Second volet de la trilogie New-Yorkaise de Will Eisner, après la ville, “L’immeuble” met en scène dans une première partie, quatre destins, quatre
personnes ayant fréquenté un vieux bâtiment ressemblant de près au Flatiron building, mythique immeuble triangulaire au cœur de New-York. Dans une seconde partie, l’éditeur a rassemblé des
chroniques, des carnets de croquis, des histoires courtes, sortes de “cartoons” présentant la vile à travers différents thèmes ( les odeurs, l’espace, la solitude, les bruits, le temps…).
Devant ou dans cet immeuble on va, au fil des pages, croiser un vieux célibataire malheureux qui veut consacrer sa vie aux enfants, en vain ; une femme belle et séduisante qui qui va choisir un
mariage sans passion avec un dentiste chauve et rondouillard plutôt que de vivre sa passion avec un poète fou amoureux d’elle ; un violoniste mélancolique et un vieux promoteur immobilier
qui finira ruiné. Les destins se croisent dans ces histories où les personnages ont tous pour point comment ne pas connaître le succès et la réussite. Mais au-delà de cet aspect pessimiste du
récit, la fluidité avec laquelle Will Eisner parvient à nous faire vivre tout ça avec une certaine poésie et beaucoup légèreté qui rendent la lecture toujours très agréable.
Plus agréable, elle l’est encore, dans la seconde partie du livre, où là Will Eisner “se lâche” dans des carnet de notes nous racontant sa ville dans tous ses détails. Un peu à la manière d’un
Jacques Tati, il scrute les comportements de ses semblables dans leurs rites quotidiens, dans leurs petites habitudes. Avec humour et une certaine forme de tendresse, comme un peu un sociologue,
il met en scène la société comme il la vit et la ressent dans tout ce qu’elle a de plus dôle et de plus tragique à la fois. Délicieux!
New York trilogie t.2 - L’immeuble
scénario & dessin : Will Eisner
Editeur : Delcourt
144 pages - 14,95€
Parution : juillet 2008