Valse Avec Bachir - Un film d'Ari Folman

Publié le 27 juin 2008 par Kilucru

Valse Avec Bachir
Un film d'Ari Folman
Titre original : WALTZ WITH BASHIR (Israël)
Genre : Animation
Présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2008
Synopsis
Ari, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu'il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 !
Le lendemain, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades.
Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d'Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d'aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes.
Plus Ari s'enfoncera à l'intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.
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A l’image de la horde de chiens, graphisme hallucinant, qui dévalent la rue, enragés pour finalement aboutir devant un domicile. Celui de l’homme qui raconte son rêve, celui qui toutes les nuits revient le hanter. Ce souvenir, celui des chiens qu’il fut chargé de réduire au silence lors d'une opération commando de « Tsahal » au Liban.
Ce rêve, il s’en ouvre à Ari, le réalisateur de ce film d’animation, le dessin comme filtre, comme un léger écran pour pouvoir aborder ce qui va suivre. Mais d’abord Ari Folman devra lui-même retrouver la mémoire, rétablir la vérité, recoller les éléments du puzzle, que son esprit a plus ou moins gommé, cette fameuse mémoire sélective, reléguant au loin les faits dérangeants de notre vie.
Commence alors pour lui un voyage vers ses anciens compagnons d’armes, ceux avec qui il a effectué ce fameux service militaire obligatoire israélien. Des gamins morts de trouille.
Le dessin est très coloré, le trait précis et pourtant lâche, établissant ainsi un bon équilibre entre l’importance du propos, du récit et la visualisation que chacun peut s’en faire ! Alors que petit à petit les faits remontent à la surface, l’histoire se dessine, la mémoire de’Ari se réveille, , les chars entrant dans Beyrouth, les snipers, Bachir et sa valse meurtrière…Guerre et peur, l’une se nourrissant de l’autre et vice versa, des gamins apeurés tirant à tout va, se rassurant au seul staccato de leur mitrailleuse. En face, parfois un gamin seul armé d’un lance roquette sème lui-aussi son lot de mort en vrac..
L’histoire, nous pourrions y mettre un H majuscule, nous sommes ici plongé aux trois quart dans un passé bien réel.
Et quand enfin tout le passé remonte à la surface, c’est un événement d’un gout amer, putride, abject, celui que même la guerre et ses tribunaux condamne..le massacre organisé de population civiles et belligérantes confondues, l'assassinat par les phalangistes chrétiens des palestiniens des camps de Sabra et Shatila, là haut à porté de jumelles Tsahal assiste , les Phalangistes agissent, les Palestiniens meurent. !
Voila Un film nécessaire, adouci par l’animation, comme nous stylisons, restituons une image, en l'occurrence un dessin de nos émotions de nos souvenirs comme de nos peurs , les images de fin , d’archives celles-là attestent de la véracité du propos, de l’horreur aussi !!! Une œuvre choc, je suis resté sonné durant quelques minutes..
Cette pensée bien présente à l'esprit , comme pour ces hommes le réel retrouvé
"Reality is that which, when you stop believing in it, doesn't go away."
"La réalité est cela qui, quand vous cessez de croire à elle, ne
part pas. - Philip K. Dick

Voilà, il me semble, l'évidence qui a marqué et ne quittera pas l'esprit de ces hommes, quand à ce dernier comme la meute du début il est un loup pour son frère, encore que l'animal obéisse à des impératifs plus honorables, une simple question de survie !

CommeAuCinema.Com "..On sort sonné et même bouleversé par la force des images animées, qui laissent leurs places sur les dernières minutes à des images vraiment réelles qui rappellent qu’il ne s’agit hélas pas que d’un mauvais rêve.."
Excessif.Com "...Ari Folman a en effet choisi l'animation comme processus narratif. .... il craignait que sous forme de simples témoignages, le propos ne perde de sa force et devienne très vite ennuyeux .. la forme du récit attire, d'autant plus que visuellement Valse avec Bachir est magnifique, l'esthétisme du film venant du coup se heurter au sujet, dramatique, revenant sur l'assassinat par les phalangistes chrétiens des palestiniens des camps de Sabra et Shatila. L'animation est certainement pour Ari Folman une façon de pouvoir supporter cette barbarie, le dessin se posant comme une barrière de protection avec la réalité directe, mais du coup, et même si on la ressent, elle reste minimisée par rapport à la force d'une photographie, et c'est probablement pour recentrer son récit dans la violence de ces évènements, la faire pleinement jaillir, que le cinéaste clôt son film sur de poignantes images, celle de la réalité...."