Décidément, les journalistes du quotidien Le Monde n'ont pas la langue dans leur poche. Après avoir rencontré Nicolas Legendre qui fait un récit sans concessions des ravages de l'agro-industrie, nous voici plongés avec Benjamin Keltz dans l'enfer de la crise du logement sur les rivages de la Bretagne, paradis touristique pour les adeptes du grand bain. Edité par la maison d'édition qu'il a fondé en 2012, les éditions du coin de la rue, l'ouvrage magnifiquement illustré fait le point sur l'hibernation de cette bretagne littorale, massivement squattée par le phénomène des locations temporaires dont AirBnB est un symptôme révélateur de spéculations immobilières incontrôlables, avec des conséquences délétères, écoles , boulangeries, bars qui ferment. Ce qui s'est passé sur les îles se produit désormais sur le littoral où les habitants les plus modestes sont repoussés dans les terres. Ces recalés du littoral sont pourtant les essentiels que l'on encensait pendant la crise du COVID : les instituteurs, les artisans, les professions de santé, les journalistes... De nombreux sujets sont abordés, les poêtes comme Xavier Grall ou George Perros sont mis à contribution, on questionne l'équilibre entre l'apport de la manne touristique et la vitalité d'un territoire, on aborde les notions d'héritage, de rente, de propriété privée, tous ces sujets sont abordés dans cette belle réflexion sur l'avenir de la société bretonne.