Ces chercheurs de la Johns Hopkins rapportent qu’il est possible, via une mutation protéique, de créer des « super » lymphocytes T capables de lutter contre le cancer et les infections. Ces travaux, publiés dans le JCI Insight suggèrent que ces cellules T porteuses de cette super mutation pourraient booster l’immunothérapie du cancer.
La recherche qui utilise des cellules cultivées en laboratoire provenant d’humains et de souris génétiquement modifiées apporte la preuve que la modification d’une protéine spécifique dans les globules blancs ou lymphocytes T CD8+, peut rendre les cellules plus robustes, ouvrant la voie à une meilleure exploitation des cellules T du système immunitaire pour lutter contre le cancer.
Optimiser l’efficacité des thérapies basées sur les lymphocytes T
« C’est un défi crucial », déclare l’auteur principal, le Dr David Kass, professeur de cardiologie à l’Université Johns Hopkins. « Nous avons trouvé un moyen puissant de stimuler la fonction des lymphocytes T, d’améliorer l’immunothérapie du cancer et potentiellement de traiter aussi un large éventail de maladies infectieuses. »
L’étude est menée à l’aide d’expériences précliniques et le chemin à parcourir sera encore long, avant de parvenir à des thérapies humaines. L’équipe s’est donc concentrée sur les lymphocytes T CD8+, les « soldats » circulants du système immunitaire chargés d’identifier et de combattre les infections et les cellules cancéreuses. Une protéine appelée TSC2 (protéine 2 de la sclérose tubéreuse de Bourneville) peut activer ou bloquer une voie moléculaire qui régule les cellules T. La recherche montre que :
l’introduction d’une mutation dans le gène TSC2 agit comme un « bouton de volume » moléculaire ;
- qui permet d’augmenter ou de diminuer la voie de régulation des lymphocytes T lorsqu’ils répondent activement à un antigène du cancer.
- les cellules T mutées n’agissent pas différemment des cellules normales lorsqu’elles sont simplement au repos et non stimulées pour attaquer une cible. En revanche, ces cellules s’activent lorsqu’elles sont stimulées via l’expression de TSC2 ;
- les lymphocytes T avec mutation TSC2 peuvent se développer en grand nombre au cours de la réponse immunitaire initiale, mais pouvaient également persister plus longtemps, ce qui diffère des autres lymphocytes T utilisés à des fins thérapeutiques ;
- enfin, les lymphocytes T porteurs de la mutation TSC2 sont plus aptes à se multiplier et à être activés pour combattre les infections et contrer les tumeurs, même s’ils se situent dans un environnement plus acide ou contenant moins d’oxygène que leurs homologues non mutés.
C’est un nouveau mode de contrôle des lymphocytes T : cette découverte ouvre la possibilité d’améliorer la thérapie CAR-T, dans laquelle les cellules T sont génétiquement modifiées pour mieux reconnaître un cancer particulier. Si ces cellules T présentaient également la mutation du gène TSC2, elles pourraient être plus actives contre la tumeur en se multipliant, mais pourraient également persister plus longtemps, améliorant ainsi leur efficacité contre le cancer.
En résumé, ces cellules T modifiées, -et testées- se révèlent plus efficaces pour arrêter la croissance tumorale, prolifèrent davantage à l’intérieur de la tumeur et ne se fatiguent pas aussi rapidement, expliquent les chercheurs :
« alors que nous nous efforçons toujours de comprendre les complexités du système immunitaire, de telles approches pourraient révolutionner le domaine de l’immunothérapie. »
Les chercheurs prévoient de poursuivre leurs études sur les tumeurs solides telles que les cancers du poumon, du foie et du côlon, qui, comparées aux tumeurs sanguines telles que la leucémie, sont plus difficiles à traiter via les thérapies à base de cellules T.
Source: JCI Insight 3 Oct, 2023 DOI: 10.1172/jci.insight.167829 TSC2 S1365 A mutation potently regulates CD8+T cell function and differentiation improving adoptive cellular cancer therapy
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Équipe de rédaction SantélogNov 1, 2023Équipe de rédaction Santélog