Après l'obscurité, la lente résurrection du tennis britannique féminin

Il est loin le temps où Virginia Wade devenait la dernière britannique à gagner Wimbledon en 1977. Près d'un demi-siècle plus tard, le royaume attend toujours de couronner sa nouvelle héroïne sur le gazon londonien. On a cru pendant un temps en Johanna Konta, qui prit finalement sa retraite en 2021, année où sa compatriote Emma Raducanu allait surprendre tout le monde en remportant l'US Open. Hélas, les blessures à répétition et l'attrait des sponsors allaient avoir raison de la jeune joueuse aujourd'hui âgée de vingt ans et doucher, par la même occasion, les espoirs de tout un peuple. Mais alors, face à une telle disette, peut-on dire que le tennis britannique féminin est fichu et ne se relèvera jamais ? Peut-être pas. D'ailleurs, il existe encore des raisons d'y croire si l'on regarde ce qui se passe du côté de la jeune génération, grâce à cinq joueuses toutes issues d'horizons différents, dont il va falloir retenir les noms. Qui sont-elles et vont-elles pouvoir sauver leur discipline du marasme ? Là est la question.
Mingge Xu, 16 ans.

Déjà robuste et puissante pour son jeune âge (elle possède un coup droit très à plat qui peut perforer la défense adverse), Mingge Xu jongle régulièrement entre le circuit Junior et le circuit professionnel. C'est surtout sur le premier qu'elle s'est le plus distingué avec un premier titre acquis dès 2021. Mais, c'est cette année qu'on la voit vraiment décoller avec deux gros titres en catégorie J300 à Repentigny et à Pékin où elle bat la tchèque Laura Samsonova en finale. Des performances qui lui valent d'être aujourd'hui quatorzième au classement mondial chez les Juniors. La fédération britannique sera-t-elle assez généreuse pour lui offrir une invitation lors du prochain Wimbledon ? Ses deux premières participations au Chelem londonien se sont à chaque fois soldées par une défaite au premier tour des qualifications.
Hannah Klugman, 14 ans :

Pourquoi Hannah Klugman fait-elle autant parler d'elle ? Parce que figurez-vous qu'à seulement quatorze ans, elle est déjà capable de battre des joueuses professionnelles bien mieux classées qu'elle. Depuis le début de l'année, des joueuses d'expérience comme Pemra Ozgen (trente-sept ans) ou Diana Marcinkevica (trente-et-un ans) en ont fait la douloureuse expérience. Il y a quelques jours, au tournoi de Shrewsbury, elle a crée beaucoup de problèmes à la française Océane Dodin, ex-membre du top 50, à qui elle a pris un set. Une telle maturité étonne alors qu'elle attend de remporter son premier gros titre en Junior (elle est allée jusqu'en quarts de finales à l'US Open). Pas de doute, la Grande-Bretagne a trouvé sa nouvelle perle. Il va maintenant falloir répondre aux attentes.
Mika Stojsavljevic, 14 ans :

Victorieuse cette année de deux tournois Juniors J100 à Glasgow et Loughborough, la jeune adolescente est entrée dans une nouvelle dimension en atteignant les quarts de finales à Wimbledon après des succès d'envergure sur Wakana Sonobe, Lucciana Perez Alarcon et Emerson Jones. Elle parvint même à prendre un set à Renata Jamrichova. Plus tard, elle réussit à sortir des qualifications de l'US Open Junior avant de battre de nouveau Wakana Sonobe (après avoir concédé le premier set 6-0) puis, de bousculer Kaitlin Quevedo. Si elle poursuit sur sa lancée, 2024 pourrait être un grand cru pour elle.
Isabelle Lacy, 17 ans :

Victorieuse de trois tournois Juniors, Isabelle Lacy a rapidement délaissé le circuit des jeunes pour acquérir de l'expérience au contact des professionnelles. Si ses efforts n'ont pas été souvent récompensés, elle a tout de même réalisé deux exploits monumentaux qui ont attiré l'attention sur elle, d'abord au tournoi de Surbiton (W100) où elle a atteint les quarts de finales en sortant notamment l'ex-trente-cinquième mondiale Madison Brengle ; ensuite à Ilkley (W100) où elle s'est offerte au premier tour la très expérimentée Viktorija Golubic. Avant cela, elle avait atteint le dernier carré au tournoi W15 de Sharm ElSheikh. Même si elle est rentrée dans le rang depuis, elle pourrait encore nous surprendre dans un avenir proche.
Hephzibah Oluwadare, 15 ans :

Elle fait partie de ces talents précoces qui cartonnaient déjà chez les 10-12 ans. Deux titres Juniors à son actif (le premier en 2020), une demi-finale à Istanbul en 2022, où elle chute face à Alina Korneeva, avant cela une finale à Aldershot, où elle bat Mingge Xu avant de perdre contre Isabelle Lacy, puis une victoire contre Sayaki Ishii au premier tour de l'Orange Bowl, et enfin, cette année, une finale à Santo Domingo (J300). De l'envie, de l'explosivité, cette joueuse au petit gabarit n'en manque pas. Nul doute qu'elle saura s'en servir pour continuer à progresser.