Comme le temps passe vite ! C’est le mot de la fin des vacances, du soir d’une belle journée en extérieur, exprimant à la fois le regret et le bonheur, mais manifestant aussi une certaine idée du temps. Le temps passe, l’expression est consacrée ; mais y a-t-il ici quoi que ce soit qui se meuve ou qui disparaisse ?
Le temps fuit, lit-on parfois sous les cadrans solaires. Mais il ne fuit pas comme le sable entre les doigts, ou le petit animal dans les sous-bois. Il n’est pas ce mouvement d’apparaître et de disparaître, de se montrer et de filer, car toutes ces images ne sont pas le temps, mais le supposent. Le temps fuit ? Pourtant, il ne nous échappe jamais : toujours présent, il est le présent même. Lui demeurant, tout passe en lui.
Mais irrésistiblement nous assimilons le temps à un mouvement, fuite ou cycle, alors que ceci ne peut être pensé que dans le temps. Ce qui est en mouvement a une certaine vitesse, qui mesure une distance parcourue en une unité de temps. Si donc un temps pouvait être plus lent ou plus rapide qu’un autre, il faudrait supposer un temps plus fondamental, où se ferait cette comparaison.
Le temps ne passe pas, car il n’est rien qui se déplace ou se fige. Ni long, ni court, ni uniforme, mais condition permettant de penser tout cela, il est si familier que son idée, liée pourtant à notre conscience, échappe toujours.