Par DanSolal
Tous ports ouverts... Deux havres culturels. L'un dans cette Angleterre qui reste très « euromolle » mais ne manque pas de souffle et l'autre en Norvège où l'on rejette l'Union européenne mais où l'on se sent très « européens », avec des idées...et du pétrole.
Depuis janvier, la britannique Liverpool et la norvégienne Stavanger vibrent au rythme de concerts, d'expositions et d'évènements artistiques hauts en couleurs :Elles assument plus que bien leur rôle de capitales européennes de la culture 2008 .Des centaines de manifestations sont organisées tout au long de l'année dans les deux villes. Elles devraient attirer chacune jusqu'à un million de visiteurs.
Une fois encore le Parlement européen semble avoir fait un « bon choix ». Pleins feux donc ou plutôt vagabondage virtuel dans deux cités bien réelles
Liverpool : l'ombre des Beatles
La Mersey, vous connaissez ? C'est est un fleuve du nord-ouest de l'Angleterre. Son nom vient de l'anglo-saxon 'Mǽres-ēa' (fleuve frontière) car ce fleuve délimite les frontières des comtés du Cheshire et du Lancashire. La Mersey traverse la ville de Liverpool et a donné son nom au Merseybeat, un courant musical des années 1960 très marqué par l'identité de Liverpool. Tout le Merseyside est en fête...A moi les petites anglaises de l'estuaire....Après un atterrissage au John Lennon Airport, of course. Sous l'œil goguenard des Liverpudlians, Scousers, pour les intimes.
Des gens bien sous tous rapports, même s'ils sont de deux camps. Celui des Toffees. Et celui des Reds. Là,je parle foot, bien sûr. Deux aquipes en première division anglaise : le Everton Football Club qui joue à Goodison Park et le Liverpool Football Club qui joue à Anfield. Le Liverpool Football Club (LFC) possède, avec dix-huit titres de champion d'Angleterre et cinq Coupes d'Europe des clubs champions ou Ligues des champions, le plus grand palmarès national. Arsène Wenger en rêve-t-il ?
La population de la ville est (recensement 2001) de 439 473 habitants (plus de 1 000 000 dans l'agglomération ! ). Deuxième port à l'exportation du Royaume-Uni, elle possède encore une industrie importante (chantiers navals, automobiles avec Jaguar). La ville est célèbre internationalement pour avoir vu naître les Beatles (on va finir par le savoir) et toute une génération de groupes appelés collectivement Merseybeat ; Frankie Goes to Hollywood, Echo and the bunnymen. Inutile de vous dire que la musique est au cœur du programme de cette année « européenne ». Mais pas seulement... En tout, près de 350 évènements, pour la plupart gratuits, sont organisés dans la ville, célébrant l'art, l'architecture, la danse, le cinéma, l'art culinaire et le théâtre de Liverpool.
Tous les bons guides vous le diront : Liverpool a été au fil des siècles une ville de passage pour des milliers de migrants (pour beaucoup Irlandais) et des marins venus commercer par son port. Une position de carrefour qui en a fait une ville très diverse linguistiquement (60 langues différentes y seraient parlées !) et culturellement.
Je pompe sans scrupule un bon résume de Wikipédia : « La fondation de la ville est communément située le 28 août 1207, quand la ville fut constituée en borough et obtint le statut de port par décision royale. Au début, elle était simplement un point de ralliement pour les troupes partant pour l'Irlande et au milieu du XVIe siècle sa population n'était que de 500 habitants. Le bac qui la relie au Wirral est le plus ancien connu : il fut installé par des moines. La ville fut l'enjeu de plusieurs batailles durant la Guerre civile anglaise.
C'est seulement au XVIIIe siècle lorsque le commerce avec les Antilles devint florissant que la ville commença à s'étendre. Le commerce des esclaves participa à sa croissance et fut à l'origine à la fois de sa richesse et de l'afflux de sa population noire.
Au début du XIXe siècle 40% du commerce maritime mondial passait par Liverpool. En 1880 la ville gagna le statut de cité. La croissance se poursuivit durant la première moitié du XXe siècle et la population dépassait 850 000 personnes en 1930.
