Le traitement à œillères pro-israéliennes de la guerre Hamas-Tsahal décrédibilise Big Media français. Entendre, par exemple, Christophe Barbier légitimer les bombardements parce qu’ils proviennent d’une armée étatique bien propre sur elle, les chairs broyées et brûlées ne pouvant l’atteindre, mais condamner les troupes du Hamas pour leur tuerie de proximité signe la tendance politico-journalistique du moment.
Soixante-quinze ans d’occupation répressive, d’humiliation, de conditions effroyables de survie imposées à la population de la bande de Gaza et l’on voudrait une réaction mesurée, calibrée et pleine d’humanisme envers les colons israéliens qui ont envahi des terres palestiniennes. Quand considèrera-t-on à sa tragique hauteur l’interminable agonie des Gazaouis entretenue par les autorités israéliennes ? Une vie entière à subir des occupants qui bafouent avec morgue le droit international puisque le bibendum américain les couvre… Cette loi du plus impitoyable, qu’ai-je à foutre qu’elle soit suivie par des Israéliens de confession juive pour la quasi-totalité ? Ils pourraient être Bantous, Auvergnats de souche ou Tartempions d’outre-Terre que ça ne changerait rien au fait : le génocide perlé en cours depuis l’équivalent d’une existence est le premier des crimes.
Au nom de quel diarrhéique principe les bombardements massifs sur Gaza-camp de concentration seraient tolérables ? Parce qu’il y a eu actes ignobles, dits « terroristes », de combattants du Hamas ? Tsahal peut donc, avec la bénédiction occidentale, mener son opération criminelle selon une hémorragique loi du Talion : plus de huit mille Palestiniens tués – chiffre très provisoire – pour mille quatre cents morts chez les colons...
Soyons lucide : ce que veulent Netanyahou et sa clique c’est la disparition de toute trace palestinienne en Palestine. Comment cela se nomme-t-il lorsqu’on planifie et met en œuvre les moyens nécessaires à une telle fin ? Ce qui aurait été commis par n’importe quel autre Etat, tiens, au hasard, la Russie de Poutine, dans un territoire ne relevant pas de sa souveraineté, aurait déclenché des condamnations sans appel, des sanctions tous azimuts, la mobilisation de la justice pénale internationale et surtout une aide militaire massive pour la nation victime… mais avec Israël, rien, mieux même : le soutien aux sanguinaires représailles disproportionnées.
L’attaque du Hamas apparaît déjà bien modeste par rapport à tout ce qui a été perpétré depuis. Et si l’on ajoute à cela les décennies d’une tyrannie israélienne qui étouffe méthodiquement Gaza et dévore jour après jour la Cisjordanie, la violence déchainée du Hamas prend des airs de baroud suicidaire.
Seule solution : un coup d’arrêt immédiat imposé de force à la vengeance hypertrophiée de l’Etat israélien et la décision internationale de rendre l’intégrité territoriale à la Cisjordanie tout en désenclavant la bande de Gaza. Malheureusement les extrêmes de tous bords ont le vent mauvais en poupe et rien de viable ne se profile : d’un massacre l’autre comme seul horizon. Et ce n’est pas le croulant Biden qui aura l’envergure historique de lancer un ultimatum au Premier ministre israélien : un cessez-le-feu suivi de vraies négociations pour qu’enfin vive un Etat palestinien. Ça, ce sera lorsque les colons israéliens auront un cortex insulaire accessible à l’empathie pour les Gazaouis sans avenir…