Comment ne pas évoquer les dix morts et les vingt et un blessés de l'armée française suite à une embuscade préparée par les Talibans en Afghanistan. Le président de la République répète que c'est une guerre pour la liberté et contre le terrorisme qui est conduite là-bas depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York. L'émission C dans l'air sur France 3 était consacrée, ce mercredi, à cet acte de guerre. Des experts en géopolitique et des journalistes (sans oublier le colonel) ont disserté pendant une heure sur la nécessité pour les Français de faire partie (ou non) de la coalition anti-Talibans et donc anti-Al-Qaïda.
Au mois d'avril dernier, François Hollande, au nom du Parti socialiste, a interpellé le gouvernement et le président de la République qui annonçait, d'Angleterre où il se trouvait, l'envoi de renforts en Afghanistan. Il y voyait un changement de stratégie et une menace sérieuse pour la vie de nos soldats. En réalité, services spéciaux, aviateurs, parachutistes français…sont depuis huit ans à Kaboul et partout ailleurs dans ce pays afghan très montagneux et aux frontières passoires avec le Pakistan notamment. Avec 160 000 hommes, des chars et des hélicoptères, les forces soviétiques n'ont pas réussi à vaincre les Talibans alors aidés par les Américains. 70 000 hommes, Américains, Canadiens, Britanniques, Français, Espagnols…ne réussiront pas non plus. Si bien qu'on connait la fin de l'histoire. Elle sera encore tragique pour nos soldats et risquée à Paris ou dans n'importe quelle autre ville française pour peu que les al-Qaïdistes décident de perpétrer des attentats. Nous vivons donc dans un monde dangereux et une période non moins dangereuse.
Les morts et les blessés sont, pour la majorité d'entre eux, des jeunes de 20 ans de moyenne qui ont été envoyés en Afghanistan en juillet dernier partant de Castres la ville garnison. A Castres, c'est la consternation. Des militaires victimes de l'embuscade ont mis en cause (Le Monde de ce soir) la chaine de commandement et la difficulté de communiquer avec les renforts. Certains avancent même que des victimes l'ont été sous le feu ami. On ne fait pas la guerre sans morts ni blessés : Axel Poniatowski, qui était à Kaboul avec François Loncle, il y a six semaines, se demande si les dirigeants de notre pays ont bien conscience de la dangerosité de la situation. De la part du président UMP de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, cette interrogation a de quoi surprendre.
Il est vrai que la corruption des dirigeants afghans est patente, que la reconstruction tarde à se voir, que les forces talibanes règnent dans tout le sud du pays, que la guerre entre sunnites et chiites faire rage, que le Pakistan est instable (avec la bombe atomique !) et que la France n'a pas forcément les moyens de sa politique. Demain, la France honorera la mémoire des dix militaires morts en opération. Ils laissent des épouses, des parents, des enfants qui posent cette question : faut-il mourir pour Kaboul ?