Ne regardez pas par-dessus votre épaule, mais l’IA arrive. Reste à savoir si son approche imminente est une mauvaise chose. Lorsque j’ai récemment parlé à Yihao Chen, l’homme qui s’apprête (potentiellement) à changer la musique pour toujours avec ITOKA, j’ai été positivement réconforté. “Vous savez déjà que les Beatles ont adopté avec succès le synthétiseur au tout début, en utilisant des synthétiseurs Yamaha dans un grand nombre de leurs chansons célèbres, et ce fut un succès ! Aujourd’hui, tout le monde aime ça et admire la façon dont ils ont adopté les nouvelles technologies comme source sonore dans la musique”, a expliqué le Chen, à la voix douce, bien élevé et absolument pas méchant, satisfaisant ainsi mon besoin d’être rassuré sans dystopie.
Mais c’est alors qu’une remarque bien plus inquiétante a été formulée. “Les personnes qui ne sont pas prêtes à s’adapter et à utiliser cette technologie pourraient souffrir du fossé que nous créons entre les personnes qui utilisent les données et celles qui ne les utilisent pas”, a-t-il déclaré. À l’heure actuelle, je n’ai même pas encore Apple Pay et je souffre à chaque fois que je laisse mon portefeuille derrière moi, alors cette remarque m’a fait froid dans le dos. De plus, cette remarque soulignait que mes collègues techno-initiés ne seraient pas les seuls à souffrir, mais que la notion d’écart serait très probablement favorisée par les pouvoirs en place… comme c’est souvent le cas dans le monde capitaliste.
Ainsi, lorsque les Beatles ont récemment sorti leur dernière chanson, qui s’est avérée si importante que Clem Burke nous a dit : “Étant ici à Londres le jour de sa sortie, je trouve que c’est une expérience d’écoute très poignante et profonde, l’arrangement des cordes ajoutant à son impact émotionnel”, et des millions d’autres personnes partageant ce sentiment, il était difficile de dire si une telle raison de se réjouir intégrait le fait que l’IA apparaissait soudainement comme un outil de progrès harmonieux, ou si les écueils potentiels avaient été négligés…
Tout d’abord, je me suis demandé comment John Lennon avait pu être ramené d’entre les morts avec une telle véracité. “L’équipe de Peter Jackson a mis au point une technologie d’apprentissage automatique de l’IA capable d’analyser les fréquences de chacun des instruments de l’ancien enregistrement de John Lennon”, explique Michele Darling, titulaire de la chaire de production et de conception électroniques au Berklee College of Music. “Dans ce cas, il pouvait faire la différence entre la voix de John et le piano.
Darling poursuit : “On pourrait apprendre à la technologie d’apprentissage automatique à apprendre une voix ou un instrument sur la base d’un ensemble de données sonores qu’on lui fournit. La technologie pourrait apprendre la voix et le piano, dans l’espoir de pouvoir identifier et isoler des timbres similaires dans l’ancien enregistrement.” En d’autres termes, la technologie était essentiellement un orpailleur sonore, capable de passer au crible le mélange d’un enregistrement boueux et d’en séparer les éléments constitutifs. Une technologie similaire est utilisée dans les raffineries de pétrole depuis des décennies, car les signatures chimiques permettent la séparation.
Nous pouvons ensuite affiner davantage, et l’utilisation de l’IA pour “Now and Then” n’est apparemment pas différente. “La séparation des pistes de voix et d’instruments peut améliorer la qualité”, explique M. Darling. “Par exemple, la voix et le piano ont été enregistrés sur le même microphone, et lorsque le piano devenait trop fort, nous perdions un peu la voix. Elle sera plus claire si le piano ne gêne pas. Une fois que vous avez isolé la piste de la voix, vous pouvez ajouter des outils de production musicale et des traitements plus courants pour améliorer le son de la voix, par exemple en éliminant les bruits parasites, en augmentant le volume et en rendant l’ensemble plus équilibré.
Lorsque je demande si l’IA comble des lacunes – un facteur qui gâcherait certainement le processus en le plaçant sur une pente glissante qui n’est tout simplement pas celle du cricket – on m’assure que “c’est tout John. C’est sa voix, celle de l’enregistrement original. Elle a juste été extraite du mauvais enregistrement à l’aide de l’apprentissage automatique de l’IA, puis améliorée et adoucie à l’aide d’outils de réduction du bruit et d’autres traitements typiques de la production musicale de nos jours”.
Dans cette optique, l’IA doit être considérée comme un progrès de ce qui est déjà courant dans la musique, et non comme une nouvelle force en place. Mais la manière dont elle a été déployée pour “Now and Then” va-t-elle devenir un effort rentable qui annonce un nouvel avenir pour le passé de la musique ? “Et si vous pouviez améliorer la qualité d’un vieil enregistrement ? demande Darling. “Ne voudriez-vous pas entendre les sons plus clairement si vous le pouviez ? Cette technologie particulière est actuellement à l’étude. La technologie de Peter Jackson n’est pas accessible à tout le monde, mais je pense qu’elle le sera de plus en plus dans un avenir proche. Reste à savoir s’il s’agit de la technologie de Jackson ou d’autres. Mais cela ne s’arrêtera pas à “Now and Then”, c’est certain.
Cependant, la dernière chanson des Beatles devrait être considérée comme la référence. Le triomphe de ce morceau, la raison pour laquelle il a fait pleurer des batteurs punk comme Clem Burke, ma tendre moitié et sans doute des millions d’autres, c’est parce que l’IA a été réduite à une simple aide dans les adieux d’un groupe qui n’a cessé d’utiliser la technologie pour faire progresser l’art. Comme me l’a dit Ryan Dann, le musicien d’ambiance à l’origine de la Holland Patent Public Library, “je ne pense pas que l’IA va remplacer l’art parce que je pense que le cœur de l’art, c’est que vous avez l’impression d’être en contact avec quelqu’un d’autre”, même si ce quelqu’un n’a pas de visage.
“Il y a une personne à l’autre bout de l’œuvre et elle essaie de communiquer quelque chose. Lorsque vous vous connectez à une œuvre d’art, vous vous connectez à une personne. Vous n’êtes pas simplement en contact avec des images, vous voyez ce que je veux dire ? “Lorsque vous regardez les lys d’un tableau de Monet, vous voyez que le peintre devenait aveugle et qu’il essayait de capter les dernières parcelles de lumière auxquelles il allait avoir accès et de les transposer dans une peinture. Même si l’IA créait quelque chose de similaire, vous ne ressentiriez rien parce que, genre, qui s’en soucie ?
Ainsi, la remarque essentielle à propos de “Now and Then” est tout simplement : “It’s all John”.
Jeu de briques
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Pacman
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