Intro à la guitare qui sonne déjà bossa nova. Fluide, liquide. La contrebasse ajoute sa pulsation grave. Le vibraphone éclaire l'ensemble. La péniche Marcounet se balance doucement sur la Seine, comme la musique. "C'était " Rio de oro " une composition de Jean de Aguiar que j'aurais dû reconnaître.
Enchaînement sur une chanson brésilienne, du guitariste Baden Powell, " Berimbau ". Paroles en portugais par Vinicius de Moraes. " Bidonville " pour la version française par Claude Nougaro. Le trio a enchaîné sur un autre air brésilien, il me semble. En janvier 2024, à Paris, le trio de Jean de Aguiar donnera un concert consacré à Baden Powell.
Intro en solo de contrebasse. Joana Martinez installe le tempo et le trio joue une sorte de Blues. Avec le bagage de musiciens français venus du classique. Yeux clos, Joana Martinez ne lâche pas le tempo alors que le vibraphone décolle et que la guitare ponctue. C'était " Creole Blues ", un Blues vaudou de Sidney Bechet.
" Fables of Faubus " (Charles Mingus). Solo de contrebasse pour commencer. Forcément puisqu'il s'agit d'une composition d'un contrebassiste. Morceau composé en 1959 contre Orvell Faubus, gouverneur de l'Arkansas, qui envoya la Garde nationale pour empêcher les enfants noirs d'aller dans des écoles blanches. Louis Armstrong convainquit le président Eisenhower d'envoyer l'armée fédérale et les enfants noirs purent aller à l'école avec les blancs. Un adolescent blanc de l'Arkansas, né en 1946, fut marqué à vie par cette scène. William Jefferson dit Bill Clinton, président des Etats Unis d'Amérique de 1993 à 2001, le premier président noir des Etats Unis pour Toni Morrison, prix Nobel de littérature. Charles Mingus dut enregistrer une version sans paroles pour CBS et créa son label indépendant pour enregistrer la version avec paroles. Bonne vibration. Le vibraphone remplace le saxophone. Etrange mais cela fonctionne. Passage à l'archet. La maîtrise technique de la musicienne classique s'entend. Elle finit en pizzicato.
L'archet produit un son de basse qui se maintient. " Terra Umbra ", ma composition fétiche de Jean de Aguiar. Je la reconnais dès les premières notes de guitare. La contrebassiste range l'archet et installe la pulsation. Joli petit pont franchi en trio. Final joyeux avec une fin claire, nette et précise.
Un standard du Jazz dont Ahmad Jamal fit sa chose, " Poinciana ". Intro à la contrebasse pour poser la pulsation. Remilson Nery s'installe aux bongos ajoutant une couleur sud-américaine à la musique. Solo de vibraphone. Le percussionniste se cale sur le guitariste. Le vibraphone joue le solo de piano.
Louis de Aguiar, fils de Jean, vient ajouter sa guitare électrique. Jean & Remilson dialoguent en finesse. La 2 e guitare est branchée. La contrebasse ajoute sa pulsation. Chant et percussions à la brésilienne. Le vibraphone ajoute un son de cristal. Beau mélange Europe-Amérique avec une ascendance d'Afrique. La guitare acoustique sonne bossa nova. La guitare électrique sonne jazz nord-américain. Bon dialogue interculturel entre père et fils. La cohésion du groupe, passé du trio au quintette, reste solide. Les attaques vocales de Remilson Nery sont prolongées par le jeu de Jean de Aguiar. Joli dialogue amical entre guitare acoustique et bongos.
Une chanson écrite par Remilson pour son fils quand il avait 2 ans. Il range les percussions pour chanter seulement. Introduction de Jean pour installer l'ambiance. Justement son fils lui répond à la guitare. Une ballade tendre. Le groupe démarre souple et énergique. Retour aux bongos sans chant. Solo de vibraphone bien poussé par l'ensemble. Solo du père avec le fils à la guitare rythmique. Django Reinhardt jouait avec ses cousins et ne voulait pas que son fils Babik joue de la guitare.
Une chanson de Remilson née de l'observation d'un jeu sensuel entre filles et garçons amérindiens dans le fleuve en Amazonie. " Tu me rattrapes, je te rattrape ". Morceau sensuel en effet. Douce pulsation rythmique. La péniche Marcounet balance aussi suite au passage d'un gros bateau sur la Seine. La musique ondule, la péniche aussi ainsi que les photographies accrochées aux murs. Dialogue sensuel entre contrebasse et percussions. Le quintette finit tout en douceur.
A Louis de Aguiar de chanter maintenant. " Pars " du troubadour auvergnat Jean-Louis Murat qui est la version française d'une chanson brésilienne " E preciso perdoar " immortalisée par Joao Gilberto & Stan Getz. La voix de Louis de Aguiar est proche de celle de Jean-Louis Murat. La musique est bien brésilienne avec des paroles en français. Bongos en arrière-plan.
Retour au trio pour le final avec une chanson d'Edith Piaf, " L'hymne à l'amour ". Jean le joue seul superbement puis le trio démarre tranquille.