Faire Amende honorable.
L'amende honorable, la vraie, réparation destinée à "rendre l'honneur", était une aussi rude entreprise.
Elle consistait autrefois en une peine infamante, réservée aux traîtres, parricides, faussaires, sacrilèges et séditieux de tout bois, qui devaient faire aveu publiquement de leur crime. Le condamné était conduit par le bourreau en personne, nu-pieds, tête nue, en chemise, la corde au cou, un cierge à la main pour faire bonne mesure, parmi les huées de la foule ravie.
Car ce traitement de faveur était réservé au beau monde; on ne montait pas un tel cortège pour le premier diable venu- on l'exposait tout simplement sur la place, le carcan au cou. C'était l'aristocratie de la honte que l'on menait ainsi. Le menu peuple accourait donc - souvent sans chemise du tout, et pieds nus lui aussi, mais pour d'autres raisons. Il ne pouvait guère que se réjouir d'assister aux infortunes d'un maître, qui de toute façon lui en avait fait baver des vertes et des pas mûres.