La vague de sanctions – dont le total se chiffre en milliards de dollars – ayant frappé les institutions financières ces derniers mois en raison de leurs défaillances en matière de contrôle des communications de leurs employés entraîne la prise de mesures drastiques, dont certaines, notamment chez HSBC, qui relèvent d'une panique irrationnelle.
La répression, essentiellement américaine, a déjà déclenché de nombreuses réactions défensives, généralement ciblées, en particulier vers les populations de « traders » soumises aux contraintes les plus strictes, et plus ou moins raisonnables, entre, par exemple, les fréquentes interdictions d'utiliser WhatsApp – précédemment instaurée aussi par HSBC – et les outils de surveillance tels que celui de Deutsche Bank, qui frôle dangereusement les frontières de la législation sur la protection de la vie privée.
Au moins, dans ces cas, les réponses sont adaptées à des problèmes avérés et difficiles à traiter, à savoir l'impossibilité de capter et conserver les conversations tenues sur une plate-forme commerciale sécurisée ou les intentions malveillantes des collaborateurs qui prennent garde à ne pas se compromettre. En revanche, que penser de cette nouvelle politique déployée dans HSBC qui, selon la revue American Banker, bloquerait le recours aux SMS sur les téléphones professionnels de pratiquement tous les salariés ?
Naturellement, la démarche paraît plutôt surprenante car, a priori, et sans même aborder la question du périmètre concerné, qui déborde largement des domaines à risques, il existe des systèmes de collecte et d'analyse des messages textuels, normalement reconnus, voire agréés, par les autorités, qui sont censés fournir les moyens de garantir la conformité des usages. Peut-être les forcenés de la fraude ont-ils développé des méthodes de contournement, à base de langage codé ? Mystère…
Quoi qu'il en soit, la stratégie retenue est aberrante, puisqu'elle consiste à priver (tous) les employés d'un outil de communication populaire et extrêmement utile dans d'innombrables circonstances. Il ne restera plus ensuite à la banque qu'à proscrire les appels vocaux et elle pourra se débarrasser de sa flotte d'appareils (en vantant les économies réalisées !), sans prendre garde aux conséquences néfastes de sa décision. Pendant ce temps, il y a fort à parier que les personnes visées, qui ne respectent pas les règles, trouveront la parade, entre autres via leur téléphone personnel. Certes, la banque aura alors beau jeu de nier sa responsabilité… mais sera-t-elle entendue ?
Il ne fait aucun doute que les amendes infligées aux institutions financières les incitent à l'action, encore faudrait-il qu'elles ne brident pas leur perspective sur la lettre et non l'esprit des textes auxquels elles doivent se plier. Puis il serait temps de faire preuve de créativité dans l'univers de la réglementation : les implémentations brutales, comme cette interdiction massive chez HSBC, sont toujours totalement contre-productives et doivent impérativement laisser la place à des réflexions plus subtiles, dans lesquelles les opportunités et l'innovation technologiques ont un immense rôle à jouer.