La course pour la succession du Secrétaire Général de la présidence de la République (SGPR) s’annonce déjà rude au Cameroun. Mais un nom semble tenir la corde parmi les prétendants : celui de Bernard Messengue Avom. Portrait d’un challenger au parcours atypique.
Brillant, humble et travailleur. Voilà comment on pourrait résumer le profil du Dr Bernard Messengue Avom. Administrateur civil de carrière, ancien Contrôleur et Inspecteur d’État, ce natif de Minta dans la Haute-Sanaga a toutes les compétences techniques et politiques requises pour occuper l’une des fonctions les plus stratégiques de la République.
Un destin contrarié
Pourtant, son étoile a failli ne jamais briller. Alors qu’il était pressenti pour gravir les plus hautes marches du pouvoir, Bernard Messengue Avom est soudainement éjecté du gouvernement le 9 décembre 2011. La cause ? Des rumeurs de pratiques « moralement condamnables » propagées par des langues d’aspic. Dans un système politique camerounais où l’occulte a encore ses adeptes, difficile de discerner la part de vérité de ces accusations.
Quoiqu’il en soit, cet épisode marque le début d’une traversée du désert pour le Dr Avom. Son rival et frère du village ne lui fait aucun cadeau, l’écartant définitivement des sphères du pouvoir. Mais le sphinx reste de marbre. Serein, il attend patiemment son heure, fort d’une conviction intime : son destin n’est pas encore accompli.
L’ascension d’un stratège
Effectivement, le vent semble tourner en faveur de Bernard Messengue Avom. Sa longue retraite studieuse n’a fait que renforcer son aura de fin tacticien. Ses proches évoquent un esprit brillant et visionnaire, qui a préparé avec minutie son retour en grâce.
Homme du sérail, il bénéficie encore du soutien de certains caciques du régime et de la jeunesse de la Haute-Sanaga, qui n’a pas oublié ses largesses passées. Son profil de challenger, à la fois humble et ambitieux, séduit également une partie de l’opinion encore méfiante envers « l’arrogance » des barons du Sud.
Bref, tous les signaux sont au vert pour que le Dr Avom prenne sa revanche et s’installe dans le fauteuil ô combien convoité du SGPR. L’heure de la succession du général Ferdinand Ngoh Ngoh a enfin sonné, et l’oiseau rare tant attendu par le sérail pourrait cette fois venir du septentrion.
Un destin national
Car au-delà des querelles de clans, la nomination du futur SGPR revêt un enjeu capital pour l’avenir du Cameroun. Dans un contexte de fin de règne agité où les rapports de force internes et les ingérences extérieures menacent la stabilité du pays, le choix de l’homme de confiance du Prince sera déterminant.
Docteur en droit, fin connaisseur des arcanes du pouvoir et des dossiers gouvernementaux, Bernard Messengue Avom présente toutes les garanties pour mener à bien les chantiers stratégiques de l’après Biya. Surtout, sa proximité avec le sérail et son ancrage dans le terreau de la Haute-Sanaga pourraient favoriser une transition en douceur, loin des tumultes et des déchirements. Lui seul semble en mesure de rassembler et pacifier le Cameroun dans cette période charnière de son histoire.
Son destin personnel croise ici le destin national. Et si Bernard Messengue Avom était finalement l’homme providentiel appelé à conduire le Cameroun vers des rivages plus apaisés ? Lui seul connait la réponse. Mais une certitude demeure aux yeux des observateurs : avec un tel parcours semé d’embûches, le Dr Avom ne peut être qu’un homme prédestiné.