❤ Selon le programme annuel du challenge « les classiques c’est fantastique ! », élaboré par Moka et Fanny, je publie comme convenu le dernier lundi du mois mon choix « classique », lu jusque-là dans le plus grand secret. Pour octobre, le programme est le suivant : « Goncourt ou Nobel ? ». J’avais décidé de relire pour mon choix de mai, celui de juin et celui de juillet. J’ai fait autrement pour août, et je l’ai un peu regretté, si bien que je n’ai pas participé en septembre, de peur d’être de nouveau déçue et aussi car j’étais prise par le temps. Pour tout dire, je n’ai pas véritablement déniché un « vieux » Goncourt dans mes étagères, pour ce défi d’octobre, mais dans ma PAL, j’espère donc être tout de même dans le thème. Ceci dit, j’ai passé un fabuleux moment de lecture avec ce titre au souffle romanesque impressionnant, foisonnant et qui est une véritable ode à la littérature, un classique en devenir c’est évident, un Goncourt qui méritait pour une fois réellement son prix (à mon humble avis)… Dès les premières pages du roman, le lecteur fait la connaissance de Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais, qui vit à Paris, de nos jours, l’auteur d’un premier roman, ayant reçu un accueil d’estime. Alors qu’il était lycéen, Diégane était tombé pour la première fois sur le nom de TC Elimane, dans un manuel, puis sur la première phrase de son roman, un peu plus tard. En 1938, l’auteur a en effet publié « Le labyrinthe de l’inhumain », un roman qui a beaucoup fait parler dans les journaux, surtout en raison des origines de TC Elimane. Plus tard, un scandale autour de plagiats, a fait tomber son oeuvre dans l’oubli. Diégane est fasciné par cet auteur dont on perdu toute trace. Lorsqu’il a la chance de lire enfin son livre, introuvable jusque-là, la quête commence. « Le labyrinthe de l’inhumain » est effectivement indubitablement grandiose. Et si TC Elimane était toujours en vie ? Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, c’est une véritable enquête sous forme d’épopée qui s’engage, traversée par l’histoire, le colonialisme, la Shoah, et les rencontres, essentiellement féminines… Je me suis donc régalée à lire ce Goncourt 2021 qui m’attendait depuis deux ans sur mes étagères. Je n’avais pas lu depuis longtemps un titre que je puisse qualifier de « magistral ». J’aurais aimé assister à des rencontres avec l’auteur, pour entendre ce qu’il a pu ressentir à l’annonce de son prix. Bien entendu, à l’instar des grands romans, je me suis parfois perdue dans le dédale que nous présente l’auteur, qui pourtant ne lâche jamais son fil. Car cette quête est compliquée, un puzzle composé de récits, de conversations rapportées, de confessions, de rêves, de bribes de lettres. C’est une lecture exigeante, qui ravira pour autant les lecteurs tenaces. Tout cela pour arriver à cette question fondamentale : écrire ou ne pas écrire ?
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand. Ce piège est celui que l’opinion te tend. Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout. »
Editions Philippe Rey – 19 août 2021
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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Une autre lecture chez… Joëlle