Les Jeux Olympiques ont un enjeu politique; ils sont le reflet suppose de la puissance d'une nation. Americains et Pays communistes en avaient fait un terrain d'affrontement pendant le Guerre de Froide, avec pour ligne de front le Mur de Berlin : RFA et RDA occupaient le haut de la hierarchie derriere les deux super-puissances. La fin du bloc communiste a modifie sensiblement la donne, elle n'a pas pour autant gomme cette dimension politique, comme le montre la prise du pouvoir par la Chine, ecrasant les USA dans la course a l'or. Et les autres, comment se situent-ils ? Petit etat des lieux des avant la cloture.
L'Europe reste la terre du sport, tant par la quantite des medailles engrangees que par la large repartition entre pays. Il y a d'une olympiade a l'autre des evolutions dans la hierarchie continentale, mais globalement on retrouve toujours les memes: Russie, Allemagne, France, Grande Bretagne, Italie qui totalisent 159 recompenses. Suivant les circonstances, Espagnols, Neerlandais ou Italiens ramenent plus ou moins de medailles d'or. La Grece et la Suede ont connu les soubresauts les plus marques: sans lOlson au triple-saut et Kluft a l'heptathlon, les Suedois perdent deux medailles d'or assurees et reculent d'autant dans la hierarchie; les Grecs ont ete rattrapes par les affaire sde dopage. L'ancien bloc communiste n'a rien perdu, en eclatant, de sa puissance: Tcheques, Slovaques, Polonais et Hongrois recoltent toujours des medailles, la Bulgarie et la Roumanie un peu moins. Ce sont les anciennes republiques de l'URSS qui tirent le mieux leur epingle du jeu: Ukraine (10eme) et Belarus (13 medailles) s'invitent chez les grands en ciblant leurs disciplines; mais c'est tout le Caucase qui est aussi represente, surtout par ses hommes forts: Ouzbeks, Kirghiz, Azeris etc., dans un elan commun de nationalisme. Bien que faisant geographiquement partie de l'Asie, leur pole d'attraction reste largement europeen.
En Asie, la Chine a non seulement pris le relai du Japon, qui fut pendant longtemps le seul pays a recolter des titres, elle est devenue LA puissance olympique, en profitant de son reservoir humain et de sa puissance economique. Avec elle on retrouve surtout la Coree du Sud (7eme) et le Japon, (8eme), tandis que la Coree du Nord continue dans la logique de la resistance communiste. Les autres pays, quelle que soit leur taille, sont des nains sportifs: l'Inde n'emerge toujours pas, pas plus que l'Indonesie, cantonnee au badminton. Au Moyen-orient les sports olympiques ne sont pas une priorite, d'autant que la moitie de la population (les femmes) n'est pas, sauf exception remarquable, concernee par ce genre d'activite. L'exception de Bahrein est entierement artificielle, puisque ses athletes sont des Africains importes a grand renfort de petro-dollars.
L'Amerique est decidement toujours divisee en trois, une Amerique du Nord puissante avec les USA et episodiquement le Canada, une Amerique centrale comptant sur les Caraibes et une Amerique du Sud s'en remettant presque exclusivement au Bresil. Parmi les puissances regionales emergentes, seul le Bresil presente une veritable tradition sportive en etant present dans des disciplines tres variees qui expliquent ses 6 medailles actuelles; a cote le Mexique est insignifiant (1 bronze), surtout depuis qu'il ne peut plus compter sur Anna Guevara; pour l'Argentine il semblerait que sport = football + rugby + tennis. Personne ne s'est aperu que la Bolivie ou le Perou avaient des delegations a ces JO. Les Caraibes presentent un cas particulier dans la mesure ou elles sont largement une expansion sportive des USA: leurs athletes sont formes dans les universites americaines. Seul Cuba echappe a cette tendance, mais, prive de l'aide sovietique, le pays s'est etiole dans de nombreux sports ou il s'imposait naguere: athletisme, boxe ou escrime notamment.
L'Afrique n'en finit pas d'essayer de decoller. Il faut plutot parler de stagnation: hormis le Kenya et l'Ethiopie qui rapporteront leurs habituelles medailles en demi-fond et fond, on ne retrouve que des individus isoles qui ponctuellement gagnent une medaille; encore faut-il ajouter que leur terrain d'entrainement est europeen ou americain. Malgre sa proximite de l'Europe, le Maghreb est plutot en recul: si l'Algerie et la Tunisie n'apparaissent toujours pas vaiment, sauf sous formes d'ilots, comme le judo en Algerie, le Maroc, lui, a carrement disparu des bilans depuis que ses coureurs de fond ou de demi-fond ont ete supplantes par l'Afrique de l'Est - quand, comme Ramzi, il ne se sont pas exportes. Reste l'Afrique du Sud, qui a choisi de preserver une partie de l'heritage blanc, par exemple avec ses coureurs, mais n'engrange pas pour autant de titres.
L'Oceanie a beau etre le continent le plus petit, sa tradition anglo-saxone lui assure un beau contingent de medailles. L'Australie figure dans les nations de tete (5eme) et la Nouvelle-Zelande (est loin d'etre ridicule.
Les dernieres medailles,en atletisme et dans les sports collectifs ne devraient pas modifier l'equilibre des forces, tout au plus consacrer la reussite exceptionnelle de la Jamaique en athletisme et modifier en consequence le classement final fonde sur les medailles d'or. La France pourrait ainsi ameliorer son total d'Athenes et reculer nettement au classement.
L'impression d'ensemble est donc que rien n'a vraiment change : les nations economiquement riches continuent de glaner l'essentiel des titres, tout simplement parce qu'elles ont un mode de vie oriente vers les pratiques de loisir, comme on dit, et qu'elles disposent des infrastructures necessaires. C'est particulierement vrai pour tous les sports demandant des amenagements et du materiel couteux: voile, aviron, gymnastique etc. Les pays traditionnels de l'olypisme ont te rejoints par les nouvelles puissances asiatiques. L'emergence de petites nations obeit, comme on l'a vu, a une revendication de l'identite nationale et se concentre dans des sports demandant un minimum d'infratructures et continuant une tradition locale, surtout dans les sports de force. Et l'Afrique, malgre ses revendications, ne s'est toujours pas placee en candidate potentielle pour l'organisation. On restera entre grandes puissances occidentales et asiatiques. des JO dans un proche avenir. Sauf a revenir a un ideal olympique vierge de considerations economiques et mediatiques, on ne voit pas que le CIO puisse changer son mode d'attribution des JO