Croyez-en mon expérience. C’est une des meilleures tables du moment. Ce n’est pas un effet de mode. Et on comprend pourquoi dès qu’on se penche sur le sujet.
C'est un plat mythique et de haute voltige. Combien de fois ai-je entendu ma grand-mère (dont c'était une spécialité) dire le soufflé n’attend pas, c’est le convive qui doit accepter d'attendre. Alors je m'interrogeais sur la longueur du service mais chez Excoffier on maitrise tout et il n'est pas nécessaire d'être patient.
Je me doute que vous aimeriez avoir la recette. Je n'ai pas demandé celle du chef car j'imagine qu'il préfère la conserver secrète. Mais en fin de publication je vous donnerai la mienne qui, toutes chose égales par ailleurs, est un heureux compromis.
Puis un Soufflé au citron de Nice les a enchantés. Par la suite, et pendant six mois, l'ambassadrice ne voulait plus que des soufflés, aussi bien sucrés que salés mais il a réussi à les convertir à la richesse aromatique de la cuisine française. Inversement il a développé une ultra compétence dans la confection de ce grand classique de la gastronomie française qui permet aujourd'hui à sa cuisine de se démarquer de celle des restaurants voisins dont la concurrence est vive.
C'est ce qui a dynamisé le bouche à oreille positif dont il a bénéficié dès son arrivée en 2011 aux commandes du restaurant de la rue de l'Exposition. La salle est relativement petite parce qu'elle a pris place dans une des anciennes boutiques qui s'alignaient dans cette rue mais elle est très bien agencée, permettant l'installation de 34 chaises et, dès que le temps le permet, elle se déploie dans la rue sur une terrasse très agréable puisque la circulation automobile s'y fait plutôt rare.
Ajoutez la qualité des produits, l'attention et le soin du service (par Cameron le jour de ma venue), une musique douce, des prix raisonnés, et le succès s'explique. Pendant le confinement, les soufflés à emporter ont rencontré un vif intérêt parce qu'ils étaient conçus pour être réchauffés à domicile. Plusieurs clients y ont pris goût et ont découvert ensuite le restaurant. Il aurait été dommage de ne pas continuer.
Je suis sûre que la sélection de fromages affinés est réussie. Y figure une Tome de Savoie, en référence aux origines régionales du chef.
Son aventure américaine commencera en 1998 et durera douze ans à l’Ambassade des États-Unis. Il n'oublie rien de cette énorme machine qui demande une lourde charge de travail pour créer des déjeuners et diners privés ou des cocktails comptant jusqu’à 2000 personnes, mais qui fut une expérience extraordinaire, bien entendu en terme de cuisine mais aussi de management. Elle lui a permis de rencontrer beaucoup de personnalités, et tous les présidents des États-Unis de l’époque, ainsi que de grands écrivains, dont il témoigne dans son livre A la table de l’Ambassadeur que je citais plus haut.En juin 2011, Philippe ouvre avec son épouse Michèle, ce restaurant entre les rues de l’Université et Grenelle pour opérer un changement de vie et se recentrer. Ce tournant lui permet de s'y associer plus tard avec son fils Sasha, en adaptant le nom de l'établissement. S'il n'a pas été toute sa vie cuisinier il en avait le potentiel puisque à l'âge de 15 ans il s'était dirigé vers l’école Ferrandi dont il a suivi l'enseignement en alternance avec le Grand Véfour, dans la brigade de Guy Martin. Cette formation lui a donné envie de faire ensuite le tour du monde des plus grands étoilés. Il y a certes beaucoup appris et s'est perfectionné mais sans éprouver beaucoup de plaisir.Interrogé sur ses goûts, Sasha cite la soupe aux truffes VGE créée en 1975 par Paul Bocuse pour le président, les escargots, les pigeons rôtis, le boeuf Wellington, l'opéra, l'entremet 100% vanille de Philippe Conticini, le baba au rhum. A l'écouter on comprend combien les trentenaires sont friands d'expériences culinaires alors que leurs parents restent fidèles à la tradition. Chez Excoffier Père & Fils on met tout le monde d'accord autour de la même table. C'est une réussite totale dont on s'étonne qu'elle ne soit pas déjà récompensée par une étoile.La famille a encore d'autres projets à concrétiser, peut-être une boutique, sans doute un autre restaurant, en France ou à l'étranger et ce pourrait être aux USA, en Angleterre, au Japon oui même au Mexique (où je leur prédirais un beau succès car je commence à bien connaitre ce qui plait à ses habitants férus de gastronomie).Evidemment ils vont maintenir le cap sur le soufflé que Philippe cuisinait avant que son fils le rejoigne mais qu'ils ont travaillé ensemble - surtout Sasha qui a entrepris de multiples essais pour ajuster la texture du blanc d'oeuf, lequel est foisonné comme une Chantilly puis cuit dans un four spécial. Nous n'en apprendrons pas davantage si ce n'est que tout se joue sur des micro-détails, y compris la matière du moule ou son revêtement, ce qui me donne l'idée de suggérer de concevoir un moule en collaboration avec Mauviel 1830, une de nos grandes entreprises du Patrimoine français.La consistance du soufflé n'est pas celle du soufflé de ma grand-mère (qui pourtant le réussissait à merveille). Sa consistance est plus serrée et on a davantage de mâche en bouche. Pour arriver à ce résultat, l’appareil est cuit dans un four particulier à chaleur tournante. Il est démoulé à la minute. Et en terme de saveurs les déclinaisons sont multiples : aux truffes, au homard, au comté, aux champignons en entrée ou en plat.... Pour les sucrés, les soufflés se déclinent tout au long de l’année suivant le marché et les saisons : à l'eau de rose, litchi, framboise, au caramel, à la pistache, au Grand-Marnier. Sans détrôner les fondamentaux comme le Pâté en croûte, le Ris de veau ou le Filet de cochon confit, ou une Raviole de foie gras à la truffe.
Excoffier Père & FilsDu mardi au samedi18 Rue de l'Exposition, 75007 Paris - 01 45 51 78 08Contact : restaurant.excoffier@gmail.comAssure aussi la vente à emporter