Le 10 novembre, la Fondation Félix Roland Moumié a commémoré à Conakry le 63ème anniversaire de l’assassinat de cette figure héroïque de l’indépendance camerounaise. Un vibrant hommage empreint d’unité panafricaine.
De nombreuses personnalités guinéennes ont tenu à participer à cette cérémonie au cimetière de Bolbinet, où repose Félix Moumié depuis son assassinat en 1960. Notamment le maire de Kaloum, d’éminents représentants du PDG-RDA, l’ancien parti du président Ahmed Sekou Touré, ainsi que des témoins de cette période historique.
Cortège funèbre jusqu’à la tombe de Moumié Aux environs de 10h, la foule s’est rassemblée au ministère de l’Information pour rejoindre en cortège la sépulture, au rythme de la fanfare. Un moment empreint d’émotion et de recueillement, jusqu’à l’arrêt devant le mausolée de Moumié.
Après une minute de silence, les hymnes nationaux guinéen et camerounais ont résonné en hommage au leader assassiné. Puis les allocutions se sont succédé pour saluer sa mémoire et son combat anticolonialiste.
Moumié, figure héroïque et panafricaine Mortellement empoisonné à Genève en 1960 par les services secrets français, Félix Moumié symbolise encore la lutte pour l’émancipation du Cameroun et de l’Afrique. Ses idéaux de dignité, de souveraineté et d’unité panafricaine restent d’une brûlante actualité.
La Guinée, havre des résistants camerounais Terre d’asile de nombreux militants camerounais comme Kemayou Paul Bernard, la Guinée honore Félix Moumié en accueillant sa dépouille. Malgré les tentatives du président Ahidjo de la rapatrier, Sekou Touré tint à respecter sa volonté d’être inhumé à Conakry.
Un geste fort, salué de nombreuses fois durant la cérémonie. Tout comme l’accueil chaleureux réservé par le peuple guinéen aux nationalistes camerounais en exil. Ces liens fraternels tissés dans la lutte continuent de nourrir l’unité panafricaine.
Transmission de mémoire et flambeau aux nouvelles générations Plusieurs intervenants ont souligné l’importance de préserver la mémoire de figures comme Moumié, en impliquant la jeunesse. De nombreux élèves et étudiants camerounais participaient d’ailleurs à la cérémonie, signe que le flambeau se transmet.
La commémoration s’est achevée dans un esprit d’espoir. L’héritage de Moumié et des pères de l’indépendance doit guider les nouvelles générations pour relever les défis actuels. Dignité, souveraineté, émancipation : le combat continue, dans un même élan panafricain.
Kemayou Paul-Bernard, compagnon d’arme de Moumié
Parmi les autres héros de l’indépendance africaine reposant à Conakry se trouve Kemayou Paul-Bernard. Ce natif de l’Ouest camerounais est une figure majeure mais méconnue de la lutte pour l’émancipation du Cameroun.
Né en 1938, il s’engage dès 1950 dans les Jeunesses UPCistes, branche du parti indépendantiste camerounais. Actif au sein de la résistance clandestine, il est contraint à l’exil en 1961 après une tentative d’assassinat.
Panafricaniste convaincu, Paul-Bernard Kemayou profite de son asile guinéen pour s’investir dans la construction de la jeune République de Guinée. Il prend fonction à l’Institut Central de Coordination de la Recherche et de la Documentation de Guinée où il officie, entre autres, comme expert au service des Archives Nationales.
Il reste simultanément actif dans la résistance au pouvoir néocolonialiste car il est, jusqu’à son assassinat, le représentant permanent de l’UPC à Conakry. Il décède le 17 octobre 1985 à l’hôpital de Donka, peu de temps après avoir reçu une délégation du Cameroun. Son décès brutale renforce les soupçons d’empoisonnement.
A l’instar de Félix Moumié, Kemayou Paul-Bernard fait partie de cette génération de militants prêts à tous les sacrifices pour l’émancipation du continent africain. Son parcours, de l’UPC à l’exil en passant par son action en Guinée, force l’admiration.
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