Gros Coeur au Chaland qui Passe à Binic, le 18 novembre 2023

Publié le 20 novembre 2023 par Concerts-Review

Gros Coeur au Chaland qui Passe à Binic, le 18 novembre 2023

michel

Cœur blessé, torturé par tout le mal que tu m'as fait, adieu je m'en vais le cœur gros....

Merci, Petula, mais il s'agit de Gros Coeur, qui bat, pas forcément la chamade, depuis un peu plus de deux ans entre Liège et Bruxelles.

Ces quatre garçons aiment le vent ce qui explique leur mini-tournée en pays Breizh. Après Nantes ( Guy Mollet, t'es un escroc), Rennes et Brest, c'est Le Chaland Qui Passe à Binic qui reçoit le muscle hypertrophié.

On les attend à 21h, comme la superficie du zinc avoisine les 13 m2, tu t'es dit qu'arriver suffisamment tôt est recommandé pour être certain d'y dénicher une place.

Très bon plan, car le matos du groupe, trois jeux de pédales à effets, deux claviers/synthés, deux guitares + un truc qui ressemblait à une guitare/mandoline, une basse, une batterie légèrement tronquée car au lieu des différentes caisses ou toms, le frappeur s'est trouvé des congas et un jeu de timbales, quelques autres engins percussifs et un mélodica, des 13 mètres carrés initiaux, il reste 5 mètres carrés, ainsi, personne ne mourra de froid ce soir!

Gros Coeur, ce sont: le grand Adrien Chapelle ( compositeur, bruiteur, ingénieur du son, dit sa fiche) aux lead vocals et à la guitare, un ex Alaska Alaska,/ Alexandre De Bueger à la batterie, vu avec Alaska Gold Rush, mais également actif chez Annabel Lee, ou Ada Oda/ Jimmy Geers, un mec issu du groupe Ode to Space Hassle, à la guitare, au synthé, aux percussions et secondes voix / Julien Trousson à la basse, au synthé et secondes voix , un ex - Walking Ghost Face, pas mal de ces groupes cités ont inclus des éléments psychédéliques et/ ou des rythmes syncopés dans leur musique.

Gros Coeur, qui balbutiait encore, a brillé lors de la finale du Concours du F. dans le texte de 2022 et depuis a tourné dans tout le plat pays avant de sortir un premier EP, judicieusement nommé 'Gros Disque', t'as pigé qu'on ne peut pas les taxer de grossophobie.

Après une intro groove tribale, Adrien, d'un timbre fuselé entame ' Euphorique' au chant.

Comme tous les autres titres, la plage ne se soumet pas aux sempiternelles 3 minutes obligatoires pour espérer passer en radio, à l'heure où les ménagères ont branché le transistor, que ce soit sur Radio Bonheur, Océane, NRJ ou Fun machin, elle frôle les 8 minutes en passant par divers climats.

Les constituants psychédéliques croisent le funk ( une basse à faire frémir Bootsy Collins), le groove euphorique ( pas fait exprès) et les percussions ethniques, c'est tellement addictif qu' à tes côtés, deux jeunes personnes, délurées et subjuguées, ont entamé une danse chaloupée qui a ravi les musiciens.

Gros coeur, après un seul titre, c'est déjà une grosse gifle.

Ils enchaînent sur 'Kawa' bourré de la la la's trompeurs, t'es fan de Kula Shaker, tu vas adoré, de Tame Impala, tu vas succombé, de chant choral , tu tombes à genoux, de chicorée édulcorée, tu vas détester.

Leur kawa c'est une drogue qui rend fou, mais que tu peux consommer sans risquer des ennuis avec la justice.

La 'Java' de Gros Coeur n'est pas bleue, Lucienne. D'ailleurs l'accordéon brille par son absence.

Leur java débute par des effets stridents et ressemble plus à une rumba sous acide, piquée d'afro beat qu'à une valse musette désuète.

Eclectisme, tu dis... Pour le moins, car au fil des vagues déferlantes et des ondulations sinusoïdales, tu perçois encore un brin de métal ( hurlant), d'oriental disco tendance Taxi Kebab ou Lalalar, de new wave funk à la Allez Allez ( remember ' African Queen'), une pointe de Transglobal Undeground, mais aucune trace de Maître Gim's.

Pendant 9 minutes tu suis les tribulations du quartet, l'acid dance trance atteint son paroxysme au terme du morceau.

'Ventre Volcan' est pour tous les gens ayant mangé trop épicé.

C'est de l'humour belge, rétorque Joséphine.

Volcan dit: éruption, coulées de lave, explosions à répétition, gaz soufrés , chez Gros Coeur, tout ça devient magma épileptique hyper dansant..

Après un break pour dégazer le mélange en fusion, Adrien repousse Julien, prend ma place, petit, je te supplée au synthé, montre leur ton jeu funky à la basse.

Après ce léger relâchement, la machine repart de plus belle pour finir en cascades vertigineuses.

Binic, là on vous joue une nouveauté, on n' a pas encore déterminé le titre, on pourrait pencher pour ' La Grande Vague'.

Dis, Jimmy, c'est quoi ce truc?

Un vibraslap, mademoiselle, tu pourras frapper la boule au moment voulu.

Il a ramassé un instrument, électrifié, à quatre cordes, qui n'était ni une basse, ni un cavaquinho, ni un ukulele, ni un banjo, ni une balalaïka, pour le maltraiter sans indulgence.

Les vagues déferlent, Kelly Slater a sorti sa planche en ajoutant: à Binic c'est mieux qu'à Nazaré ou à Biarritz, la houle est monstrueuse.

L'angle psychédélique du morceau envoie quelques images à ton cerveau qui ressuscite d'autres psychedelic bands bruxellois, dont les fantastiques Moaning Cities ou Phoenician Drive, au background peut-être plus bluesy que celui de nos lascars.

Après une fausse fin pour nous rouler dans la farine ils reprennent leur trip surf tropical et puis annonce une dernière pièce musicale, avec des notes, destinée aux moines du coin: 'Monique' .

Intro sidérale, éclaboussures soniques, accélérations hystériques, Monique est du genre impulsif , elle est exaltée et imprévisible, elle pourrait être le prochain ouragan qui risque de faire de gros ( encore) dégâts dans la planète musicale.

Si tu veux faire un cadeau de Saint-Nicolas à un pote, offre lui un ticket pour Gros Coeur qui se produit au Trix, Antwerpen, le 6 décembre!