Rendez-vous poétique : Hélène Dorion

Publié le 08 novembre 2023 par Adtraviata

En ce mois de novembre, retrouvons Hélène Dorion et deux poèmes extraits de son recueil Comme résonne la vie paru aux éditions Bruno Doucey en 2018. Le premier poème résonne avec la période et le second est un écho au roman de René Frégni, Dernier arrêt avant l’automne que je vous présente dans quelques jours.

Les rayons se posent, obliques

sur la crête des montagnes

un vent brosse les feuillages

que la saison a éreintés.

Tu regardes l’œuvre

de la lumière sur les pentes

qui s’effacent et resurgissent.

Tu refermes la porte du jardin, la rose

n’est que le souvenir d’une rose.

Des bourrasques harcèlent les tiges frêles

forcent les fenêtres

novembre recouvre ta demeure.

Tu descends vers ta vie, soulèves

le voile ténu des années

vois le chaos, puis la figure s’éclaire.

Tu t’arraches à la douleur et descends

encore vers toi même,

descends rejoindre le souffle des choses

que saisissent les mots.

La forêt recueille tes pas d’enfant

tes voyages au creux de l’amour

et du poème

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Tu aurais lu tous les livres sur les rayons

les nouveaux comme les anciens, les grands

et petits formats, ceux qui traînent

depuis des mois, entamés

ou pas même ouverts, ceux

d’auteurs complices

tu aurais lu les plus sombres

les légers, les illisibles et même ceux

qui cassent comme glace du fleuve, t’inventent un estuaire

ceux qui bousculent

t’abandonnent au milieu ou te poussent

du haut d’une falaise vers ton dénouement

ceux qui creusent, touchent ton cœur

remuent encore, une fois rangés

sur le rayon, ceux

qui ont mis ta main sens dessus-dessous

et ne se referment pas, tournent encore

autour de toi, ceux qui s’accumulent

sur la table du sommeil

que tu croyais connaître

par cœur, n’entrent pas

dans la poche des heures, courbent

l’échine, ont l’épine à l’envers, restent

sur le dos de la couverture

cachent leur vrai visage, ceux qui

à la fin, te diront que la vie tient aussi

aux histoires qui la racontent

aux mots qui surgissent par la fenêtre

à ce qu’ils éclairent

dans la forêt de tes pas