Quatrième de couverture :
« Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes… »
Témoignage d’un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, À l’ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant. Il reste l’un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.
Ce livre est depuis longtemps dans ma pile à lire et ça y est, j’ai lu ce roman qui sonne comme un témoignage, un documentaire sur l’absurdité de la guerre. La Grande Guerre vue du point de vue allemand et on peut comprendre que les autorités ont voulu interdire le livre et le film qui en a été tiré.
Le narrateur Paul Bäumer a été enrôlé dans l’armée allemande très jeune, avec plusieurs de ses camarades d’école, poussés par un prof qu’ils respectaient. Il est issu d’un milieu modeste mais l’école lui permettait de rêver à un avenir plus élevé socialement. Très vite, la réalité de cette guerre de tranchées va anéantir les rêves de cette jeunesse. Paul raconte la vie au front, le bruit incessant, les différents types d’armes qu’il vaut mieux reconnaître si on veut survivre, la faim, les rats, les poux, la fatigue. Il ne parle pas tellement des grandes offensives, d’ailleurs le lieu de l’action n’est pas vraiment précisé, mais de la vie – de la survie – au quotidien de ces milliers de jeunes soldats précipités dans un conflit absurde.
On comprend que Paul et ses camarades ont été enrôlés sans doute en 1915 ou début 1916 et qu’ils parviennent pour la plupart à échapper à la mort pendant de longs mois ; le roman se termine quelques semaines avant la signature de l’Armistice. Au début, l’armée allemande est solide, la nourriture, les équipements, les pansements ne manquent pas et sont même assez corrects. Le temps passant, tout part à vau-l’eau : les Américains entrent en guerre et renforcent les Alliés, leur matériel militaire se perfectionne et leur permet, notamment grâce à l’aviation et aux tanks, d’enfoncer petit à petit les Allemands, qui ne parviennent plus à recruter suffisamment de nouveaux soldats, quand ce ne sont pas de jeunes rerues à peine formées, qui tombent comme des mouches parfois après seulement quelques heures de combat.
Outre la description parfaitement documentée des différents aspects de la guerre, c’est surtout son absurdité qui est mise en exergue dans ce roman résolument pacifiste. Il nous fait comprendre à quel point toute une génération a été sacrifiée pour ne pas sombrer dans le désespoir : dans les moments de calme ou de permission, Paul se rend compte à quel point ses idéaux, ses rêves ont été coupés net, à quel point sa jeunesse est morte dès les premiers temps de la guerre. Il se demande ce qu’il pourrait bien faire une fois revenu à la vie civile, ou plutôt il s’interdit de réfléchir pour ne pas sombrer dans le désespoir. La seule chose qui fasse tenir ces jeunes soldats de vingt ans, c’est la camaraderie, qui leur permet de garder un peu de distance, de trouver un peu de plaisir, nourriture ou autre, au milieu de cet enfer. Et malheureusement, la mort n’épargne pas les camarades…
Cette oeuvre magistrale se lit avec beaucoup de fluidité, ce qui lui donne encore plus de force.
J’avais envie de noter des passages toutes les cinq pages ou presque. De nombreuses citations sur Babelio vous permettront d’apprécier encore plus ce roman.
Erich Maria REMARQUE, A l’Ouest rien de nouveau, traduit de l’allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac, Le Livre de poche, 2013 (1è publication en 1956)
Le roman est paru pour la première fois en Allemagne en 1928.
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