La ville fut bombardée durant la Seconde Guerre mondiale, surtout en mai 1941.Bien que seulement 2 500 personnes moururent, plus de la moitié des maisons subirent des dégâts et 11 000 furent détruites.
Après la guerre, des reconstructions furent effectuées et de nombreux immeubles rebâtis. La ville connut encore quelques années de prospérité. Cependant, le déclin de l'industrie manufacturière britannique, principalement l'industrie textile du Lancashire dans les années 1970-80, de nouvelles façons de procéder au transport maritime (l'utilisation de conteneur, ce qui nécessite moins de main d'œuvre), ainsi que le développement d'autres ports comme celui de Southampton, plus près de Londres, entraînèrent un déclin de la ville dont la population n'était plus que de 460 000 en 1985 (le plus gros employeur était alors la municipalité).
Bien que l'on assiste à un regain de l'économie depuis quelques années, la croissance y est toutefois plus lente que dans le reste du Royaume-Uni, au profit notamment de la ville de Manchester. Le taux de criminalité y est l'un des plus élevés du pays. »
Oh ! Il ne m'est pourtant rien arrivé de malheureux ! Pourtant, je me suis évidemment exposé dans le Toxteth ce un quartier, situé à environ 1,5 km au sud du centre-ville renommé pour les émeutes (raciales ? sociales surtout...) qui s'y déroulèrent en 1981. Mais Toxteth, c'est d'abord une histoire. Il est mentionnée dans le Doomsday book de... 1086. On m'a dit que le fondateur du village initial fut un Viking du nom de Toki Staith qui aurait vécu au IXe siècle.
Un fait intéressant. J'en ai un peu abusé (à cause du temps) : en dehors de Londres (of course) c'est la ville du Royaume qui compte le plus de musées et de galeries ... Et son patrimoine vaut le déplacement : en 2004, son front de mer a même été classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Et son architecture est d'une richesse qui n'épuise pas les regards. exemples d'architecture les plus impressionnants et spectaculaires d'Europe.
De la grandiose salle de St George aux présences imposantes des deux cathédrales de la ville, Liverpool a la chance de posséder de magnifiques bâtiments, qu'ils soient publics ou privés. Des décors qui inspirent artistes, écrivains et...cinéastes.: Liverpool est une des villes du Royaume-Uni les plus filmées et a servi de double pour New York, Chicago, Dublin, Paris et Moscou au cours des dernières années.« Au nom du père », « À la poursuite d'Octobre Rouge » et plus récemment « le 51e État » sont juste quelques-unes des grosses productions qui ont été filmées dans cette ville historique.
Ce qui n'est pas du cinéma, c'est ce que l'on faire de ses soirées. Amateurs de night-clubs, bienvenue...La réputation de ville animée de Liverpool n'est pas usurpée. Au bord du fleuve, dans le complexe de l'Albert Dock, j'ai fait plus que m'attarder. Mais je ne suis ici pour vous raconter ma vie privée...Qui m'avait dit que Liverpool engendrait la mélancolie ? Quand on la quitte, oui...
Stavanger en Norvège, un « port ouvert »
Un autre port où l'on a envie de jeter l'ancre. Stavanger. Au pays du soleil de minuit. Attention aux paysages ! Les fjords, Vous connaissez, j'espère.... Prononcez fior. C'est est une vallée glaciaire très profonde, étroite et aux côtes escarpées. L'eau de surface des fjords est très peu salée : elle est en grande partie issue de torrents et de la fonte des neiges. Il s'agit d'une eau froide mais douce. Moins dense que l'eau salée de la mer, cette eau ne s'y mélange que lentement et la surface de la mer reste donc assez douce. Stavanger est aussi fière de ses fjords que de son port. Un bel écrin pour un port ouvert. Sur l'art, la créativité, la culture, les autres, les idées novatrices.
Avec 117.315 habitants au 1er janvier 2007, elle est la quatrième ville du pays et le centre de la troisième agglomération norvégienne avec près de 300.000 habitants.
