S'achève après six épisodes la première partie de D'Argent et de Sang, la mini-série de Xavier Giannoli qui reprend le livre de Fabrice Arbi. Cette adaptation nous plonge dans l'arnaque du siècle : celle à la taxe carbone. Ce n'est pas la première fois que le récit de cette arnaque à la taxe carbone est mis en scène. On a déjà eu Les Rois de l'Arnaque sur Netflix avec l'un des protagonistes (Marco Mouly). Olivier Marchal avait quant à lui transformé cette histoire dans Carbone en film de mafieux assez correct mais jamais exceptionnel. Voilà donc que Xavier Giannoli s'intéresse au sujet. Le réalisateur que j'aime beaucoup prouve une fois de plus toute son ambition dans D'Argent et de Sang. Visuellement, la série a quelque chose de très qualitatif à proposer. On sent que les moyens sont mis en oeuvre et que la mise en scène soignée permet de se plonger parfaitement dans ce que la série veut nous raconter.
Le cinéaste créé alors un vrai thriller où l'on plonge dans cette première fois au milieu du scandale et de la façon dont il a été construit. Si les petits escrocs de Belleville étaient habitués aux arnaques à la TVA en créant tout un tas de sociétés écrans dans le monde entier, ils s'intéressent maintenant à un marché financier : Overgreen. Ce marché est celui de la revente de quotas carbone. Une aberration européenne qui a finalement aidé des gens à s'en mettre plein les poches sur le dos de la Caisse des Dépôts et Consignations qui n'est autre que la banque de l'Etat français. J'ai toujours adoré les thrillers financiers. C'est souvent fait avec une tension qui change complètement de ce que l'on voit habituellement. Et le monde de la finance n'est pas tout rose et peut parfois être violent. C'est ce que l'on verra probablement dans la partie 2 qui s'intéresse au sang qui a été versé.
Mais au delà de ça, la partie 1 se déguste comme un jeu du chat et de la souris (enfin, des souris en l'occurrence). Le chat c'est Vincent Lindon, un agent des douanes qui trouve que quelque chose cloche avec ce marché des quotas carbone. Et il eu du flair car il y a bien une arnaque derrière et l'Etat français se fait plumer de millions d'euros sans que la France ne puisse faire quoi que ce soit. Pourquoi ? Car ce serait un aveu d'échec et donc à l'opposé de ce que l'Etat veut vendre à l'international avec l'Europe sur le carbone et donc la transition écologique. Le rythme est assez soutenu (même si cette partie 1 connaît un creux de la vague au milieu où l'on stagne un peu) pour que l'on ne s'ennui pas. Les personnalités diverses et variées permettent de s'attacher et s'intéresser aux personnages.
La force de D'Argent et de Sang c'est clairement la mise en scène de Xavier Giannoli. On retrouve clairement des influences américaines (Michael Mann notamment) dans ce qu'il met en scène et c'est fort. Il y a aussi un côté Steven Soderbergh (Ocean's Eleven) dans ce que le réalisateur tente de faire afin de donner un véritable rythme élancé à son aventure. Niels Schneider est absolument parfait dans le rôle de Jérome Attias et Ramzy est quant à lui étonnant sous ceux d'Alain Fitoussi, ce petit arnaqueur des quartiers pauvres de Paris. D'Argent et de Sang est un mélange entre le thriller financier et la comédie sociale. Le réalisateur moque justement la façon dont la cupidité des uns a pu donner des idées aux autres. Dans un sens, quand Marco Mouly disait dans le documentaire de Netflix que c'est l'intelligence de la rue qui a gagné sur l'intelligence des grandes écoles il n'avait pas tord. Et c'est ce que D'Argent et de Sang tente de démontrer.
Note : 8/10. En bref, un thriller financier et une comédie sociale qui se croisent et donnent un récit palpitant.
Disponible sur myCanal