Crever les toits, etc.
Le premier texte, alors que ça a déjà commencé, qu’il faut absolument lire à voix haute
pour se rendre compte à quel point cela chasse, les infos jour après jour et plusieurs fois par jour, comme pour effacer même les faits les femmes les hommes les enfants les enfants les hommes les femmes, mais la poésie n’oublie pas dans le danger les barbelés les tortures les guerres les guerres sans fin la poésie et les petites chansons qu’on a dans la tête sans savoir peut-être les petites chansons j’aurais tant aimé danser danser jusqu’à la fin
Déplacements / septembre 2016
l’autre texte en 1672 lignes numérotées et ce n’est pas fini les numéros sont déjà écrits pour les trafics de migrants les morts et campements des villes on compte les morts sous les décombres où vont les rêves un enfant mort est un enfant mort être le contemporain n’être le contemporain des horreurs c’est où Alep Londres Paris Mossoul c’est où Aarhus quoi de mieux qu’un meurtre odieux pour justifier une guerre amplifier la peur bombes, bombes, bombes, bombes cessez-le-feu est plus qu’un verbe ne tiendra pas plus qu’un mois
C’est cette écriture de Claude Favre qui se saisit des mots entendus, des informations et des messages belliqueux, qui se saisit et rassemble les questions qui manquent de points d’interrogation, et montre le monde tel qu’on pouvait le voir en 2016. On a du mal à respirer.
Le livre s’ouvre avec un extrait d’un tract largué par des avions syriens et russes sur Alep : « Vous savez que tout le monde vous a abandonnés ». Et s’achève en quatrième de couverture par ces mots : « imagine, nous sommes là »