Une analyse comparative de leur parcours politique à la recherche du concept de "grandeur" et des itinéraires qui les ont portés au pouvoir, des qualités qu’ils ont manifestées (ou des horreurs)pour s’y maintenir, des circonstances de leur effacement.
« Une seule chose compte, et c’est le pouvoir, le pouvoir et encore le pouvoir. » déclarait Winston Churchill à Tito …
L’objectif de l’auteur est d’évaluer le rôle de la personnalité de ces dirigeants au cœur des bouleversements historiques qu’ils ont affrontés et quelle part de facteur chance ils ont pu rencontrer dans leur manière de saisir avant d'autres les opportunités : effondrement de la démocratie dans la crise économique de 1929 (Hitler), débâcle militaire (De Gaulle), guerre civile (Franco), guerre d'envahissement (Staline) ou conflit colonial (Thatcher), résistance contre les ennemis extérieurs et intérieurs (Tito) effondrement du bloc soviétique (Kohl).
Il relève des qualités largement partagées aussi (mais pas par tous) : l'ambition sans limite, une excellente mémoire, un talent oratoire, la capacité à forger un réseau de fidèles et de s’en séparer si nécessaire, l’absence totale de scrupules, le travail acharné …
La question fondamentale : l’histoire aurait-elle suivi un cours différent sans ces figures-là ?
En fait, voici aussi une brillante leçon de politique intérieure car la vie démocratique suit souvent des cycles. Les partis de gouvernement s’enferrent, la confiance s’érode, le vent du changement se lève sans que les dirigeants ne le perçoivent à temps … Démocrates ou dictateurs, il faut avoir le talent de ne pas s’accrocher au pouvoir. Bien peu s’y conforment.
En tous cas, Ian Kershaw livre ici un tableau plein de coups de griffes, sur des figures totémiques de notre Europe et même du monde, y compris là où on s’y attend le moins.
Ces grandes figures qui ont fait l'histoire. Charisme et politique au XXe siècle, essai de Ian Kershaw – traduit de l’anglais par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, aux éditions du Seuil, 528 p., 23,90€