Pour les amateurs d'histoire, une plongée chez Wikipédia : « Stavanger n'acquit son statut de ville qu'en 1125, au moment de la construction de sa cathédrale. La ville est donc fortement imprégnée de son rôle dans la vie chrétienne. Vers 1100, la ville devint aussi un centre administratif et commercial important. En 1536, avec la Réforme, le poids religieux de Stavanger déclina et au début du XVIIe siècle l'évêché fut déplacé à Kristiansand. La pêche de hareng donna un nouveau souffle à la ville au XIXe siècle. Les activités traditionnelles de Stavanger sont le transport maritime, la construction navale et l'industrie de la conserve. Dans les années 1950, on a compté plus de 50 conserveries. La dernière a été fermée en 2002, mais on peut maintenant y visiter le musée de la conserve. Stavanger est la capitale de l'industrie pétrolière norvégienne. C'est au milieu des années 1970 que le pétrole devint le premier secteur d'activité de la région. La plus grande compagnie pétrolière de Stavanger (Statoil) est détenue à 62,5% par l'État »
Son musée du pétrole vaut le détour. Ici, çà carbure : le Pétrole lui garantit une prospérité confortable (avec un taux de chômage de... 1% !).Est-ce à cause de l'or noir que l'OTAN a installé un centre de guerre interarmées à Forus, près de Stavanger, en octobre 2003 ? Mais non...Le grand Nord aussi est une pièce maîtresse sur l'échiquier géopolitique.
Pour célébrer son statut de capitale de la culture, Stavanger n'a pas regardé à la dépense. 40 millions d'euros, m'a-t-on dit. Total fait bien sûr partie des « sponsors ». Au total, plus de 1 000 manifestations Avec des ateliers qui encouragent les habitants de la ville à créer leurs propres œuvres. Avec des artistes internationaux venus travailler avec des artistes locaux.
Deux spécificités : la place accordée à l'architecture et aux arts de la table.
En ce qui concerne l'architecture, le projet Norwegian Wood, précurseur et écologique, compte parmi les plus novateurs de « Stavanger 2008 ». Norwegian Wood regroupe 15 constructions fonctionnelles (des logements, des crèches, etc.) construites en bois et conformes aux critères très stricts de protection de l'environnement. Ces projets écologiques ont fait l'objet de concours auxquels ont participé de nombreux architectes, tous reconnus à l'échelle internationale. Norwegian Wood veut faire en sorte que Stavanger, ville construite majoritairement en bois, soit un exemple à suivre pour ce qui est de l'architecture moderne et écologique
Coté gastronomie : Le Bocuse d'Or, surnommé la « Formule 1 » des chefs, a célébré ses 20 ans de succès à Stavanger les 1er et 2 juillet. Et Monsieur Paul en a profité pour créer le Bocuse d'Or Europe.
Les découvertes culinaires ont été également au cœur du festival Gladmat (« nourriture heureuse ») qui s'est déroulé du 23 au 26 juillet. L'objectif du festival est de promouvoir l'intérêt pour la gastronomie auprès du grand public et de faire découvrir notamment les traditions culinaires de la région. Et dieu sait q'il y en a...Nous en parleront dans notre section « l'Europe gourmande »...
Amateurs de musique, il est déjà trop tard pour un certain nombre de manifestations de cette année exceptionnelle (notamment pour le festival de musique de chambre), mais il reste au programme deux festivals qui vont faire courir nombre de mélomanes et d'Européens qui vivent « oreilles ouvertes »
Promotion et expérimentation des nouveaux styles musicaux et débauche d' arts underground : Numusic/Nuart illustre la diversité et le rôle d'avant-garde de la scène musicale de Stavanger (Du 5 au 9 septembre) Trois groupes français y participeront: Jean-Jacques Perrey, Sex in Dallas feat. Biladoll, et Dat Politics.
Semaine de la musique nordique ("Nordic Music Week"). Du 5 au 8 novembre : découverte de nouveaux talents ! Ici, en partie grâce au pétrole, les arts et la culture mettent le turbo.
DanSolal
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