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Black Miroir

Publié le 06 novembre 2023 par Morduedetheatre @_MDT_
Black Miroir

Critique de L’Effet Miroir, de Léonore Confino, vu le 18 octobre 2023 au Théâtre de l’Oeuvre
Avec François Vincentelli, Caroline Anglade, Éric Laugérias et Jeanne Arènes, mis en scène par Julien Boisselier

Quand j’ai vu l’affiche, j’ai d’abord eu un petit effet de recul – je ne me suis pas encore faite à la nouvelle charte graphique de l’Oeuvre, non, même si ça fait 7 ans, que voulez-vous. Mais difficile de passer à côté d’une distribution pareille : François Vincentelli, Éric Laugérias et Jeanne Arènes, mis en scène par Julien Boisselier de surcroît ? On fonce !

On ne va pas en dire trop, car ce serait bête de gâcher la surprise. On va dire qu’il y a un dîner de couples, un romancier en mal d’inspiration, un miroir qui fait des misères à qui se regarde dedans, une raie à cuisiner pour le dîner, quelques petits secrets qui vont pointer le bout de leur nez, un personnage tout droit sorti de la Famille Adams, et pour le reste, on vous laissera savourer…

De ce que j’en connais, je ne suis pas une grande fan du théâtre de Léonore Confino. Mais après tout je ne suis pas spécialiste et devant une telle affiche, je suis prête à donner une nouvelle chance. Et heureusement ! Dès les premières minutes du spectacle, je suis happée par cette ambiance étrange qui, tout de suite, s’installe sur scène. On est dans une comédie – ou on veut nous faire croire qu’on y est – et, pourtant, quelques chose d’inhabituel plane. Moi qui me croyais partie pour une histoire somme toute très banale de dîner de couples, me voilà dans un univers qui joue avec le surréalisme. Et j’y plonge complètement.

Pour moi, c’est la grande réussite de ce spectacle. La mise en scène de Julien Boisselier a tout misé sur cette atmosphère ambivalente qui oscille de la comédie à la fantaisie macabre, et qui m’a complètement emballée. Même une fois qu’on a pénétré cette ambiance inattendue, elle sait nous surprendre encore. La pièce ne joue pas la demi-mesure, fait confiance à sa situation, et ça fonctionne, portée évidemment par d’excellents comédiens. Elle parvient à maintenir l’étonnement, l’originalité, le décalage. Elle donne l’impression d’une atmosphère orageuse qui ne pète pas vraiment. C’est comme si le mystère qui rodait autour du conte écrit par Théophile avait pris possession du plateau. Et cela provoque un rire dans la même veine que tout ce qui se passe ici, un rire étrange et décalé, un rire qui s’impose sans qu’on l’ai senti venir et qui s’exprime librement avec quelques secondes d’écart. Il est étonnant, ce rire, et suffisamment rare au théâtre pour m’avoir marquée ce soir-là.

Bon, il faut aussi le dire : tout ne fonctionne pas. Il y a des longueurs. Je n’ai pas vraiment su analyser d’où venaient ces moments « sans » : lorsqu’on s’éloigne trop du mystère pour toucher au concret, ou lorsqu’on tente de mesurer un peu le propos, peut-être, et encore. Pas sûr. De toute façon, pour être tout à fait honnête, j’étais tellement emballée par ce climat si particulier sur le plateau que ça ne m’a pas vraiment dérangée. C’est étrange, car des longueurs devraient habituellement peser dans un spectacle aussi court. Mais elles sont comme tout le reste. Étonnantes. Comme si, parce que le le spectacle étaient très dense, les zones d’essoufflement ne parvenaient pas vraiment à entamer le rythme mis en place. Oui, je suis à deux doigts de dire que mêmes ces longueurs, je les ai bien aimées. Étrange.

Une jolie surprise !

♥
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L’Effet Miroir – Théâtre de l’Oeuvre
55 Rue de Clichy, 75009 Paris
A partir de 22€
Réservez sur BAM Ticket !

Black Miroir
© Fabienne Rappeneau

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