Autoproduction
michel
Avec Thomas Frank Hopper et Ghalia Volt, le blues made in Belgenland s'exporte dans le monde entier.
La dernière vient de sortir l'album ' Shout sister shout' ( cf chronique de Walter), Thomas Verbruggen, alias Thomas Frank Hopper , le kangourou wallon, né à Bruges, ex ville bourguignonne, quant à lui, a pondu un nouvel album ' Paradize City' , deux ans après ' Bloodstone' ( cf chronique de Pascal).
Si le mec brille sur scène, sa récente victoire au Belgian Blues Challenge 2023, où il a devancé la crème du blues belge en devenir ( The Blue Chevy's, David Ronaldo, Peddlin Pete, Travellin' Blue Kings, Stef Paglia, Wilk et Dirty 5) en atteste, on n'est pas certain, par contre, qu'il puisse devenir un jour prof d'anglais.
S' il avait mieux écouté Guns N' Roses , il aurait su que 'Paradise City' s'écrit avec s et pas avec z , d'accord tu me diras qu'Indochine aussi utilise Paradize, mais eux ils sont français et la France c'est aussi un pays où y a quand même pas cinquante millions d'abrutis....
Parenthèse fermée, revenons au troisième full CD de Thomas Frank Hopper.
TRACKLIST1 - Troublemaker
2 - Tribe
3 - A Song for the Devil
4 - Chimera
5 - Paradize City
6 - Back to the Wild
7 - Dog in an Alley
8 - April Fool
9 - Crossroads
10 - Boundless
Dropbox ne nous a guère éclairé pour les crédits, on avance:
Thomas Frank Hopper : chant | guitares électrique, acoustique & lapsteel
Jacob Miller: basse | chœur
Diego Higueras: guitare électrique
et Nicolas Scalliet: batterie et production
Un cinquième larron se voit sur une photo: sans doute, Maxime Siroul, à l'orgue Hammond.
Une photo de pochette sobre, Thomas s'affiche en cowboy, guitare en bandoulière, il est coiffé d'un Stetson qu'il tient d'une main. Il y a du Bruce Springsteen dans cette pose à la coolitude étudiée.
Début en fanfare avec ' Troublemaker', un bluesrock sentant bon le Led Zeppelin ou Rival Sons, avec un rôle prépondérant pour l'orgue Hammond et bien sûr pour la fameuse Weissenborn du chef, ce qui donne un accent sudiste à la composition.
Diego, un gars qu'on a déjà eu l'occasion de voir sur scène, place quelques riffs assassins, la rythmique, bien grasse, fait du bon boulot et c'est avec une conviction inébranlable que Thomas scande son propos.
Les bluesmen ne détestent pas les fauteurs de troubles, pas qu'ils cautionnent les casseurs style Black Bloc , mais ils sont nombreux à chanter les troublemakers.
De Texas Flood ( Troublemaker blues) à Matt Schofield en passant par Lightnin Hopkins ou à Sean Chambers ( Trouble and Whiskey), les bad boys ont la cote!
'Tribe' .... et pourtant Rival Sons n'est passé que le 12 novembre à l'Ancienne Belgique.... et puis il y a ce refrain pompé sur 'Living Lovin Maid' du Zeppelin, Thomas Frank Hopper connaît ses classiques, sa clique assure sans sourciller.
Nicolas frappe comme feu John Bonham, les guitares mitraillent sans répit et si on a mentionné le batteur du Zep, il ne faut pas oublier John Paul Jones, la basse de Jacob le meunier s'en inspire sans scrupule.
' A song for the devil' , sorti en single, déchire, que ce soit en enfer ou au paradis. Le signal est donné à coups de guitare/klaxon , puis les riffs saignants se succèdent tandis que Thomas parvient à faire oublier un certain Robert Plant, ces copains, aux choeurs, se montrent plus éloquents que la manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois.
Ces gens sont démoniaques!
Retour en force de l'orgue sur ' Chimera' , allez, on va voir du côté des Doors et de l'exemplaire Ray Manzarek.
Après avoir allumé le feu, pas le tien, Johnny, l'incendie se déclare et, en un peu plus de cinq minutes, va ravager nos cerveaux,.
Ils enchaînent sur le titletrack de la rondelle, un ' Paradize city' où tu croises Vincent Crane au coin d'une rue et, un peu plus loin, tous les sanguins de chez Royal Blood.
Quoi, Geoffroy, tu y entends du Uriah Heep, ouais Mick Box, ce n'est pas un âne!
'Back to the jungle', on quitte le jardin d'Eden, direction la vie sauvage, la jungle, les bêtes féroces, et la chaleur moite .
A grand coups de wah wah et de slide, les machettes des guitaristes, le groupe se fraye un chemin dans cette forêt hostile et quasi impénétrable, on ne compte plus les griffures sanguinolentes décorant nos bras et nos visages.
Et, toi, Sean, que fais-tu là?
Du repérage pour un film!
Intro à la slide pour 'Dog in an alley', le ' Gallows Pole' de l'album. Parfois une accalmie légèrement country pour apaiser les esprits, ça fait du bien, et pourquoi pas ne pas en profiter pour aller promener le chien.
Un poisson d'avril en automne, c'est pas une farce, mon cochon, ' April Fool' secoue sec, surtout avec l'harmonica ravageur qui bouscule tout sur son passage ( lors d'un showcase pour Classic 21, c'était Geneviève Dartevelle, connue sous le pseudo Harmogene, qui avait soutenu le quintet).
Un jour Thomas a affirmé ...Whenever I'm on stage, my lapsteel is like a weapon... et comme il n'est pas le seul du groupe à être armé, les balles fusent à profusion, il y a intérêt à trouver un abri indestructible pour ne pas finir au cimetière.
Tu connais le ' Crossroads' de Robert Johnson, du Cream, des Doors, de Ten Years After ou de Cabrel et Paul Personne, celui de Thomas Frank Hopper, en mode boogie vicieux, s'approche plus de ZZ Top ou du Canned Heat.
En dehors des guitares, brutes et venimeuses, de l'orgue purulent, du drumming lourd et de la basse râblée, il faut encore compter sur une chorale, tantôt virile, tantôt huileuse, pour soutenir le chant persuasif du leader qui tient à jouer le blues jusqu' aux petites heures.
Dernier virage, avec ' Boundless', la team propose un titre plus posé qui meurt aux sons d'une guitare acoustique, posée sur un orgue liturgique.
Ici, encore, le timbre du Brugeois prend d'altières intonations Robert Plant, mais de là à en faire un pâle clone du Led Zeppelin, il y a un pas que nous ne franchirons pas, Thomas Frank Hopper a son identité propre, il a tout simplement bien digéré le blues rock des seventies pour le façonner à son image.
Tu dis, Edouard?
T'as pas mentionné Greta Van Fleet!
Anyway, Paradize City, devrait ravir tous les fans de blues rock pur jus, tous ceux qui crient à la trahison lorsqu'un groupe utilise des logiciels et autres gadgets pour masquer leur manque de talent.