James Armstrong à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 19 novembre 2023
michel
Après le forfait d'Ivy Ford, tournée annulée, La Grande Ourse déniche un remplaçant de qualité: James Armstrong.
On mentionne un extrait de la bio du gars de L A, ayant vu le jour lors d'un mois où on déconseille de se découvrir, c'était en 1957: James Armstrong had blues music in his blood from the very start. His Mom was a blues singer, his Dad played jazz guitar. Armstrong formed his first band in the 7th grade, and by age 17 he was touring the country.
Comme le bluesman aime débiter des anecdotes concernant son parcours, on les mentionnera au fil de l'analyse du concert.
Un point introductif: à 5 ans il voulait se vouer à la batterie ( trop compliqué pour lui, ajoutera l'espiègle Denis Agenet), à 7 ans il opte pour la guitare.
Sa discographie n'est pas surabondante, à peine 7 CD's, par contre il a fait 10 fois ( au moins) le tour de la terre pour faire entendre sa guitare jouer le blues.
Depuis fin octobre, il était en tournée sur le Vieux Continent, visitant l'Allemagne, la Suisse, la Belgique et la France, le concert à La Grande Ourse clôturait son périple.
Comme souvent lorsqu'un musicien américain traverse les océans, l'équipe qui l'accompagne sur scène est constituée de mercenaires, ce soir, le talentueux Denis Agenet, interprète/traducteur à ses heures perdues, tient les baguettes ( vu maintes fois à Saint-Agathon) / à la basse on a vu le sobre Abdell B-Bop Bouyousfi/ et aux claviers, un improvisateur né, Jean-Patrick Cosset .
Les trois coco(rico)s ont déjà tourné aux côtés d'Ivy Ford, quel hasard!
Opener sans la star, un instrumental juteux, sentant bon Booker T
Are you ready for the blues, propose Denis.
Bête question, personne ne s'était déplacé pour un concert de deep house.
Ladies and gentlemen, vos applaudissements pour James Armstrong.
Sans se presser, le Californien, vêtu d'un sémillant veston aussi beau que ceux que portent Chris Isaak, d'un futal noir, de pompes cirées et d'un petit chapeau coquet, rapplique.
Dès les premiers accords, le public a compris qu'il n'est pas question de se morfondre ce soir, ça va s'agiter ferme.
' Why I sing the blues' emprunté à B B King ouvre le bal, le jeu est fluide, la voix grasse et l'homogénéité du trio qui l'accompagne est exemplaire .
Tes voisins frappent le sol du talon, au premier rang, un gars, qui a eu des cheveux il y a longtemps, entame un solo d' air guitar savant, tout va bien!
It's the last show of the tour et croyez en mon expérience, c'est souvent le meilleur.
On t'avait prévenu, James est du genre storyteller à rallonges, le contact avec le public, il connaît.
Il enchaîne sur ' Got it goin' on' le titletrack d'un LP sorti en 2000, une pointe de slide bien placée, pour nous prouver qu'il n'a rien perdu de sa dextérité, malgré le coup de poignard qu'un malfrat lui a refilé en 1997, le laissant pour mort sur le plancher.
A force de travail, James a retrouvé tous ses moyens et il est bien alive and kicking.
' Blues has been good to me' , la soulful song qui donne son titre au dernier album permet à J P Cosset de placer quelques arabesques soignées, à l'orgue.
Le blues, c'est bien, Robert Palmer, c'est pas mal, non plus, on vous joue son 'Addicted to Love', Denis s'occupe des secondes voix.
Qu'il y a des anges pour protéger les musiciens, victimes d'une agression, James Armstrong en est persuadé, de là, la composition ' Guitar Angels', une autobiographie chantée.
Jeu créatif et voix chaude ( à la Robert Cray) et une leçon de morale... don't give up, les guitar angels sont là pour te soutenir!
Plusieurs de mes chansons se retrouvent sur des BO's de films, notamment au générique de ' Speechless' avec Michael Keaton et Geena Davis , voici ' Bank of Love'.
Sa mémoire doit lui jouer des tours, car le titre repris dans le film de Ron Underwood était '2 Sides'.
Anyway, son ' Bank of Love' balance généreusement , le funk dégouline à grandes eaux.
Un nouvel album est prévu pour 2024, 'Ragtop' se retrouvera sur cette plaque, un titre pour les amateurs de cabriolets à l'ancienne.
La seconde branlée de slide de la soirée a ravi le champion d'air guitar qui a mimé à la perfection la glissade sur les cordes imaginaires de sa Fender.
Pas de grosses surprises avec James Armstrong, son blues est des plus classiques, c'est ce que le public demande: de l'authentique et du loyal!
Je n'ai jamais rencontré B B King, mais à chaque concert je reprends' The thrill is gone'.
Six minutes de bonheur intense!
James grimace, Saint-Agathon jubile!
S' il n'avait été musicien,James aurait pu être stand-up comedian, il nous balance une nouvelle anecdote, concernant sa conjugale, elle nous vaut le cocasse ' Grandma's got a new friend'.
Nouvelle incursion dans l'univers des standards du blues, avec une version personnelle de 'Got my mojo working', qui voit chaque intervenant placer un solo, huileux pour l'orgue et la basse, fougueux pour le batteur.
Avant d'entamer ' Healing time' il évoque Mike Ross qui a écrit les lyrics de ce morceau retravaillé pendant la pandémie.
Un autre de ses héros se nomme John Lee Hooker, so it's time to boogie on ' Boom Boom'.
Un coup d'oeil à la tocante, ouille, on approche du terme, Saint-Agathon j'ai besoin de votre aide pour le refrain de 'The blues is alright ' , capisce?
Eh, eh, the blues is alright et la guitare flambe de mille feux et le fringant sexagénaire se paye un voyage dans la salle et Saint-Agathon bat des mains, tape du talon et hurle à pleins poumons.
Fin d'un show flamboyant, donné par un gars généreux, qui revient avec ses desperados pour un rappel sous forme de boogie, ' Six bar City', qui a fait réagir Adrien... que six bistrots dans ce bled, c'est pas un endroit pour un Breton!
Dimanche prochain: Alabama Mike à La Grande Ourse!