En 2015, Laure Amoros fonde la maison d’édition de mobilier et d’objets OROS en collaboration avec son père menuisier. À travers leurs pièces soigneusement sélectionnés, les deux acolytes établissent un dialogue entre l’artisanat et le design tout en s’efforçant de promouvoir le savoir-faire français.
Pour le Blog Esprit Design, Laure Amoros nous en dit plus sur son parcours, ses inspirations mais aussi, et surtout, son amour pour les matières nobles. Rencontre.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre parcours ?
Originaire de Béziers, j’ai passé plusieurs années à parcourir la France pour mes études en communication. L’image et la création sont deux domaines qui m’ont très vite plu. J’ai grandi dans une famille où l’artisanat régnait : ma mère façonnait des pièces en céramique quand mon père concevait des meubles en bois.
Mes années passées à Toulouse, Paris, ou encore en Corse, ont enrichi ma vision de la création de manière générale. J’ai côtoyé des graphistes et designers puis travaillé pour des architectes et des maisons de mode. Je suis ensuite revenue à l’artisanat et plus précisément au matériau de prédilection de mon père : le bois.
Quelle est l’histoire d’OROS ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?
J’ai fondé OROS de manière assez naturelle, en échangeant avec mon père autour de son travail du bois, avec la volonté de mêler ses connaissances et ma vision de la création. Autodidacte et passionné par ce matériau, il passait son temps libre à créer du mobilier dans notre atelier familial. C’est donc naturellement que j’ai voulu appeler ce projet OROS, qui prend sa racine dans notre nom de famille, AMOROS.
Pouvez-vous m’en dire plus sur la confection de vos pièces de mobilier et objets ?
L’ensemble des pièces sont imaginées à Marseille. Nous développons différents prototypes avec mon père dans son atelier, ou avec l’artisan avec qui nous souhaitons travailler. Les pièces sont ensuite fabriquées dans différents ateliers en France, en fonction du savoir-faire de chaque artisan, mais aussi des essences de bois disponibles à proximité.
Quelles sont vos inspirations ?
Mes inspirations sont multiples. Elles proviennent tout d’abord des qualités intrinsèques au bois : un bois qui contient du tanin va pouvoir noircir naturellement au contact d’une préparation naturelle, un noeud ou un veinage particulier qui va épouser une forme organique, la tendresse d’un bois qui va facilement se laisser sculpter. Nos pièces sont plutôt minimalistes pour vraiment valoriser le matériau en lui-même. Ensuite évidemment, je suis avec beaucoup d’intérêt tout ce qui se passe dans le milieu du design et de l’architecture.
Travaillez-vous en collaboration avec des artisans ?
Oui en effet. Nous développons et affinons chaque pièce ensemble. L’objet final sera le résultat de multiples échanges entre l’esprit et la main.
Peut-on dire que vous êtes éditeur ?
Oui tout à fait. Certaines pièces sont imaginées et dessinées au sein de OROS, mais nous collaborons aussi avec des designers. En mai dernier, nous avons dévoilé du mobilier associant bois massif et paille de seigle imaginé par Sacha Parent, un miroir sculpté en collaboration avec Axel Chay, une passoire pliable avec Rio Kobayashi ou encore un fumoir de table avec Guillaume Bloget.
Vous parlez de « sauvegarde des techniques traditionnelles », pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
À travers OROS, nous cherchons à mettre l’accent sur différents savoir-faire, allant de techniques traditionnelles à un travail numérisé. Avec le développement de ce dernier, il est important de continuer à promouvoir l’ébénisterie traditionnelle pour qu’elle puisse perdurer – même si de nombreux créatifs et artisans s’y attachent de plus en plus ! « Sauvegarder les techniques traditionnelles » est donc une grande mission, mais j’espère y contribuer à notre petite échelle.
Quels rapports entretenez-vous avec le bois ? Pourquoi avoir choisi de travailler avec cette matière en particulier ?
Tout simplement grâce au rapport que mon père a avec ce matériau. Sans lui, je ne suis pas sûre que je lui aurais prêté autant d’attention aussi naturellement. A travers mes échanges et mes recherches, j’ai découvert les qualités intrinsèques au bois : leurs nuances naturelles, leur grain et veinage rendant chaque pièce unique, et puis évidemment le travail de la main sur la matière qui sculpte, brûle, teinte, tourne, découpe, assemble ou encore cintre le bois pour lui donner une fonction.
Quelles valeurs souhaitez-vous inculquer à travers OROS ?
Principalement celle du respect. Le respect pour l’arbre qui est tombé ou coupé pour renouveler les forêts mais aussi participer à l’économie, le respect du matériau en lui-même, encore « vivant », et enfin le respect du travail de l’artisan qui nécessite de nombreuses heures de travail avant de donner vie à un objet.
Des projets pour la suite ?
Cette année est passée à toute allure. Nous avons lancé nos premières pièces de mobilier, investi un nouvel espace à Marseille, et participé au salon Maison et Objet. Pour cette fin d’année, le temps sera à la réflexion sur comment faire évoluer notre maison d’édition et comment aller plus loin dans nos réflexions et propositions.
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