Chris Murphy au Café Archipel, Bruxelles, le 30 octobre 2023

Publié le 01 novembre 2023 par Concerts-Review

Chris Murphy au Café Archipel, Bruxelles, le 30 octobre 2023

michel

Un lundi à Bruxelles sous une pluie perverse, c'est bien moins fun qu'un lundi au soleil, ça n'a pas empêché la faune locale de squatter toutes les îles de l'Archipel. Par contre, t'étais pas obligé de chercher la bagarre pour un siège en terrasse.

C'est dans ce folklorique bistro que Walter V a convié Chris Murphy pour son premier concert chez Manneken Pis.

Chris, né à New-York, mais désormais établi à L A, est sur la route depuis plus de trente ans, si tu veux acquérir sa discographie complète, il te faudra acheter un nouveau rack porte-cd, la liste est estimée à plus de 20 enregistrements sous son nom et encore plus de collaborations.

Il ne se contente pas d'enregistrer, bon an, mal an, il se tape 200 concerts, pas uniquement chez Joe, mais aussi sur le vieux continent.

Il y a peu, il a pondu l'album 'The Road and the Stars' ( cf review Walter), une compilation qui retrace une partie de sa carrière.

La fiche annonce: Roots-rock, Celtic, Bluegrass, Folk, World, Blues, and Jazz are all represented here to create awareness of the broad musical palette that Chris Murphy as an artist has to offer the listener.

En concert, barbe grise s'adapte au public, pas de setlist donc, il joue au feeling.

On le dit multi-instrumentiste, dans ses bagages il avait emporté quelques effets personnels: sous-vêtements, nécessaire de toilette, carnet d'adresse et aussi un violon, un archet, et un jeu de pédales .

Le coup d'envoi est donné à 20:30', il se présente: I'm Chris Murphy from Los Angeles, you can expect 90 minutes of violin music.

I'll begin with three pieces of Irish music, all the songs were composed by myself, I'll loop myself and add some drum loops too.

Ready, attachez vos ceintures, the journey begins.

Démarrage précautionneux, feutré, ' Caves of Lillala' vire gigue nerveuse lors d'un second mouvement, la plage prend toute son ampleur quand, de son timbre cassé, le troubadour chante la poignante rebel song.

Pour donner du poids à son interprétation, le barde se promène dans le zinc, pousse une pointe derrière le comptoir, fait une pause devant une madame, lui joue une aubade avant de regagner la scène.

A top entertainer!

Toujours en mode celtique, le uptempo ' Early grave' , dépeint ses mésaventures avec une fille, qui risque de le conduire vers un décès précoce.

Après avoir porté un toast à l'assemblée, lui ne carbure pas à la grenadine, il propose un singalong jazzy: 'Done with Diane' .

I met Diane on Tinder... c'était pas une bonne idée, les sites de rencontre c'est de l'arnaque, il termine son réquisitoire par un fuck up Diane bien senti et enchaîne sur une nouvelle gigue endiablée, 'Hard bargain'.

Le violon nerveux affole quelques clientes qui accompagnent le playboy grisonnant en tapant le sol du talon ou en frappant le comptoir de leur verre à moitié plein.

Ambiance explosive dans le zinc, rien n'échappe au Californien qui a repéré quelques filles pas hideuses dans un coin et vient les baratiner avec son stradivarius.

Le folk blues 'Into the Past' , joué en pizzicato, décrit les passagers du train voyageant de Whitehorse (Alaska) à Seattle, le ton est nostalgique, le rendu poignant, l'homme peut donc passer de l'ironie à la gravité sans sourciller .

Eclectisme et virtuosité cohabitent.

Légèrement cabot sur les bords, il refile ses cartes de visite, uniquement aux clients de sexe féminin avant de proposer un instrumental au ton mélancolique, le pied droit enfonce une pédale, la romance vire reel et les paysages bucoliques de la verte Erin s'imprègnent dans nos esprits.

Forcément Murphy, évoque l'Irish Stout, une bière plus corsée que la fade Heineken.

'Middleweight Champion' a été écrit en hommage aux maîtres du Chicago blues, John Lee Hooker, Muddy Waters ou Robert Johnson.

Mais toi, c'est à Papa John Creach que tu penses.

Après s'être enquis de nos liens avec les social media et chanté les louanges de Riou le barman du troquet qui vient de lui servir un whisky bien tassé, il attaque le sea shanty fougueux ' Cape Horn'.

Un coup d'oeil à la clientèle pour constater que les filles picolent sec dans le coin, ce qui approche le taux d'inhibition du niveau zéro, Mr Murphy, lui aussi, a fait les mêmes observations et après un lament au fond gospel, décrivant l'état déplorable de ses finances, il enchaîne sur a tune to dance to, pour terminer le concert.

'Halfway around the world' a vu le bistrot transformé en Riverdance show, à la chorégraphie libre, et c'est dans une ambiance Monday Night Fever qu'a pris fin un concert turbulent et euphorique.