Cette BD-là est d’une autre essence, même si elle utilise les mêmes ressorts et met en scène les trois principaux personnages de la série d’origine : Blake, Mortimer et Olrik. Sous un scénario très classique d’un épisode rêvé de la guerre froide, c’est surtout la réalisation d’un illustrateur au talent insurpassable – selon moi – Floc’h.
Jean-Claude Floch, né en 1953, a été formé à l’école nationale des arts décoratifs. Il a pratiqué la publicité, la BD, des affiches de cinéma, des couvertures de romans … la peinture aussi, avec un style parfaitement reconnaissable dès le premier regard, fait d’élégance minimaliste et d’anglophilie, bien en accord avec les exploits de Blake et Mortimer.
Floc'h ne reproduit pas, il crée, il improvise.
Il n’est qu’à se promener au Musée des Arts décoratifs pour apprécier son trait absolument précis dans la galerie des 21 portraits des principaux donateurs du musée …
Mais effectivement, il casse les codes traditionnels de la BD. Sa première incursion dans ce genre plébiscité aujourd’hui par une foule de lecteurs de tous âges fut « Le rendez-vous de Sevenoaks » avec pour scénariste François Rivière, paru en 1977. L’ayant acheté à l’époque, j’avais été un peu déçue de ne pas y retrouver mes héros préférés.
Cet automne, l’album intitulé « L’art de la guerre » suscite bien des cris d'orfraie. Mais moi, j’adore : plaisir de se retrouver à New York, personnage encore plus complexe que le diabolique Olrik sous les traits d’une séduisante jeune femme, mise à la couleur remarquable.
On ne fera jamais mieux dans le style de la ligne claire du XXIème siècle. Mais cela ne m’empêchera nullement de continuer à acheter les nouvelles aventures plus classiques de Blake et Mortimer dès leur parution dans les années à venir.
L’art de la guerre, d’après les personnages d’Edgar P. Jacobs, hors série par Floc’h (dessin), Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet (scénario), aux éditions Blake et Mortimer - 124 p., 23€