Album - BLAME ZEUS - "Laudanum"
NoPo
- LP Laudanum 2023
Nom de Zeus, voilà un groupe portugais du tonnerre! Blame Zeus ou... en équivalence 'Fatalitas', la fatalité selon Chéri-bibi (le héros maudit de Gaston Leroux), mais on s'éloigne de l'Olympe...
Lancé par Ricardo Silveira et Sandra Oliveira, qui vivra verra, j'ai envie de dire... eux, les seuls en poste depuis le début, voient un avenir au combo.
Bien qu'existant depuis 2010, je ne l'avais pas encore entendu gronder.
Et pourtant 3 éclairs ont déjà jailli avant l'explosion de cette année :
2014 Identity
2017 Theory of Perception
2019 Seethe
Après de nombreux changements, la formation actuelle se stabilise autour de 5 musiciens :
Sandra Oliveira Voix
Paulo Silva Guitare
Tiago Lascasas Guitare
Bruno Branco Basse
Ricardo Silveira Batterie
Leur son brasse du post metal et du stoner, dans la lignée naturelle d'un hard-rock lourd prenant sa source aux 70's, notamment près de Black Sabbath.
Pour affiner avec des références plus récentes, je les situerai proche d'un mélange entre Monster Magnet et les Suisses de 69 Chambers, toutefois avec une personnalité propre assez volcanique.
La pochette présente une image cartonnée, marqué de pliures et vieillie, façon sépia, sur laquelle on devine un encadrement de fenêtre en bois usé.
En trompe l'œil, 2 faux reflets, différents, montrent un visage, caché derrière une main côté gauche et démasqué côté droit.
A l'avant-plan, 2 fleurs en transparence rouge s'étagent en volutes. On va le voir, l'artwork colle avec la psychologie des paroles : la douleur, l'apitoiement puis la libération.
Découvrons ce cheminement.
On s'immerge, sans préliminaires, dans la musique puissante de Zeus par le percutant ' Stitch' avec une intro ressemblant à un départ de gare.
Le riff, à 2 voies, met le train sonore sur les bons rails. Quant à la voix de Sandra, elle impressionne par sa force dominant l'orchestration.
On perçoit la tension dans l'air confirmée par le texte 'Ten seconds in I've stopped breathing My throat swollen I'm struck by pain Silence is damned lies sting my brain".
L'autrice vient d'être confrontée à une forte déception et ça vous place le ton d'entrée!
On pénètre dans l'ambiance de ' Left For Dead' comme on est sorti de celle de 'Stitch', d'abord sur un arpège sombre qui se transforme en riff.
Un malaise stressant parcourt la composition. 'How can I forgive and forget When you show not an ounce of regret' fait mal.
Les cordes de guitares agissent tels des couteaux dans la plaie que les frappes pesantes enfoncent. Un single de poids!!
' Lust' débute par un riff saccadé.
Les baguettes claquent les peaux pareil à des gifles et les guitares passent en mode tronçonneuse.
Le refrain multiplie les couches du chant féminin en donnant de l'ampleur aux harmonies sur une mélodie attrayante.
'Your luuuuuuust It made me a fool It made me full again' se chante en dodelinant de la tête.
' Penitent' favorise le headbang avec un effet de balancement prononcé. Les guitares, tournoyantes en permanence, n'y sont pas pour rien et la rythmique délimite ces pulsations.
Les arrangements permettent d'obtenir un groove prenant. Le solo, au trot, entraine vers le haut à l'opposé de la seconde guitare bassement accordée.
C'est l'heure de la repentance 'I'll let the sun set on you One tear at a time Leaving the words behind is a feat for a stronger mind Be silent, bow down, and repent'.
' For The Strong and The Faithful' part sur une répétition de notes atmosphériques à la guitare procurant une sensation haletante.
Lorsque Sandra se met à chanter, elle fait monter en neige l'émotion au milieu des grattements de cordes.
Le développement de la plage libère des variations bienvenues.
La chanteuse exprime, à travers des textes poétiques, son besoin de se reconstruire 'I needed something simple Something to break the heart To put it back together And give it a new start'.
Le chant flotte sur un arpège dépouillé et triste, ' Asleep in the Stars'.
L'accablement prend possession de la composition suivante étalant une toile aérienne de notes de guitare au départ.
'The stance, so tiring, so demanding Christ will come down (x5) It's lost Point blank in the void The beating stopped, the curtain dropped It stings', oui ça pique!
Il s'agit du morceau le plus mélodramatique, les instruments jouent progressivement durs et sans concession, même l'acrobatique solo de gratte lacère les tripes.
A la suite, ' The void' libère la voix de Sandra qui s'évapore en vocalises douloureuses avant de maugréer au final.
' Lethargy' s'élève sur un riff foudroyant, survolé par des 'ohoh' tragiques. 'Pins and needles Prick my body' s'inscrivent en suite logique.
Puis la voix s'éclaircit et soudain un solo de guitare, tournoyant, monte en spirale pour déboucher sur un riff et le ton change.
'I've been Waiting for something to come take me home A demon Or angel to help me remain in control' émet un espoir et laisse aller un dernier solo déchirant.
Après quelques frottements discrets sur les cordes, un moulinet à la batterie traverse l'écho d'une grosse basse.
L'enchevêtrement de 2 guitares, l'une louvoyante, l'autre larmoyante, procure un frisson intense.
'Resuscitate' alterne entre plongées en apnée et remontées à bout de souffle, comme après un arpège nu à mi morceau, suivi de coups sur le cercle qui jouent avec nos nerfs.
L'amertume prend alors le dessus :
"Give me back my Long-forgotten laughter What are you in the face of change? What did you do to make me resuscitate?"
Le disque se termine sur une excellente impression avec ' Burning Fields', une version remastérisée du single de 2021 qui possédait déjà de l'étoffe.
Le refrain bouillonne sous la voix assurée de la front woman avec beaucoup de lyrisme, plus encore, sur le refrain enivrant. Un long solo, enflammé, nous entraine à marcher sur les braises.
Parti sur un riff percutant d'emblée, ce mid-tempo, oppressant, continue d'attiser le feu jusqu'au bout.
'Laudanum', loin de l'effet d'endormissement provoqué par le médicament, distille une grande vigueur grâce à une cohésion de tous les instants autant par l'atmosphère, que les arrangements et même la durée des morceaux (si l'on excepte 'Asleep in the stars').
L'effet de masse s'avère saisissant et absorbant. Malgré la noirceur des thèmes, on se laisse griser par ce climat volcanique.
1.Stitch 04:15
2.Left For Dead 04:17
3.Lust 05:03
4.Penitent 04:26
5.For The Strong and The Faithful 05:06
6.Asleep in the Stars 01:28
7.The Void 05:08
8.Lethargy 04:29
9.Resuscitate 04:21
10.Burning Fields (remastered version) 05:37
All songs by Blame Zeus
All lyrics by Sandra Oliveira
Intros by Paulo Silva
Guitar solos on Stitch, Lust, Penitent and For The Strong and The Faithful by Paulo Silva
Guitar solos on The Void and Lethargy by Tiago Lascasas
Produced by Ricardo Fernandes and Blame Zeus
Vocals and drums recorded at Dynamix Studio, in Lisbon
Guitars and bass recorded at Paulo Silva's home studio
Mixed and mastered by Ricardo Fernandes at Dynamix Studio, in Lisbon
Cover artwork and design by Gustavo Sazes