Le groupe portugais Mota Engil vient de remporter un énorme contrat de 282,7 milliards FCFA pour la réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua longue de 242 km. Un marché attribué de façon expéditive sur instruction du président Paul Biya, suscitant des interrogations.
Un marché colossal sur ordre présidentiel
C’est par le biais d’une correspondance du Secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) datée du 31 octobre 2023 que l’attribution a été signifiée au Ministre des Travaux Publics.
Aucun détail n’est fourni quant aux critères de sélection du groupe portugais, ni sur le calendrier. Le marché est simplement octroyé à Mota Engil pour un montant faramineux, comme si l’appel d’offres était une simple formalité.
Une procédure habituelle qui interroge
Ce n’est pas la première fois que Mota Engil bénéficie de telles faveurs. L’entreprise fait même partie des chouchous du régime pour les grands projets d’infrastructures. Elle est en lice pour décrocher la 2ème phase de l’autoroute Yaoundé-Douala.
Ce traitement de faveur récurrent, avec attribution directe des marchés, contraste avec les déboires d’autres sociétés comme Sinohydro. Ces pratiques nébuleuses jettent un doute sur la gestion des contrats publics au Cameroun.
Des sous-traitants locaux lésés
Par le passé, l’attribution précipitée de marchés à Mota Engil s’est souvent accompagnée de retards de paiement vis-à-vis de ses sous-traitants camerounais.
En 2020 et 2021 par exemple, l’entreprise portugaise avait accumulé près de 14 milliards FCFA de dettes auprès de PME locales intervenant sur ses chantiers. Une situation très préjudiciable dénoncée à l’époque par le Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM).
On espère que toutes les leçons de ces dérives passées ont été tirées, afin que les prestataires camerounais ne soient pas une nouvelle fois les dindons de la farce. L’octroi de ce contrat pharaonique à Mota Engil mériterait au minimum davantage de transparence.