-ci, font que souvent la désinformation est le fruit de l’incompétence du/de la journaliste qui ne connaît pas tel sujet, manque de temps et d’espace, et de ses préjugés ou de ceux du rédacteur en chef qui applique des schémas de travail trop simplistes ou trop sensationnels, etc. Cependant, il ne fait aucun doute que dans d’autres cas nombreux, il existe des campagnes de désinformation qui répondent à des intérêts économiques ou politiques clairs, du moyen de communication ou des groupes entrepreneurs qui le financent et le soutiennent.

La majeure partie des nouvelles est distribuée par les Agences de Presse internationales. Celles-ci sélectionnent en principe une petite part des informations parce que 90% d’entres elles sont généralement refusées. Autrement dit, ce qui vient à notre connaissance n’est qu’une petite fraction de ce qui se passe dans le monde. Il est donc nécessaire de connaître les critères de sélection utilisés pour le choix des informations et à quels intérêts elles peuvent répondre.

N’oublions pas que ces agences de presse sont le plus souvent de grandes entreprises nord-américaines, européennes et japonaises qui sont habituellement étroitement liées à d’importants groupes financiers en contact direct avec les gouvernements des pays auxquels ils appartiennent. Logiquement, ils n’ont pas intérêt à ce que se vérifient les échanges sociaux, ni certainement à faire connaître des événements et des situations qui manifestent des dangers et des aspects négatifs du système ou mettent en question sa validité.

Seulement, il n’y a pas que ces agences qui influent sur l’information (elles ne sont que le premier filtre), il y a aussi les banques qui financent les moyens de communication, les grands groupes ("corporations"), les entreprises qui ont des actions et qui soutiennent l’édition (journal, radio, TV) par le biais des publicités. Et il ne s’agit pas seulement d’entreprises : par exemple, l’Etat espagnol est celui qui apporte le plus d’argent aux médias nationaux sous la forme de publicités (payées avec l’argent public) ; de cette façon indirecte, on peut "punir" ou "récompenser" les voix adverses et celles qui sont favorables.

En plus, parler de la ligne éditoriale [idéologique] des journalistes et des rédacteurs, cela revient à dire aussi : leurs préjugés, leur corporatisme, spécialisation excessive, fidélité à l’entreprise et tendance à l’autocensure... qui influent sur l’orientation de l’information.

La désinformation vient par conséquent de nombreux filtres et biais, sans qu’aucun d’eux en particulier, sinon l’ensemble du processus, soit la cause pour laquelle l’information nous arrive manipulée et déformée, et notamment altérée consciemment. Donc, la désinformation se trouve tant dans ce qui est publié, que dans la façon dont on le publie.

De temps en temps apparaissent des nouvelles critiques et discordantes dans les médias. Mais en général, ce ne sont que des "fissures contrôlées" qui donnent crédibilité au média en le dotant de d’une apparence de pluralité et d’indépendance, et qui sont abondamment contrastées par un bombardement d’informations de signe contraire (qui répondent aux divers intérêts du pouvoir) ou par une présentation qui suggèrent un caractère lointain et anecdotique. En outre, la majorité de ces informations discordantes, réellement critiques, apparaissent souvent sous la forme d’opinion (colonnes, "lettres au directeur", "point de vue") qui relativisent leur importance.

Ce dossier n’est pas centré sur les causes et les origines de la désinformation (structure du processus médiatique, intérêts politico-économiques...) mais sur les formes avec lesquelles se met en oeuvre cette désinformation dans la presse, sous l’apparence d’objectivité et d’exhaustivité du périodique. C’est la raison pour laquelle nous l’avons sous-titré « Manuale per una lettura critica della stampa ». Parce que au-delà des inquiétudes théoriques, ce travail est guidé par un désir pratique de fournir des instruments pour l’analyse critique.
 
Les techniques de manipulation qui sont ici récoltées ne sont qu’une goutte d’eau du courant qui travestit la réalité. Cependant, il apparaît important d’apprendre à se défendre des médias, à voir ce qu’il y a derrière la façade (lire les articles "à l’envers") pour, à l’arrivée, pouvoir planifier et défendre l’exigence et la nécessité d’avoir une information au service de nos intérêts, et non contre ceux-ci.
Le dossier présent est structuré en trois parties. Dans la première, on voit comment est organisée et hiérarchisée l’information dans un journal (sections, extensions...), le contexte dans lequel est présenté un article et comment sont agencés ces derniers. Dans la deuxième partie, on analyse le langage écrit, photographique et statistique, c’est-à-dire la forme dans laquelle les infos nous sont présentées, le style narratif, l’usage des guillemets, adjectifs... Dans la troisième et dernière partie du travail, on étudie le contenu des articles : leur précédent, leur falsification, les sujets traités, ce qui sont omis et ceux qui sont exagérés. Suit une annexe avec des articles concrets qui fournissent exemples et les points et idées exposées (se reporter à la publication en espagnol pour les annexes, illustrations, références du texte...).


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