« Mon cœur est très latino-américain, mais mon moteur est allemand. »
Voilà un petit moment qu’elle fait parler d’elle avec sa musique, mais après plusieurs EPs très remarqués, voici enfin son tant attendu premier album.
Sofia Kourtesis est une artiste péruvienne qui réside à Berlin depuis son adolescence car elle a fui son pays d’origine puisque son homosexualité n’y était pas acceptée. Elle chante aussi bien en espagnol qu’en anglais, et Madres rend de toute évidence un double hommage, à son pays, et à toutes ces mères que personne ne doit jamais oublier et que l’on croise au quotidien. La sienne en particulier donc, grâce au médecin qui l’a sauvée, un certain Peter Vajkoczy, le neurochirurgien de renommée mondiale ayant ainsi reçue la faveur d’une chanson portant son nom ici.
Un très connu sample de Manu Chao avec la question « ¿Qué horas son, mi corazón? » est devenu le leitmotiv sur « Estación Esperanza » (clin d’œil à …Próxima Estación… Esperanza, titre de l’un des trois albums du Français-Espagnol). L’espoir – la station ou la saison – est, pour Sofia Kourtesis, celui de prôner de façon active aussi bien en Allemagne qu’au Pérou surtout pour l’égalité des sexes, l’acceptation et la protection de l’homosexualité et une amélioration de l’accès à l’avortement au Pérou.
Entre le Funkhaus de Berlin et El Carmen péruvien, la géographie nous offre un arc-en-ciel musical qui illustre le métissage de la vie de Sofia Kourtesis. Entre les sonorités électroniques de la capitale allemande, et les racines afro-américaines de la musique péruvienne – comme le montre, par exemple, « El Carmen » (avec Miguel Ballumbrosio au chant). Et puis, je ne sais pas pourquoi, mais la voix de Chantal Saroldi sur « How music makes you feel better » me rappelle Arca (!)
Madres est déjà mon disque électro de l’année !
(in Heepro Music, le 05/11/2023)